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Marc 16
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et le sabbat étant passé, Marie-Magdelaine et Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour venir l’embaumer.

La résurrection et l’ascension (chapitre 16)

Versets 1 à 8 — La visite des femmes au sépulcre

Voir, sur le récit de la résurrection Matthieu 28.1-10, notes et comparez Luc 24.1 et suivants.

Cette expression de Marc : après que le sabbat fut passé, nous reporte au samedi soir, après le coucher du soleil, à l’heure où finissait le sabbat et où la vie active reprenait (Marc 1.32).

C’est alors aussi que les femmes nommées ici (comparez Marc 15.47 et Matthieu 28.1, seconde note), achetèrent des aromates pour embaumer (ou, plus exactement, oindre) le corps du Seigneur.

Luc (Luc 23.56) indique d’une manière plus vague le moment où elles firent cet achat : mais il faut être bien avide de contradictions pour en trouver une sur ce sujet entre les deux évangélistes.

2 Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent au sépulcre, comme le soleil venait de se lever.

Encore ici, on a voulu trouver Marc en désaccord avec les autres évangélistes et avec lui-même, attendu que si le soleil était levé, ce n’était plus de grand matin !

Quant aux autres évangélistes, Matthieu dit : « à l’aube du premier jour de la semaine », Luc : « le premier jour de la semaine, de grand matin », Jean : « le premier jour de la semaine, le matin, comme il faisait encore obscur ».

Voilà toute la différence ; il suffit, pour en rendre compte, que l’un des évangélistes ait en vue le moment où les femmes sortent de leurs maisons et l’autre l’instant où elles arrivent au sépulcre.

Au lieu de s’arrêter à cette critique de mots, il vaudrait mieux observer la grande et glorieuse harmonie qu’il y a entre ce retour de la lumière du jour et la résurrection d’entre les morts de Celui qui est le soleil de justice, la lumière du monde.

3 Et elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ? 4 Et ayant levé les yeux, elles voient que la pierre avait été roulée, car elle était fort grande.

Ces mots : car elle était fort grande, motivent la question inquiète de ces femmes (verset 3) et auraient dû la suivre immédiatement, mais Marc, non moins à propos, fait cette observation sur la grandeur de la pierre au moment même où les femmes voient que déjà elle était roulée.

Touchant symbole de nos naïves inquiétudes dont Dieu a déjà ôté la raison d’être !

5 Et étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; et elles furent épouvantées.

Un jeune homme, c’est ainsi que Marc décrit l’ange, tel qu’il était apparu aux femmes. Luc et Jean racontent l’apparition de deux anges, tandis que Matthieu et Marc n’en mentionnent qu’un, sans doute parce que l’un des deux seulement adressa la parole aux femmes (comparer Luc 24.4, note).

6 Mais il leur dit : Ne vous épouvantez point ; vous cherchez Jésus le Nazaréen qui a été crucifié ; il est ressuscité ; il n’est pas ici ; voici la place où ils l’avaient mis.

Ces courtes phrases détachées, claires et simples, caractérisent la vivacité du discours et sont dignes de l’envoyé céleste qui les prononce.

7 Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre : Il vous précède en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l’a dit.

Voir, sur ce discours de l’ange, Matthieu 28.5-7, Matthieu 28.10, notes.

Marc a un trait spécial, délicat et touchant : « dites à ses disciples et à Pierre ».

Pourquoi cette faveur ? On a répondu que c’était à cause du rang supérieur assigné à Pierre parmi les apôtres. Mais ce rang, le pauvre disciple en était profondément déchu et c’est bien plutôt pour répondre aux besoins de son âme, à sa douloureuse repentance, que le Seigneur voulut qu’il reçût ainsi, par un message personnel, la consolante nouvelle de la résurrection de ce Maître qu’il avait offensé (comparer Luc 24.34 ; 1 Corinthiens 15.5).

Le dernier mot de l’ange : comme il vous l’a dit, fait allusion à la parole par laquelle Jésus (Marc 14.28) avait donné rendez-vous à ses disciples en Galilée.

Ce passage montre que Marc comme Matthieu, avait l’intention de rapporter exclusivement les apparitions de Jésus ressuscité en Galilée et non celles qui eurent lieu en Judée (Matthieu 28.10, note).

Et cependant les versets qui suivent renferment de courtes indications des unes et des autres. Ce n’est donc pas sans raison qu’on a vu là un indice de l’inauthenticité du fragment qui termine son évangile (versets 9-20).

8 Et étant sorties, elles s’enfuirent du sépulcre ; car le tremblement et l’effroi les avaient saisies. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

S’il fallait entendre d’une manière absolue ce silence des femmes, retenues par la peur, Marc serait en contradiction manifeste avec Matthieu et Luc ; elles se turent, veut-il dire, aussi longtemps que l’effroi les empêcha de croire elles-mêmes la bonne nouvelle qu’elles avaient à annoncer ; mais bientôt après, rassurées par la réflexion, elles s’acquittèrent de leur message.

9 Or, étant ressuscité le premier jour de la semaine, au matin, il apparut premièrement à Marie-Magdelaine, de laquelle il avait chassé sept démons ’.

Marie-Magdelaine

Jésus ressuscité apparaît d’abord à Marie-Magdelaine, qui s’en va l’annoncer aux disciples ; mais eux ne la croient point (9-11).

Les disciples d’Emmaüs

Il se manifeste ensuite à deux disciples en chemin pour aller à la campagne et qui reviennent pour l’annoncer aux autres (12. 13).

Les onze

Enfin il apparaît aux onze apôtres, auxquels il fait des reproches de n’avoir pas cru (14).

Instructions de Jésus

Alors il leur donne cet ordre : Allez par tout le monde annoncer l’Évangile. Tous ceux qui croiront seront sauvés et votre prédication sera accompagnée de divers signes miraculeux (15-18).

L’ascension

Après avoir ainsi parlé, le Seigneur est élevé au ciel. Et les apôtres s’en vont annoncer la bonne nouvelle, tandis que le Seigneur lui-même confirme leur parole par des actes de sa puissance (19, 20).

Les versets qui suivent (versets 9-20) ne paraissent pas avoir fait partie de l’Évangile de Marc qui, à l’origine, s’arrêtait inachevé à la fin du verset 8.

Les critiques les plus dignes de confiance n’en admettent pas l’authenticité. Leurs raisons, dont voici les principales, sont du plus grand poids.

  1. Cette fin de l’Évangile manque dans Codex Sinaiticus et dans B, ainsi que dans quelques versions.
  2. Un manuscrit du huitième siècle et plusieurs versions latines ont une courte conclusion de l’évangile, tout autre que celle qui nous a été conservée ici.
  3. Dans une trentaine de manuscrits de l’Évangile de Marc, en lettres cursives, se trouvent des remarques indiquant que les plus anciens documents s’arrêtaient à notre verset 8.
  4. Plusieurs Pères de l’Église, entre autres Eusèbe et Jérôme, déclarent positivement que cette fin de notre Évangile n’était pas renfermée dans les plus anciennes copies.
Les manuscrits exacts, dit Eusèbe, terminent le récit de Marc aux paroles du jeune homme qui apparut aux femmes et leur dit : Ne vous effrayez point, jusqu’aux mots : car elles avaient peur. Ce qui suit se trouve dans quelques rares copies.
La fin de l’Évangile de Marc se trouve dans fort peu de manuscrits ; presque tous les exemplaires grecs ne la contiennent pas.
— Ainsi parle Jérôme

Outre ces témoignages si convaincants, un examen attentif de notre fragment conduit à la même conclusion. On n’y retrouve ni le style de Marc ni sa manière pittoresque et détaillée de raconter. Il ne renferme que quelques faits isolés, à peine indiqués et évidemment empruntes aux autres évangiles, ainsi que nous le ferons remarquer dans les notes.

Cependant, si ce morceau n’est pas de Marc, il est certain qu’il remonte à une haute antiquité ; car le plus grand nombre des versions et des manuscrits le renferment et il était déjà connu d’Irénée, qui en cite un passage. Par ces raisons, plusieurs théologiens de nos jours persistent à attribuer à Marc cette de son évangile. Il est plus probable que, peu après le temps des apôtres, une main pieuse voulut achever le récit de Marc et pour cela, consigner ici les principales apparitions de Jésus-Christ ressuscité et son ascension (voir les notes critiques de Tischendorf et le Nouveau Testament de Rilliet, à la fin de Marc).

La simple lecture de ce verset fait sentir que c’est ici le commencement d’un écrit nouveau et non la continuation du récit de Marc par Marc lui-même. Celui-ci aurait-il répété ainsi l’indication du jour et du moment de la résurrection de Jésus après l’avoir racontée ? (comparer versets 1 et 2) Puis n’aurait-il pas rapporté l’apparition de Jésus à Marie, de manière à faire suite au verset 8, ce qui n’est point le cas ici ?

Du reste, cette apparition, admirablement racontée par Jean (Jean 20.11 et suivants), est simplement rappelée ici. La mention des sept démons dont Jésus avait délivré Marie de Magdala est un souvenir de l’Évangile de Luc (Luc 8.2).

10 Celle-ci s’en alla et l’annonça à ceux qui avaient été avec lui, et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.

Ce message attribué à Marie est tout à fait en harmonie avec les autres évangiles (Luc 24.10 et surtout Jean 20.18), mais beaucoup moins avec celui de Marc lui-même (verset 8).

Ceux qui avaient été avec lui, expression étrangère à Marc et qui désigne les disciples de Jésus en général. Les apôtres sont appelés les onze (verset 14).

On comprend trop bien quelle était la cause de ce deuil et de ces larmes où étaient plongés les disciples !

11 Et eux, ayant ouï qu’il était vivant et qu’il avait été vu par elle, ne crurent point.

Comparer Luc 24.11 où ce doute des disciples est exprimé en termes plus forts encore.

12 Mais après cela, il se manifesta sous une autre forme à deux d’entre eux, qui étaient en chemin, allant aux champs.

Simple résumé du beau récit de Luc (Luc 24.13 et suivants).

Cet évangéliste rapporte que les deux disciples ne reconnurent pas Jésus, « parce que leurs yeux étaient retenus » (verset 16). Il y avait sûrement une autre cause encore de ce fait extraordinaire : c’est qu’un changement s’était produit dans l’aspect de Jésus (comparer Jean 20.14 et surtout verset 19).

Telle est sans doute l’idée vraie, ici exprimée par un terme peu exact : il se manifesta sous une autre forme.

13 Et ceux-ci s’en étant retournés, l’annoncèrent aux autres ; mais ils ne crurent pas ceux-là non plus.

D’après Luc (Luc 24.33 et suivants), les deux voyageurs annoncent avec enthousiasme comment ils ont vu le Seigneur et comment il a été reconnu par eux au moment où il rompait le pain.

Les apôtres, de leur côté, s’écrient : « Le Seigneur est véritablement ressuscité et il est apparu à Simon ».

On a donc trouvé une contradiction entre ces paroles et celles-ci : ils ne crurent pas ceux-là non plus, c’est-à-dire pas plus qu’ils n’avaient cru Marie-Magdelaine (verset 11)

Mais si l’on continue à lire le récit de Luc, on trouvera (Luc 24.41) qu’au moment où Jésus apparut au milieu d’eux, les disciples dans leur trouble et à cause de leur joie même, ne croyaient point encore.

14 Enfin, il se manifesta aux onze eux-mêmes, comme ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

Il s’agit ici de la première apparition de Jésus au milieu de ses disciples (Luc 24.36 ; Jean 20.19).

Les deux récits que nous venons de citer ne parlent pas proprement d’un repas.

Dans Luc Luc 24.41, il est dit que Jésus demanda quelque chose à manger et que les disciples lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. C’est ce qui a amené l’auteur à penser qu’ils étaient à table au moment où Jésus leur apparut.

Ces reproches de Jésus ressuscité à ses disciples sont assez fréquents dans les évangiles ; il est probable que notre auteur les résume tous en ces quelques mots (Luc 24.25 et suivants ; Luc 24.38 et suivants ; Jean 20.27 et suivants).

15 Et il leur dit : Allez dans tout le monde, prêchez l’Évangile à toute créature.

Ce verset résume de même brièvement les derniers ordres de Jésus aux apôtres (Matthieu 28.19-20 ; Luc 24.45 et suivants ; Jean 20.21 et suivants).

Toute créature (grec toute la création) a ici le même sens que tout le monde, ou que le terme de Matthieu « toutes les nations », c’est-à-dire toute l’humanité pécheresse à laquelle Dieu destine les trésors de sa grâce.

16 Celui qui croira, et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui n’aura pas cru, sera condamné.

La foi, condition du salut ; l’incrédulité, cause de la condamnation, tel est le grand principe de tout l’Évangile dans son application à l’homme (Jean 3.36).

Si notre auteur ajoute à la foi le baptême, c’est que cette parole remplace l’ordre de baptiser que rapporte Matthieu (Matthieu 28.19).

Ce symbole ne contribuera cependant au salut que pour autant qu’il sera administré à celui qui croira.

17 Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront des langues nouvelles ; 18 ils saisiront des serpents ; quand même ils boiraient quelque breuvage mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux malades, et ils seront guéris.

L’énumération de ces signes ou dons des miracles, promis à ceux qui auront cru, ne se trouve point ailleurs dans les discours de Jésus.

Plusieurs de ces prodiges paraissent même étrangers à la sobriété qui distingue les évangiles. Rien ne le prouve mieux que la nécessité où se trouvent certains exégètes d’expliquer dans un sens spirituel ces dons qu’ils ne peuvent entendre à la lettre.

Chasser les démons fut un pouvoir réellement exercé quelquefois par les apôtres ; (Actes 16.18) Jésus le leur avait positivement conféré (Matthieu 10.1 et ailleurs).

Parler des langues nouvelles, c’est parler des langues non apprises d’une manière naturelle. Il ne s’agit donc point du don de parler en langues dans un état d’extase (Actes 2.4, seconde note ; 1 Corinthiens 12.10 ; 1 Corinthiens 12.28-30 ; 1 Corinthiens 14.1 et suivants).

Saisir des serpents peut être une répétition de la promesse de Jésus : Luc 10.19, qui s’est accomplie pour Paul à Malte ; (Actes 28.3) à moins qu’on ne préfère donner à ces paroles un sens figuré : Jésus aurait conféré aux siens le pouvoir de braver tous les dangers.

La faculté de prendre un breuvage mortel sans en éprouver aucun mal peut de même s’entendre dans les deux sens.

Le don de guérir des malades a été souvent exercé par les apôtres (Actes 3.7 ; Actes 28.8).

19 Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé dans le ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.

Comme tous les faits contenus dans ce fragment, l’ascension de Jésus-Christ est rappelée en deux mots, d’où l’on pourrait conclure qu’elle eut lieu immédiatement après ce discours, le jour même de la résurrection (voir Luc 24.50 et suivants, notes ; Actes 1.1-9, notes).

20 Et eux, étant partis, prêchèrent partout ; le Seigneur opérant avec eux et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient.

Ici encore, toute l’activité missionnaire des apôtres est exprimée par ce mot : ils prêchèrent partout.

Puis notre fragment se termine par cette remarque que le Seigneur opérait avec eux, par son Saint-Esprit de lumière et de vie et par les signes ou miracles qui accompagnaient leur parole.

Ce fragment peut donc se lire à la suite de l’Évangile de Marc resté inachevé, comme un résumé antique et précieux de faits rapportés en détail par les autres récits évangéliques.