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Job 9
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Job 9

Réponse de Job à Bildad (chapitres 9 et 10)

Cette réponse s’adresse aussi à Éliphaz, dont le point de vue n’a pas encore été examiné en face. Oui, certes, Dieu est juste ; c’est là un axiome que Job ne veut pas contester. D’autre part, il ne peut avouer des fautes qu’il n’a pas commises, et, puisque ses malheurs prouvent que Dieu le tient pour coupable il faut que la justice de Dieu soit d’une autre nature que la vertu que l’homme appelle de ce nom. C’est le droit du plus fort. Dieu fait ce qu’il veut et a toujours raison ; l’homme est impuissant.

Voilà à quelles pensées désespérantes Job en est réduit par la thèse de ses deux amis. Aussi, après avoir reconnu qu’il se trouve en face d’un pouvoir écrasant qu’il plaît à ses amis d’appeler de la justice (Job 9.2-12) et s’être livré à un accès de révolte contre un tel Dieu (versets 13 à 35), va-t-il remplir de ses plaintes le chapitre 10 tout entier.

1 Job prit la parole et dit : 2 Assurément, je sais qu’il en est ainsi ;
Et comment un homme serait-il juste devant Dieu ?

Je sais qu’il en est ainsi, c’est-à-dire que Dieu est juste (Job 8.20).

Devant Dieu. Allusion à Job 4.17. Mais ici l’idée est légèrement différente : comment un homme serait-il juste en plaidant contre Dieu ? Il serait bientôt réduit au silence par une foule de questions qui l’étourdiraient en lui faisant sentir sa petitesse. C’est ce qui aura lieudans les chapitres 38 et suivants.

3 S’il lui plaisait de plaider contre Dieu, Il ne lui répondrait pas sur un point entre mille.

Il ne lui répondrait pas. L’homme serait incapable de répondre à Dieu.

4 Il est sage en son entendement et puissant en force ; Qui l’a bravé et s’en est retiré sain et sauf ?

Il se rapporte ici à Dieu.

5 Il bouleverse les montagnes à l’improviste ; Il les renverse dans sa colère.

Job donne des échantillons de la puissance divine (5-10)

Ce morceau rappelle Job 5.9-16, à cette différence près qu’ici la puissance de Dieu n’est point présentée comme se proposant des buts salutaires.

Versets 5 à 7 — Effets redoutables de cette puissance

6 Il ébranle la terre sur ses bases,
Et ses colonnes tremblent. 7 Il parle au soleil, et il ne se lève pas, Il met un sceau sur les étoiles. 8 Il étend les cieux, lui seul, Il marche sur les hauteurs de la mer.

Pouvoir créateur de Dieu (8-10)

Les hauteurs de la mer : le sommet des vagues. Dans Amos 4.13, l’Éternel est présenté comme marchant sur les hauteurs de la terre.

9 Il crée la Grande Ourse, Orion, les Pléiades,
Et les régions reculées du Midi.

Il crée : a créé et conserve (Psaumes 104.30).

Les régions reculées… : les constellations australes, qui pour notre hémisphère sont comme renfermées dans un appartement éloigné.

10 Il fait des merveilles insondables, Des prodiges sans nombre.

Reprise littérale de Job 5.9 sur ce point Job est pleinement d’accord avec Éliphaz.

11 Voici, il passe devant moi sans que je le voie ; Près de moi, sans que je l’aperçoive.

Quel être terrible que ce Dieu tout-puissant qui est en même temps invisible !

12 Voici, il emporte une proie ; qui le fera revenir ? Qui lui dira : Que fais-tu ? 13 Dieu ne retire pas sa colère ; Sous lui se sont courbés les auxiliaires de Rahab ;

Dieu est tout-puissant, mais sans entrailles. Job proteste contre ce Dieu-là. Il y a une amère ironie dans tout ce passage, en même temps qu’un profond découragement.

Rahab : nom donné dans les livres poétiques de la Bible à un monstre marin et malfaisant, qui a pour auxiliaires les forces de la nature (Job 26.12) ; soit le Léviathan (Job 3.8), qui se précipite sur les astres pour les dévorer, soit plutôt la personnification de l’abîme des mers qui aurait cherché à engloutir la terre ferme. Notre passage serait une allusion à une victoire remportée, autrefois sur cette puissance redoutable Ailleurs, par exemple, dans Esaie 30.7 et Job 41.9, Rahab désigne l’Égypte.

14 Et moi, j’oserais lui répondre ? Je choisirais mes paroles en sa présence ?

Je choisirais… Dans l’effroi que cause la présence de Dieu, comment pourrais-je choisir les termes les meilleurs pour présenter ma défense ?

15 Si même j’avais raison, je ne répondrais pas, J’implorerais la clémence de mon juge. 16 Si même je l’appelais et qu’il me répondit, Je ne croirais pas qu’il voulût entendre ma voix,

Si même je l’appelais : le citais en justice.

17 Lui qui fond sur moi dans un tourbillon,
Et multiplie mes blessures sans cause ;

Dans un tourbillon, qui me jette dans l’effroi.

18 Qui ne me laisse pas reprendre haleine, Tant il me rassasie d’amertume ! 19 S’il s’agit de force, me voici ! S’il s’agit de droit, qui m’assignera ?

Littéralement : S’il s’agit de la force du vigoureux, Dieu dit : Me voici. Et s’il s’agit de droit, Dieu dit : Qui m’assignera ?

C’est ainsi que Dieu a réponse à tout.

20 Si même j’avais raison, ma bouche me condamnerait ; Si même j’étais innocent, il me ferait passer pour coupable.

Ma bouche. Voir verset 14.

Il me ferait passer… Voir verset 3. Cette dernière pensée, si nettement formulée, le révolte et il lance à Dieu une accusation qui dépasse en vivacité tout ce qu’il a dit jusque-là (versets 21 à 24).

21 Innocent, je le suis ! Je ne fais nul cas de ma vie ; Je méprise l’existence.

Innocent, je le suis ! Et non plus, comme au verset 20 : si j’étais innocent. Dût-il m’en coûter la vie je ne veux pas plus longtemps farder la vérité.

22 C’est tout un ! C’est pourquoi je le dis : Il fait périr, également l’innocent et le coupable.

C’est tout un, pour moi, de vivre ou de mourir. D’autres : pour Dieu, de laisser vivre ou de faire mourir ; voir fin du verset 22.

23 Si un fléau produit une mortalité soudaine, Il se rit du désespoir, des innocents. 24 La terre est livrée au pouvoir des méchants ; Il voile la face de ceux qui la jugent. Si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?

Dieu empêche même les juges de voir clair.

Si ce n’est lui, qui est-ce donc ? Car enfin rien n’arrive sans sa volonté.

25 Mes jours se sont enfuis plus vite qu’un courrier ; Ils ont passé sans voir le bonheur.

Mais sans aller au loin chercher des preuves de l’injustice de la Providence, restons-en à mon cas.

J’espérais voir encore le bonheur Job 7.7 ; mais c’en est fait !

26 Ils ont glissé comme des nacelles de jonc, Comme un aigle qui fond sur sa proie.

Nacelles de jonc. Voir Ésaïe 18.2, note.

27 Si je dis : Je veux oublier ma plainte, Je veux laisser là ma figure triste et paraître joyeux,

Si, par un grand effort sur moi-même, j’essaie d’oublier ma souffrance et de m’égayer, cela ne me réussit pas : mes douleurs me font bientôt trembler de nouveau. Elles sont sans doute l’indice d’une faute dont il te plaît de me croire coupable. Puisque il en est ainsi, il ne me sert de rien d’essayer de me justifier.

28 Je tremble devant toutes mes douleurs ; Je sais que tu ne m’acquitteras pas. 29 Je suis condamné d’avance ; Pourquoi donc me tourmenterais-je en vain ? 30 Quand je me laverais avec de la neige, Que je nettoierais mes mains avec du savon,

La neige prend à elle, plus que l’eau, toutes les souillures qui viennent à la toucher.

Savon : dans Ésaïe 1.25, potasse.

Quand… : À supposer même que j’aie réussi à me disculper entièrement.

31 Alors même tu me plongerais dans la fange,
Et mes habits me prendraient en horreur.

Mes habits. Les vêtements sont personnifiés. Job les a ôtés pour se laver, mais il est replongé dans un bourbier et ses habits ne veulent plus de lui.

32 Car il n’est pas un homme comme moi, que je puisse lui répondre,
Et que nous puissions aller ensemble en jugement. 33 Il n’y a pas entre nous d’arbitre Qui pose sa main sur nous deux.

Qui pose sa main sur nous deux : pour nous imposer silence, comme un supérieur et nous juger.

34 Qu’il retire sa verge de dessus moi, Que sa terreur ne m’épouvante plus !

Dans les conditions présentes, je ne puis me défendre. La partie n’est pas égale. Si Dieu voulait me laisser respirer, je pourrais parler et je montrerais que je ne suis pas coupable comme on le croit.

35 Alors je parlerai sans le craindre, Car je ne me sens pas coupable.