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Josué 7
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et les fils d’Israël commirent une infidélité au sujet de l’interdit : Acan, fils de Carmi, fils de Zabdi, fils de Zérach, de la tribu de Juda, prit de l’interdit, et la colère de l’Éternel s’alluma contre les fils d’Israël.

Le crime

Et les fils d’Israël commirent une infidélité. Le crime d’Acan est imputé à tout Israël qui en porte aussitôt la peine. Cette solidarité dans la responsabilité de la faute commise repose sur la nature de la consécration du peuple à Dieu dans l’ancienne économie. Cette consécration n’était pas encore cet acte individuel qui caractérise l’entrée dans la nouvelle alliance. C’était une consécration collective, nationale et par conséquent de nature extérieure, reposant sur certains actes obligatoires et communs à tous, tels que la circoncision, la participation à la Pâque, etc. Une consécration collective, comme celle-là, pouvait donc être profanée et détruite par la faute d’un seul d’entre ceux qui y avaient participé. Une pareille relation ne pouvait naturellement appartenir qu’à l’époque pédagogique durant laquelle Dieu travaillait à former graduellement le caractère moral de son peuple, et cela, par des moyens éducatifs dont nous avons parfois quelque peine à nous rendre compte. Dès les premiers jours de l’Église, nous rencontrons un fait qui a une certaine analogie avec celui qui nous occupe ; c’est l’infidélité d’Ananias et de Saphira (Actes chapitre 5) ; mais ici les deux coupables sont seuls à porter la peine de la faute commise et la prospérité spirituelle de l’Église n’en est nullement, compromise. C’est qu’il s’agit ici du sort éternel des âmes, à l’égard duquel la responsabilité est individuelle, tandis que dans l’ancienne alliance, où tout n’est encore que provisoire, soit la faute, soit le châtiment, il pouvait y avoir solidarité. Voir par exemple le péché de Jonathan, qu’il a commis inconsciemment et dont cependant lui et le peuple sont rendus responsables. Un serment qui liait le peuple (1 Samuel 14.24) a été violé ; cela suffit pour qu’une atteinte soit portée à sa consécration (ibidem verset 37).

Au sujet de l’interdit : voir Lévitique 27.21, Lévitique 27.28-29, notes.

Acan : dans 1 Chroniques 2.7, Acar, peut-être par allusion à notre verset 25.

Zabdi : d’après 1 Chroniques 2.6, Zimri, par une faute d’orthographe.

Zérach, frère jumeau de Pérets (Genèse 38.29).

Et la colère de l’Éternel s’alluma. Dès ce moment elle ne peut plus être éteinte que par la destruction de celui qui l’a provoquée et dont le supplice doit ainsi servir à réveiller la vigilance du peuple et sa sévérité envers lui-même.

2 Et Josué envoya de Jéricho des hommes vers Aï, près de Beth-Aven, qui est à l’orient de Béthel, en leur disant : Montez et reconnaissez le pays. Et ces hommes montèrent et reconnurent Aï.

Échec devant Aï (2-5)

Aï était située à quatre heures environ au nord-ouest de Jéricho, sur le plateau. On y parvenait en remontant le Wadi Madja, une des nombreuses vallées transversales qui descendent des monts de Benjamin et d’Éphraïm vers la plaine du Jourdain. Le nom de Aï signifie : monceau de pierres. On a trouvé un peu au sud de Béthel un village du nom de Tell-el-Hadjar, nom qui signifie en arabe : colline du monceau de pierres. Des tombes, de grands réservoirs, de nombreuses citernes creusées dans le roc montrent, d’après Harper, qu’il y a eu là une assez forte population. Comme cette ville n’avait guère que douze mille habitants (Josué 8.25), un simple détachement, dans des circonstances ordinaires, devait suffire pour la réduire.

3 Et ils s’en retournèrent auprès de Josué et lui dirent : Que le peuple n’y monte pas tout entier ; qu’environ deux ou trois mille hommes y montent, et ils battront Aï. Ne donne point cette fatigue à tout le peuple, car ils sont peu nombreux.

Ce conseil des espions a un caractère de présomption et de légèreté et le consentement de Josué, qui ne consulte point l’Éternel, n’est peut-être pas non plus exempt de toute culpabilité. Ces circonstances contribuèrent à occasionner la défaite par laquelle le crime d’Acan devait être découvert.

4 Et environ trois mille hommes d’entre le peuple y montèrent, et ils s’enfuirent devant les hommes d’Aï, 5 et les hommes d’Aï leur tuèrent environ trente-six hommes et les poursuivirent devant la porte jusqu’à Sébarim et les battirent dans la descente, et le cœur du peuple se fondit et devint comme de l’eau.

Le mot Sébarim désigne soit des carrières, soit des précipices ou des éboulements dans la vallée.

6 Et Josué déchira ses vêtements et se jeta le visage contre terre devant l’arche de l’Éternel jusqu’au soir, lui et les Anciens d’Israël, et ils jetèrent de la poussière sur leur tête.

Prière de Josué et réponse de l’Éternel (6-15)

Déchira ses vêtements. On s’est moqué de cette grande émotion du peuple et de Josué pour la perte de trente-six hommes sur six cent mille. L’on n’a pas compris que ce n’était pas cette perte, peu considérable en elle-même, qui causait une pareille consternation, mais la signification qu’elle avait pour le peuple et ses chefs en leur montrant que l’Éternel n’était plus avec eux. Il semblait qu’après la prise de Jéricho. le peuple allait marcher d’une manière non interrompue de victoire en victoire et voilà qu’au premier pas il est arrêté par une défaite.

7 Et Josué dit : Ah ! Seigneur Éternel, pourquoi as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, afin de nous livrer aux mains des Amorrhéens pour nous perdre ? Si seulement nous avions su rester au-delà du Jourdain !

Il y a dans la prière de Josué comme un ton de reproche : Dieu commence-t-il donc à manquer à sa promesse ? Mais c’est ainsi que tous les serviteurs de Dieu parlent avec lui, sur le pied d’une sainte familiarité. Ignorant ce qui s’est passé, Josué demande la lumière sur un fait qui lui paraît contraire aux promesses de Dieu.

Si seulement nous avions su rester… Littéralement : Plût à Dieu que nous eussions été contents de demeurer… ! Josué semble attribuer ce malheur à un excès d’ambition favorisé par les promesses divines.

8 Je te prie, Seigneur, que dirai-je, après qu’Israël a tourné le dos devant ses ennemis ? 9 Les Cananéens et tous les habitants du pays l’apprendront, ils nous envelopperont et feront disparaître notre nom de la terre, et que feras-tu pour ton grand nom ? 10 Et l’Éternel dit à Josué : Lève-toi ! Pourquoi t’es-tu ainsi jeté sur ta face ?

Lève-toi ! Pourquoi te désespérer ? Il faut agir. Ce n’est pas moi qui suis infidèle, c’est Israël !

11 Israël a péché, et même ils ont transgressé mon alliance que je leur ai prescrit d’observer, et même ils ont pris de l’interdit, et même ils ont dérobé, et même ils ont menti, et même ils l’ont mis dans leurs bagages.

Ces et même successifs signalent l’accumulation de fautes réunies dans l’acte commis.

12 Et les fils d’Israël ne pourront tenir devant leurs ennemis ; ils tourneront le dos à leurs ennemis, car ils sont devenus interdit. Je ne continuerai pas à être avec vous, si vous ne détruisez l’interdit du milieu de vous. 13 Lève-toi, sanctifie le peuple, et dis : Sanctifiez-vous pour demain. Car ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Il y a un interdit au milieu de toi, Israël ! Tu ne pourras point tenir devant tes ennemis jusqu’à ce que vous ayez ôté l’interdit du milieu de vous.

Se sanctifier (Josué 3.5), c’est, dans le cas particulier, séparer sa cause de celle du coupable par les sentiments et les actes d’une sincère humiliation. Quant au coupable, il semble que l’accomplissement de cet ordre ne pouvait que le conduire directement à l’aveu de sa faute.

14 Et vous vous approcherez le matin par tribus, et la tribu que l’Éternel aura saisie s’approchera par familles, et la famille que l’Éternel aura saisie s’approchera par maisons, et la maison que l’Éternel aura saisie s’approchera par individus.

Que l’Éternel aura saisie. Le sort est envisagé comme obéissant à la direction de la toute-science divine. Dieu eût pu désigner d’emblée le coupable, mais il veut laisser à chaque Israélite le soin de s’examiner lui-même et peut-être au coupable le temps de se déclarer.

Par tribus… Comme la tribu est la subdivision du peuple, la famille est celle de la tribu et la maison celle de la famille.

15 Et celui qui sera saisi comme ayant interdit sera brûlé, lui et tout ce qui est à lui, parce qu’il a transgressé l’alliance de l’Éternel et qu’il a commis une chose infâme en Israël.

Sera brûlé : après avoir été lapidé.

16 Et le lendemain matin, Josué fit approcher Israël par tribus, et la tribu de Juda fut saisie. 17 Et il fit approcher les familles de Juda, et la famille de Zérach fut saisie ; et il fit approcher les familles de Zérach par individus, et Zabdi fut saisi. 18 Et il fit approcher la maison de celui-ci par individus, et Acan, fils de Carmi, fils de Zabdi, fils de Zérach, de la tribu de Juda, fut saisi. 19 Et Josué dit à Acan : Mon fils, donne gloire, je te prie, à l’Éternel, le Dieu d’Israël, et lui rends hommage, et avoue-moi ce que tu as fait : ne me le cache point.

Mon fils. La vue d’Acan, atterré par ce qui vient de se passer, remplit le cœur de Josué de commisération.

Donne gloire, je te prie, à l’Éternel (Jean 9.24). Donner gloire à Dieu, c’est dans ce cas reconnaître par la confession de sa faute que Dieu a dit vrai par le moyen du sort.

20 Et Acan répondit à Josué et lui dit : C’est la vérité ! C’est moi qui ai péché contre l’Éternel, le Dieu d’Israël, et voici tout ce que j’ai fait.

J’ai péché : aveu malheureusement trop tardif.

21 J’ai vu dans le butin une belle robe de Sinéar, et deux cents sicles d’argent, et un lingot d’or du poids de cinquante sicles, et je les ai convoités et je les ai pris ; et voici, ils sont cachés dans la terre au milieu de ma tente, et l’argent est dessous.

Sinéar. La plaine de Sinéar ou de Babylone était célèbre pour les vêtements magnifiques qu’elle livrait au commerce. Les productions de l’art et de l’industrie de l’Orient arrivaient en Palestine et jusque sur les rives de la Méditerranée par les caravanes (Genèse 37.25) qui se rendaient en Égypte ; on comprend donc qu’un vêtement aussi précieux ait pu se trouver dans le butin d’une ville cananéenne. D’après Josèphe, c’était une cotte d’armes tissée d’or, appartenant au roi de Jéricho.

Deux cents sicles d’argent. Voir Genèse 23.10-15, note. Pour le sicle d’or, voir Genèse 24.22, note.

22 Et Josué envoya des messagers qui coururent à la tente, et voici, les objets étaient cachés dans la tente et l’argent était dessous.

Des messagers qui coururent. Ils étaient sous le coup de cette menace : Je ne serai pas avec vous aussi longtemps que vous aurez le corps du délit au milieu de vous.

23 Et ils les prirent du milieu de la tente et les apportèrent à Josué et à tous les fils d’Israël, et les déposèrent devant l’Éternel.

Devant l’Éternel : devant le sanctuaire (verset 6), comme pour les mettre à la disposition de Dieu. Dieu ne reçoit point, ces objets dans son trésor ; il les livre à la destruction, sans faire la distinction autorisée Josué 6.19.

24 Et Josué et tout Israël avec lui prirent Acan, fils de Zérach, et l’argent, et la robe, et le lingot d’or, et ses fils, et ses filles, et ses bœufs, et ses ânes, et ses brebis, et sa tente, et tout ce qui était à lui, et ils les firent monter dans la vallée d’Acor.

Josué et tout Israël. Le péché avait été national ; il fallait que le châtiment infligé au coupable revêtit le même caractère. En participant activement à la mort, du coupable, le peuple repoussait toute participation à sa faute.

Toute la famille d’Acan périt. La loi défendait, il est vrai, de mettre à mort les enfants pour les péchés de leurs pères (Deutéronome 24.16) ; mais c’était là une règle pour les tribunaux humains et en cas de crimes ordinaires. Dans ce cas tout spécial Dieu pouvait en ordonner autrement. Comme en effet le peuple tout entier avait été enveloppé dans la solidarité de la faute, de même toute la famille du coupable est impliquée ici dans la communauté du châtiment. Nous rappelons ce que nous venons de dire du caractère pédagogique de l’ancienne alliance, d’après lequel l’horreur du crime devait être inculquée par la destruction de tout ce qui y avait participé directement ou indirectement. Cette peine de mort n’impliquait point pour les coupables la perdition éternelle.

Vallée d’Acor (trouble) : ainsi désignée par anticipation. Cette vallée, d’après Josué 15.7, formait une partie de la frontière nord de Juda. C’est donc au sud de Jéricho qu’il faut la chercher ; de plus, comme il est parlé de montée, il faut y voir une de ces vallées par lesquelles on monte sur le plateau depuis Jéricho. Voir Ésaïe 65.10, note.

25 Et Josué dit : Pourquoi nous as-tu troublés ? Que l’Éternel te trouble aujourd’hui !
Et tout Israël le lapida, et on les brûla et on les tua à coups de pierres.

On lapida les vivants, puis on brûla les cadavres, et, en signe d’horreur de leur crime, on chargea leurs cendres d’un amas de pierres.

26 Et ils élevèrent sur lui un grand tas de pierres [qui a subsisté] jusqu’à ce jour. Et l’Éternel revint de l’ardeur de sa colère. C’est pourquoi on a appelé jusqu’à ce jour ce lieu la vallée d’Acor.

Un grand tas de pierres. Aujourd’hui encore, en Orient, on a l’habitude de couvrir de pierres la tombe des malfaiteurs pour que chaque regard jeté sur ce monticule inspire l’effroi du crime (2 Samuel 18.17).