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Michée 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Michée 4

Le salut messianique (chapitres 4 et 5)

Cette partie centrale du livre de Michée renferme deux discours qui développent parallèlement la même pensée fondamentale : Le salut est assuré à Sion par les promesses de Dieu, mais il ne sera réalisé qu’à la suite de profondes humiliations. Le second discours met en relief la personne du Libérateur qui sera l’auteur du relèvement d’Israël. Chacun de ces discours est composé de deux strophes, dont l’une peint la gloire finale et l’autre les angoisses à travers lesquelles Israël y parviendra.

  • Première strophe : la gloire de Jérusalem, comme centre du royaume de Dieu dans les derniers temps, versets 1 à 7
  • Deuxième strophe : les angoisses et l’exil inévitable dont cette gloire sera précédée, versets 8 à 14
  • Première strophe : la restauration du peuple de Dieu sous le sceptre du Messie, versets 1 à 8
  • Deuxième strophe : le jugement de tout ce qui, en Israël s’oppose à Dieu et doit disparaître avant la gloire, versets 9 à 14
1 Il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie au sommet des montagnes et qu’elle sera élevée au-dessus des collines, et les peuples y afflueront.

Ce tableau de l’avenir messianique ouvre dignement le morceau chapitres 4 et 5. Cette Sion, que le prophète vient de nous montrer totalement anéantie, il nous la décrit ici élevée à une gloire unique, devenue le centre du royaume de Dieu, vers lequel affluent tous les peuples. Cette brusque transition reflète fidèlement le caractère particulier de l’espérance des prophètes : ils ne proclament jamais avec plus d’assurance l’avenir réservé à Israël qu’en face de la ruine imminente et nécessaire qu’il doit subir. Le jugement ne saurait être le dernier mot de l’Éternel envers son peuple. Le terme est la glorification finale d’Israël. Mais ce qui distingue les vrais prophètes des faux, qui ne cherchent qu’à flatter le peuple et les grands, c’est qu’ils ne cessent de rappeler le jugement purificateur de l’exil, qui est le chemin par lequel Israël arrivera enfin à son but glorieux.

Versets 1 à 4 — La gloire de la maison de l’Éternel aux derniers temps

Cette description se retrouve, avec quelques différences (la plus importante se trouve au verset 4, qui appartient en propre à Michée), dans le livre d’Ésaïe (Ésaïe 2.2-4). Comme nous l’avons dit dans l’explication d’Ésaïe, il ne nous paraît pas possible que l’un des deux prophètes ait emprunté ce tableau à l’autre et nous admettons que tous deux l’ont tiré d’un oracle plus ancien, que nous serions tentés, avec plusieurs interprètes d’attribuer au prophète Joël. Comparez pour l’explication de ces versets celle du passage correspondant d’Ésaïe.

Le prophète franchit d’un bond l’intervalle qui sépare la ruine de Sion (Michée 3.12) de son rétablissement final.

La fin des jours désigne l’époque de l’accomplissement définitif des promesses de Dieu, c’est-à-dire les temps messianiques, que dans la perspective prophétique, chaque voyant contemple au terme de la période de l’histoire à laquelle il appartient.

La montagne de la maison de l’Éternel : Sion, comme l’Ancien Testament nomme habituellement la résidence de Jéhova. Il ne paraît pas, en effet, que Sion et la colline du temple, appelée quelquefois Morija, fussent deux localités différentes, comme l’a voulu la tradition jusqu’à nos jours. D’après elle, Sion aurait été la colline occidentale de Jérusalem, Morija la colline orientale. Les études récentes tendent plutôt à identifier Sion avec la colline du temple.

Il est de toute évidence que l’élévation promise ici à cette montagne n’est pas de nature matérielle, mais morale et spirituelle. Comparez les mots du verset 2 : Car de Sion sortira la loi…, qui sont destinés à expliquer l’affluence des peuples en Sion. Le privilège d’Israël est de posséder la révélation de Jéhova et de sa volonté sainte ; c’est par là qu’il devient le foyer de lumière et d’attraction pour tous les peuples. Le concours des nations païennes en Sion ne signifie pas autre chose que l’élévation de la religion israélite au rang de religion universelle. L’élévation extérieure n’est que le symbole de cette domination spirituelle.

2 De nombreuses nations viendront et diront : Venez et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob ; il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ! Car de Sion sortira la loi, et la parole de l’Éternel de Jérusalem.

Par cette révélation, Sion est devenue la montagne (moralement) la plus haute de toute la terre : dans l’image qu’emploie le prophète, les peuples voient de loin la maison de l’Éternel élevée au sommet de cette montagne et ils se dirigent vers elle des lieux les plus divers. C’est le besoin de salut qui les amène, non par contrainte, mais librement. Comparez Jean 4.22. Remarquez qu’il n’est pas question ici de sacrifices, mais seulement de révélation et d’enseignement.

La fin du verset : Car de Sion sortira n’appartient plus au discours des peuples ; ces mots sont ajoutés par le prophète lui-même pour expliquer leur empressement.

La loi (thora) proprement : l’enseignement, la révélation de la volonté divine.

3 Il sera l’arbitre de peuples nombreux et le juge de nations puissantes et lointaines ; ils forgeront leurs épées en socs de charrues et leurs lances en serpettes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre l’autre, et on n’apprendra plus la guerre.

Le fruit de cet enseignement : ils se laisseront juger par Jéhova, dont ils acceptent la loi ; il sera leur arbitre suprême. Leurs querelles ne se videront plus par les armes, mais seront soumises à sa décision. La guerre cessera donc d’elle-même, la paix universelle sera réalisée, non seulement pour le peuple de Dieu mais pour tous les peuples (Zacharie 9.10). Ainsi s’accomplira une transformation opposée à celle que décrivait Joël 3.9 et suivants, lorsqu’il montrait les peuples s’assemblant pour combattre le royaume de Dieu et changeant leurs instruments aratoires en armes de guerre. Ces deux intuitions prophétiques ne sont point contradictoires : le jugement des peuples et leur conversion ont l’un et l’autre leur place dans l’histoire du règne de Dieu.

4 Ils habiteront chacun sous sa vigne et sous son figuier, sans que personne les trouble ; car la bouche de l’Éternel des armées a parlé.

Ce verset manque dans le tableau correspondant d’Ésaïe. Dans cette ère de paix universelle, le peuple de Dieu ne sera plus, comme jusqu’ici, la victime de l’hostilité des puissantes nations païennes : chacun pourra goûter les bienfaits de la paix. Comparez la description du règne de paix fondé par le Messie, Ésaïe chapitres 9 et 11 et les aspirations (faut-il dire : les pressentiments ?) qui se font jour chez les poètes païens eux-mêmes au temps de Jésus-Christ (par exemple Virgile, Epilogue IV).

Être assis sous sa vigne et sous son figuier, expression proverbiale désignant un état de paix et de prospérité parfaites. Comparez Zacharie 3.10. Israël avait eu déjà un avant-goût de cet état sous le règne de Salomon (1 Rois 4.25).

Sans que personne les trouble. L’image est celle d’une troupe d’oiseaux qui se dispersent effrayés au moindre bruit (Lévitique 26.6).

Les derniers mots du verset indiquent probablement que les paroles qui précèdent sont la reproduction d’un oracle antérieur. Comparez Ésaïe 1.20 ; Ésaïe 16.13. En rappelant que la bouche de Dieu l’a déclaré ainsi, le prophète donne du salut final d’Israël la plus infaillible des garanties : la parole et la puissance du Dieu vivant.

5 Car tous les peuples marchent chacun au nom de son dieu ; et nous, nous marchons au nom de l’Éternel notre Dieu, à toujours et à perpétuité !

Ce verset est destiné à confirmer les promesses des versets 2 à 4 : les dieux des peuples sont néant ; ils ne peuvent donc rien contre le peuple qui marche au nom de l’Éternel, c’est-à-dire dans la force du Dieu vivant. Celui qui marche en ce nom, subsiste éternellement. Comparez 1 Samuel 17.45 ; Zacharie 10.12.

6 En ce jour-là, dit l’Éternel, je recueillerai celles qui boitent, je rassemblerai les dispersées et celles auxquelles j’avais fait du mal.

Celles qui boitent, les dispersées…. Il y a en hébreu le participe singulier féminin : celle qui boite, qui est dispersée, éloignée. Ce participe est ici un collectif, comme cela résulte des verbes mêmes recueillirai…, rassemblerai. de même que les termes nation puissante, …régnera sur eux… (verset 7) montrent que nous avons donc été fidèles au sens en traduisant par le pluriel. Les images se rapportent à un troupeau de brebis (comparez Michée 2.12). L’Éternel a blessé, fait du mal, dispersé les brebis, c’est-à-dire châtié rudement et jeté en exil son peuple ; maintenant, il veut le guérir, c’est-à-dire lui pardonner et le rétablir.

7 Et je ferai de celles qui boitent un reste qui subsistera, et de celles qui sont éloignées une nation puissante. Et l’Éternel régnera sur eux, en la montagne de Sion, dès lors et à toujours.

Un reste qui subsistera. Nous ne croyons pas pouvoir rendre mieux l’expression hébraïque, qui accentue ici non l’idée de petitesse, mais celle de persistance au travers de l’épreuve.

Et l’Éternel régnera sur eux… De l’image, le prophète passe à la réalité. Comparez Abdias 1.21.

Dès lors. Le point de départ de ce dès lors est le moment de l’apparition du Messie, en qui Dieu viendra pour délivrer son peuple et y établir son règne à toujours (voir Michée 5.1-3). Le prophète contemple ce moment comme déjà présent.

8 Et toi, tour du troupeau, colline de la fille de Sion, elle viendra jusqu’à toi, elle te reviendra, la domination première, la royauté de la fille de Jérusalem.

Des gloires de l’avenir qu’il vient de décrire, le regard du prophète revient au présent, pour s’arrêter avec le calme de la foi sur l’époque de souffrances et d’angoisses qui sépare encore le présent de ce brillant avenir.

Ce verset 8 doit être rattaché à ce qui suit, plutôt qu’à la strophe précédente ; c’est ce que prouvent, d’une part, les images qu’il renferme et qui ouvrent un nouvel ordre d’idées développé ensuite, et, de l’autre, le discours directement adressé à Sion dès le verset 8 jusqu’au verset 14. Dans ce premier verset de la seconde strophe, Michée renouvelle la promesse, pour établir un contraste d’autant plus saisissant avec les angoisses dont son accomplissement sera précédé. Mais il ajoute à cette promesse un trait nouveau : le rétablissement à Jérusalem, au sein d’Israël redevenu une puissante nation (verset 7), de la royauté davidique, anéantie par la destruction de la ville sainte (Michée 3.12) ; c’est par cette restauration que se réalisera le règne de Jéhova sur la montagne de Sion qu’annonçait le verset précédent.

Tour du troupeau. Cette tour doit être cherchée à Jérusalem, car elle est évidemment située dans la localité nommée la colline de la fille de Sion. Or, la fille de Sion étant la ville de Jérusalem ou sa population personnifiée, cette colline ne peut être que la montagne de Sion (verset 1 à 7). Il s’agit donc d’une tour située sur Sion, probablement de la tour principale de la citadelle royale, voisine du, palais et appelée tour de David, parce que, sans doute, elle avait été construite ou reconstruite par ce roi, qui l’avait ornée des boucliers de ses héros (Cantique 4.4 ; Néhémie 3.25). C’est vraisemblablement la même qui est appelée dans Ésaïe simplement la Tour (Ésaïe 32.14) ; ce passage la place dans le voisinage d’Ophel, localité qui formait l’extrémité méridionale de la colline de Sion ou du temple. Cette tour, qui dominait tout le pays environnant, est le symbole de la domination que la famille de David exerce d’ici sur le peuple entier. C’est là aussi que la royauté de la fille de Sion se relèvera dans son ancien éclat ; sa citadelle deviendra la résidence du nouveau David. Ce nom de tour du troupeau ne se retrouve que Genèse 35.24, dans l’histoire de Jacob ; le patriarche dresse sa tente près d’une tour de ce nom immédiatement après la mort de Rachel. Cette tour était donc voisine de Bethléem et occupait peut-être le même emplacement que celle dont, parle Michée ; car la route que suivait Jacob (Genèse 35.16 ; Genèse 35.27) devait passer dans le voisinage de Jérusalem. Il y a ici une allusion évidente au récit de la Genèse. Nous trouvons de nouvelles allusions à cette même histoire aux versets 9 et 10 et au chapitre 5 (le nom d’Ephrata, deux fois répété dans le chapitre 35 de la Genèse). Le nom de tour du troupeau renferme de plus une nuance que suggérait naturellement l’histoire de David, élevé par l’Éternel de la position de berger de brebis à celle de conducteur de son peuple (2 Samuel 7.8). Il fait penser à ces tours où les bergers se tiennent en Orient pour veiller sur leur troupeau (2 Chroniques 26.10). Israël, le troupeau dispersé de Jéhova (Michée 7.11), sera réuni sous la houlette de son Roi-Messie (voyez Michée 5.3 le Messie comme berger) et à l’abri de sa citadelle royale.

Jusqu’à toi signifie : aucun obstacle ne l’empêchera de revenir à toi.

La domination première : la glorieuse royauté des temps de David et de Salomon, qui est le type accompli de la félicité des temps messianiques et qui lui a été enlevée par l’exil.

9 Pourquoi maintenant pousses-tu de tels cris ? N’y a-t-il point de roi au milieu de toi, ou ton conseiller a-t-il péri, que la douleur t’ait saisie comme celle qui enfante ?

Mais avant que s’accomplisse cette promesse (verset 8), il faut que Sion perde son roi et aille elle-même en exil. Là et là seulement, l’Éternel la délivrera de la main de ses ennemis. La promesse n’ôte donc rien ni au sérieux des menaces, ni à la réalité du châtiment. Le prophète contemple la calamité annoncée comme déjà présente : il entend les cris de détresse que pousse Sion et lui demande pourquoi ces cris : As-tu perdu ton roi, etc. ?…. Manière dramatique d’annoncer la chute de la royauté et l’exil.

N’y a-t-il point de roi… ? Il faut se rappeler que la perte de son roi était pour Israël plus douloureuse que pour tout autre peuple, à cause des magnifiques promesses attachées à sa famille royale. Comparez Lamentations 4.20.

Ton conseiller : ce terme désigne encore le roi. Comparez Ésaïe 9.5, où le Messie est présenté comme le conseiller par excellence.

Comme celle qui enfante. Les douleurs de la fille de Sion, douleurs subies pour l’enfantement d’une ère nouvelle et d’un nouveau David, sont comparées ici aux douleurs mortelles dans lesquelles Rachel enfanta Benjamin (Genèse 36.16-18).

10 Sois en travail, fille de Sion, et dans les maux, comme celle qui enfante ; car tu vas sortir de la ville et camper aux champs, et tu iras jusqu’à Babylone ; là, tu seras délivrée ; là, l’Éternel te rachètera de la main de tes ennemis !

Sois… : car cette douleur ne peut t’être épargnée.

Tu vas sortir… Le prophète abandonne l’image, pour annoncer en propres termes la catastrophe.

De la ville : de Jérusalem. Il ne s’agit pas d’une sortie ayant pour but de se rendre à l’ennemi. La ville est censée déjà prise ; ils en sortent captifs, pour être transportés au loin.

Sortir… camper… : description dramatique de la transportation.

Jusqu’à Babylone. Là seulement ils s’arrêteront. L’exil, l’éloignement de la terre à laquelle étaient attachées toutes les promesses de Dieu, est la malédiction dans laquelle se résumaient toutes celles dont la loi menaçait Israël infidèle (Lévitique 26.28). Michée est d’accord avec Ésaïe 39.6 pour désigner Babylone comme le lieu de l’exil. Il est le premier des prophètes à la nommer en cette qualité. Il ne dit pas par qui (les Chaldéens ou les Assyriens) il y sera conduit, ni quand ce jugement s’accomplira.

Là, tu seras délivrée. En dépit de l’exil, Israël ne peut périr ; l’Éternel le sauvera. Le terme rachètera indique qu’Israël aura été livré en la puissance des païens et comme vendu à eux par l’Éternel. Comparez Ésaïe 50.1-2.

11 Et maintenant, de nombreuses nations se sont rassemblées contre toi ; elles disent : Qu’elle soit profanée, et que nos yeux se repaissent de Sion !

Et maintenant. Ce mot signale, comme le maintenant du verset 9, une scène toute nouvelle qui se présente à l’œil intérieur du prophète : Sion, sauvée de la puissance de Babel, voit se rassembler autour d’elle les nations païennes (de nombreuses nations, même expression qu’aux versets 2 et 3 pour désigner le monde païen en général). Elles viennent, non pour recevoir l’enseignement de Jéhova (verset 2), mais pour combattre Sion, afin de la profaner (comparez Abdias 1.16) et de jouir de sa ruine (comparez Abdias 1.12). Le terme profaner suppose que Sion est maintenant sainte (c’est la Sion des derniers temps, purifiée par le jugement) et il indique que l’attaque que les peuples dirigent contre elle a un motif religieux : leur haine contre Jéhova ; il s’agit ici d’une grande et universelle révolte des puissances païennes contre l’Éternel, dont le règne a son siège en Sion (versets 2 et 7). Mais cette attaque aboutira à leur propre perte. Car, en se rassemblant, elles accomplissent sans le savoir le dessein de Jéhova, qui est de les réunir devant Jérusalem, pour les y frapper toutes ensemble comme on foule les herbes sur l’aire (comparez pour l’image Ésaïe 21.10). L’instrument de ce jugement des païens sera Sion elle-même que le prophète compare, verset 13, au bœuf employé à fouler de son pied le grain (selon la coutume encore aujourd’hui usitée en Orient).

12 Mais elles, elles ne connaissent pas les pensées de l’Éternel, et elles ne comprennent pas son conseil ; car il les assemble comme des gerbes sur l’aire. 13 Lève-toi et foule, fille de Sion ! Car je ferai que ta corne sera de fer et tes sabots d’airain, et tu broieras des peuples nombreux ; et je vouerai leurs gains à l’Éternel et leurs richesses au Seigneur de toute la terre.

La corne est le symbole de la force : Sion sera revêtue par l’Éternel de toute la force nécessaire pour détruire ses ennemis.

De fer… d’airain : c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus dur.

Je vouerai. Le terme hébreu signifie : consacrer comme interdit. L’interdit appartenait à Jéhova. Les gains injustes des conquérants païens, fruits du pillage, ne serviront pas à enrichir Israël, mais reviendront à l’Éternel, comme à celui qui est aussi le maître des païens (le Seigneur de toute la terre).

Il est inadmissible que l’attaque des païens contre Israël, dont il est question dans ces versets, se rapporte à la même crise que les angoisses des versets 9 et 10. Il y aurait, en effet, dans ce cas, une contradiction patente et insoluble entre le verset 10 et les versets 12 et 13. Là, Michée a clairement annoncé la captivité, par conséquent la réussite de l’entreprise des païens contre Jérusalem (comparez Michée 3.12) ; ici, il annonce non moins positivement que l’issue de l’attaque des païens contre Sion sera leur défaite totale et leur anéantissement. Quelques-uns appliquent cette prédiction à la défaite des Assyriens sous Sanchérib ; le contexte ne nous semble pas permettre de la rapporter à une époque antérieure à la captivité de Babylone qui occupe pour le prophète le tout premier plan dans la série des dispensations divines envers Israël ; il faut donc l’appliquer à un jugement plus lointain et aussi plus universel que la catastrophe de Sanchérib, qui en offre seulement un type. Il s’agit, dans tout ce passage, de la dernière lutte annoncée pour la fin des temps entre les nations et Jérusalem restaurée. Nous avons ici le parallèle des prophéties de Joël 3.9 et suivants, d’Ésaïe 66.18 et suivants, d’Ézéchiel chapitre 38, de Zacharie chapitre 12, qui tous annoncent un rassemblement final des peuples contre Israël, lequel aboutira à leur jugement. Comparez en particulier, avec l’image du grain foulé sur l’aire, dans Michée, celles de la moisson et du pressoir dans Joël 3.13. Par ce jugement, Jéhova se révèlera comme le Seigneur de toute la terre.

14 Maintenant rassemble tes troupes, fille de troupes ! On a mis le siège contre nous, on frappe de la verge sur la joue le juge d’Israël !

Le maintenant signale un nouveau changement de scène et ce qui suit montre bien que le prophète revient à l’avenir le plus prochain, les luttes qui précéderont l’exil dont il s’était écarté pour porter ses regards plus loin.

Rassemble… C’est à Sion que s’adresse cette invitation. Le terme fille de troupes désigne la nation en armes personnifiée : elle rassemble tous ses enfants en cohorte guerrière pour défendre Jérusalem assiégée. Mais cela ne lui réussira pas. Le siège finira par la prise de la ville sainte, comme le prouve le sort ignominieux infligé au juge d’Israël (au roi ; comparez Amos 2.3).