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Jérémie 37
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 37

Jérémie en prison

Les chapitres 37 et 38 sont le tableau de l’agonie du peuple. Les rebelles semblent prendre à tâche de justifier le châtiment qui va les frapper, en se portant aux excès les plus odieux contre le représentant de la vérité. Dans ces chapitres se révèle en même temps le caractère de Sédécias, alliant à une certaine bienveillance naturelle la lâcheté la plus condamnable.

  • Exposé de la situation, versets 1 et 2
  • premier message de Sédécias à Jérémie et réponse du prophète, versest 3 à 10
  • arrestation de Jérémie par les chefs, versets 11 à 15
  • intervention du roi en sa faveur après la reprise du siège par les Chaldéens, versets 16 à 24.
1 Sédécias, fils de Josias, devint roi à la place de Conia, fils de Jéhojakim, ayant été établi sur le pays de Juda par Nébucadretsar, roi de Babylone. 2 Et il n’obéit point, ni lui, ni ses serviteurs, ni le peuple du pays, aux paroles que l’Éternel avait prononcées par Jérémie le prophète.

Il n’obéit pas. C’est le résumé de la carrière de Sédécias, tout semblable aux sommaires que nous trouvons sur chaque règne dans les livres des Rois. Dans ce jugement, les velléités de repentance ne sont pas prises en considération, parce qu’elles demeurèrent stériles. Sédécias ne fut, tout compte fait, qu’un rebelle.

3 Le roi Sédécias envoya Jéhucal, fils de Sélémia, et Sophonie, fils de Maaséia, sacrificateur, vers Jérémie le prophète pour lui dire : Veuille intercéder pour nous auprès de l’Éternel notre Dieu.

Jéhucal : comparez Jérémie 38.1 ; Sophonie, fils de Maaséia : comparez Jérémie 21.1 ; Jérémie 29.25.

Veuille intercéder : nouvelle démarche analogue à celle racontée déjà Jérémie 21.2 (voir note). Sédécias croit à l’efficacité de la prière ; seulement il ne conformera pas sa conduite à la réponse de Dieu. S’il n’est pas incrédule comme Jéhojakim, il n’en est pas moins désobéissant.

4 Jérémie allait et venait alors parmi le peuple, n’ayant pas encore été mis en prison.

Allait et venait : c’est ce qui explique le verset 12.

5 Or l’armée de Pharaon était sortie d’Égypte ; et quand les Chaldéens, qui assiégeaient Jérusalem, en reçurent la nouvelle, ils levèrent le siège de Jérusalem.

L’interruption du siège doit avoir été fort courte ; elle ne servit qu’à exciter des espérances illusoires.

Le Pharaon dont il s’agit ici, était Hophra ; comparez, Jérémie 44.30.

6 Alors la parole de l’Éternel fut adressée à Jérémie le prophète en ces mots : 7 L’Éternel, Dieu d’Israël, parle ainsi : Vous direz au roi de Juda qui vous a envoyés pour m’interroger : Voici l’armée de Pharaon, qui est sortie à votre secours, va retourner au pays d’Égypte ; 8 et les Chaldéens reviendront combattre contre cette ville ; ils la prendront et la brûleront. 9 Ainsi parle l’Éternel : Ne vous abusez point vous-mêmes, en disant : Les Chaldéens s’en iront tout à fait de chez nous. Car ils ne s’en iront point. 10 Et quand vous auriez battu toute l’armée des Chaldéens qui combattent contre vous, et qu’il ne resterait d’eux que des hommes transpercés, un par tente, ils se relèveraient pourtant et brûleraient cette ville.

Ils se relèveraient. Les chances de la guerre n’entrent pour rien dans les prévisions du prophète ; le décret divin est irrévocable et les Chaldéens n’en sont que les instruments inconscients.

Un par tente. Nous rapportons ces mots, non au verbe suivant : ils se relèveraient (nos anciennes versions), mais au précédent : resteraient. Quand les neuf dixièmes de l’armée chaldéenne auraient été tués et que le dixième restant ne serait plus composé que de blessés, couchés dans leur tente…

11 Et comme l’armée des Chaldéens se retirait de devant Jérusalem, à cause de l’armée de Pharaon, 12 Jérémie sortit de Jérusalem pour aller au pays de Benjamin, pour retirer de là sa portion au milieu du peuple.

Au pays de Benjamin, sa patrie, où il avait ses propriétés. Il est difficile de dire quel était le but de Jérémie en sortant ainsi de Jérusalem. Le sens du verbe que nous avons traduit par : retirer sa portion, est obscur. Ostervald le rend par : se glisser hors de la ville. Mais Jérémie aurait-il voulu se soustraire au sort qui menaçait son peuple ? Tôt après, nous le voyons refuser les honneurs que lui offre Nébucadnetsar. Nous pensons plutôt qu’il veut profiter de la levée momentanée du siège pour aller recueillir sur place son revenu comme sacrificateur. Car pendant le siège les dîmes ne pouvaient être envoyées au trésor du temple. C’est là ce qui peut servir à expliquer ces expressions énigmatiques : de là et au milieu du peuple.

13 Mais quand il fut à la porte de Benjamin, le capitaine de la garde, nommé Jiréia, fils de Sélémia, fils de Hanania, arrêta Jérémie le prophète en lui disant : Tu passes aux Chaldéens,

Jiréia. Si ce personnage est le petit-fils du faux prophète Hanania, qui figure dans la scène du chapitre 28, il ne fait que satisfaire une rancune de famille.

La porte de Benjamin, au nord de la ville ; comparez Jérémie 28.7 ; Zacharie 14.10. C’est sans doute la porte qui est appelée aussi porte d’Éphraïm, 2 Rois 14.13 ; Néhémie 7.16.

Tu passes aux Chaldéens. L’insistance que Jérémie avait mise à désapprouver la guerre et à recommander la capitulation, pouvait donner à cette accusation, aux yeux des malintentionnés, une apparence de vérité (Jérémie 21.9). Mais voir verset 12 (note).

14 Jérémie répondit : C’est faux ; je ne passe point aux Chaldéens. Mais il ne l’écouta point, et Jiréia arrêta Jérémie et l’amena aux chefs. 15 Et les chefs s’emportèrent contre Jérémie ; ils le battirent et le mirent en prison dans la maison de Jonathan, le secrétaire ; car ils en avaient fait la prison.

Les chefs qui figurent dans ces deux chapitres et qui se montrent si hostiles au prophète, étaient sans doute des hommes de récente promotion. Ceux qui, sous le roi Jéhojakim, avaient pris le parti du prophète (Jérémie 36.12), avaient disparu ; ils avaient probablement été emmenés à Babylone avec Jéhojachin.

16 On avait mis Jérémie dans la basse-fosse et au collier, et il y était resté bien des jours,

Au collier, selon d’autres : dans les cachots, ou : sous les voûtes. Nous avons probablement ici la mention d’un instrument destiné à empêcher la fuite du prisonnier, tout en le mettant à la gêne. Comparez Jérémie 29.26.

17 lorsque le roi Sédécias le fit tirer de là ; il l’interrogea en secret dans sa maison et lui dit : Y a-t-il une parole de l’Éternel ? Et Jérémie répondit : Oui ! Tu seras livré, dit-il, au roi de Babylone.

En secret : par crainte et fausse honte vis-à-vis des chefs.

18 Jérémie dit encore au roi Sédécias : Quelle faute ai-je commise contre toi, contre tes serviteurs et contre ce peuple, que vous m’ayez mis en prison ? 19 Et où sont vos prophètes, qui vous prophétisaient en disant : Le roi de Babylone ne reviendra point contre vous ni contre ce pays ?…

Où sont vos prophètes ? Ou bien ces imposteurs n’osaient plus se montrer après les événements qui avaient démenti leurs paroles, ou bien même ils s’étaient lâchement dérobés au péril, en passant aux Chaldéens ; comparez Jérémie 38.19 ; Jérémie 38.22.

20 Mais écoute maintenant, je te prie, ô roi, mon seigneur ! Que ma supplication soit reçue devant toi : Ne me renvoie pas dans la maison de Jonathan le secrétaire, pour y mourir.

Écoute… roi, mon seigneur. Après avoir hardiment parlé au roi en prophète et au nom de Dieu, Jérémie change de ton ; car il s’adresse maintenant à son roi comme tel et lui demande une grâce en qualité de sujet.

21 Et le roi Sédécias donna l’ordre de garder Jérémie dans la cour de la prison et de lui donner une miche de pain par jour, de la rue des boulangers, jusqu’à ce que tout le pain de la ville fût consommé. Ainsi Jérémie demeura dans la cour du corps de garde.

Ce roi digne de pitié fera toujours, tout le bien qu’il osera faire sans se compromettre, et, tôt après, tout le mal que sa faiblesse lui conseillera ; voir Jérémie 38.5.