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Jérémie 26
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 26

Ce chapitre raconte une émeute qui éclata dans le temple à l’occasion d’un discours de Jérémie et la comparution du prophète devant les juges, représentants du roi, qui le déclarèrent innocent. Ce morceau, qui nous reporte aux premières années de Jéhojakim, nous montre, dans un exemple particulier, la haine des chefs ecclésiastiques contre le prophète de l’Éternel. Le discours que Jérémie a tenu dans cette occasion rappelle celui qui est rapporté au chapitre 7 et qui fut tenu également dans le temple. Rien n’empêche d’admettre que Jérémie ait prononcé plusieurs fois les mêmes paroles dans le même lieu.

  • Date et titre du morceau, verset 1
  • discours de Jérémie au peuple de la part de l’Éternel, versets 2 à 6
  • agression contre Jérémie et intervention des juges, versets 7 à 11
  • procès et acquittement de Jérémie, versets 12 à 19
  • histoire d’Urie, versets 20 à 23
  • réflexion finale, verset 24.
1 Au commencement du règne de Jéhojakim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole-ci fut adressée de la part de l’Éternel :

Au commencement du règne de Jéhojakim : probablement avant la quatrième année, déjà mentionnée Jérémie 25.1 ; l’ordre des morceaux n’est pas chronologique.

2 Ainsi parle l’Éternel : Tiens-toi dans le parvis de la maison de l’Éternel, et dis à ceux de toutes les villes de Juda qui viennent adorer dans la maison de l’Éternel toutes les paroles que je te commande de leur dire ; n’en retranche pas un mot.

Tiens-toi : il fallait du courage pour cela. Comparez Jérémie 7.12.

À toutes les villes de Juda. Ceci se passait probablement à l’époque d’une des grandes fêtes religieuses auxquelles accourait tout le peuple du pays.

3 Peut-être écouteront-ils et reviendront-ils chacun de sa mauvaise voie, et je me repentirai du mal que j’ai dessein de leur faire à cause de la méchanceté de leurs actions.

Peut-être écouteront-ils… Le vrai serviteur de Dieu travaille et espère jusqu’au bout.

4 Tu leur diras : Ainsi parle l’Éternel : Si vous ne m’obéissez pas, en suivant ma loi que j’ai mise devant vous, 5 en écoutant les paroles de mes serviteurs les prophètes, que j’envoie vers vous, que j’ai envoyés dès le matin et que vous n’avez point écoutés, 6 je réduirai cette maison à l’état de Silo, et je ferai de cette ville un objet de malédiction pour toutes les nations de la terre.

Silo. Voir Jérémie 7.12.

7 Les sacrificateurs, les prophètes et tout le peuple entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison de l’Éternel ;

Les sacrificateurs, les prophètes. Ce sont les ministres de la religion, mercenaires ou usurpateurs, qui, associés les uns aux autres, ameutent le peuple contre le prophète et il faudra que les magistrats civils leur donnent une leçon de tolérance et de justice.

8 et quand Jérémie eut achevé de dire tout ce que l’Éternel lui avait commandé de dire à tout le peuple, les sacrificateurs, les prophètes et tout le peuple le saisirent en disant : Tu mourras !

Et quand Jérémie eut achevé. Ils ne l’interrompent pas pendant son discours, pour avoir contre lui des charges d’accusation plus complètes ; c’est un procès en bonne forme qu’ils ont en vue.

Tout le peuple : tous les assistants ; à distinguer de tout le peuple, verset 9 ; dans ce dernier verset cette expression, à peu près équivalente à notre on, comprend toute la population de la ville, qui accourt au bruit et qui ne tarde pas à se montrer favorable au prophète.

9 Pourquoi prophétises-tu au nom de l’Éternel en disant : Cette maison sera comme Silo, et cette ville sera dévastée au point qu’il n’y restera plus d’habitants ? Et tout le peuple s’assembla vers Jérémie dans la maison de l’Éternel. 10 Les princes de Juda apprirent ces choses ; ils montèrent du palais royal à la maison de l’Éternel et s’assirent à l’entrée de la porte neuve de l’Éternel.

Les princes de Juda : les magistrats, probablement les princes du sang, appelés à exercer la justice ; ils sont requis de venir remplir leur office ; et, du palais royal où ils demeuraient, ils viennent prendre place dans le temple, où le prophète sera jugé publiquement.

Ils s’assirent : l’audience est ouverte.

À la porte neuve. Cette porte est mentionnée Jérémie 36.10 ; c’est probablement celle que Jotham avait fait construire (2 Rois 15.35). Elle conduisait au parvis intérieur.

11 Alors les sacrificateurs et les prophètes dirent aux princes et à tout le peuple : Cet homme mérite la mort, car il a prophétisé contre cette ville, comme vous l’avez entendu de vos oreilles.

Et à tout le peuple : le peuple étant l’exécuteur de la sentence, devait avoir aussi un rôle dans l’action judiciaire.

Mérité la mort, car… Même accusation contre Jésus-Christ Matthieu 26.64 et contre Étienne, Actes 6.13-14. On substitue le respect pour les murs du temple au respect dû au Dieu qui l’habite.

Comme vous l’avez entendu : ils en appellent au témoignage des assistants mentionnés verset 8.

12 Et Jérémie parla à tous les princes et à tout le peuple et dit : C’est l’Éternel qui m’a envoyé prophétiser contre cette maison et contre cette ville toutes les choses que vous avez entendues.

Jérémie défend sa cause sans empêchement et parvient par là à sauver sa vie.

13 Maintenant, corrigez vos voies et vos œuvres, et écoutez la voix de l’Éternel votre Dieu, et l’Éternel se repentira du mal qu’il a prononcé sur vous. 14 Et moi, me voici dans vos mains ; faites de moi ce qui vous paraîtra bon et juste ;

La résignation qu’exprime ici le le prophète est semblable à celle de l’Agneau de Dieu, décrite par Ésaïe (chapitre 53).

15 seulement, sachez que si vous me faites mourir, vous mettez un sang innocent sur vous, sur cette ville et ses habitants ; car il est certainement vrai que l’Éternel m’a envoyé vers vous pour faire entendre à vos oreilles toutes ces paroles.

Sang innocent : innocent, bien que Jérémie ait réellement fait ce qu’on lui repproche en annonçant la ruine de la ville et du temple.

16 Alors les princes et tout le peuple dirent aux sacrificateurs et aux prophètes : Cet homme n’a pas mérité la mort, car c’est au nom de l’Éternel notre Dieu, qu’il nous a parlé. 17 Et des hommes d’entre les anciens du pays se levèrent et dirent à toute l’assemblée du peuple :

Les anciens de la campagne développent un motif de plus en faveur de l’accusé et confirment ainsi la première délibération qui a tourné en sa faveur. Sur le rôle des anciens en matière judiciaire, voir Deutéronome 19.12 ; Deutéronome 21.2-3.

18 Michée de Moréseth prophétisait au temps d’Ézéchias, roi de Juda, et il parla à tout le peuple de Juda en ces termes : Ainsi a dit l’Éternel des armées : Sion sera labourée comme un champ ; Jérusalem deviendra un monceau de ruines, et la montagne du temple une colline boisée.

Michée de Moréseth. Ce passage se trouve textuellement Michée 3.12.

Sion sera labourée comme un champ. C’était la coutume des anciens conquérants de faire passer la charrue sur les villes qu’ils avaient détruites.

19 Ézéchias, roi de Juda, et tout Juda l’ont-ils fait mourir ? N’a-t-il pas craint l’Éternel ? Il a supplié l’Éternel, et l’Éternel s’est repenti de ce qu’il avait prononcé contre eux. Et nous, nous faisons un grand mal à nos âmes.

Il fallait, pour que l’argument eût sa force, que le nom d’Ézéchias eût conservé un grand prestige. Ils se placent ici au vrai point de vue, en attribuant la délivrance de Jérusalem à l’humiliation et à la prière de ce roi.

20 Il y eut aussi un homme qui prophétisait au nom de l’Éternel, Urie, fils de Sémaïa, de Kiriath-Jéarim ; il prophétisa contre cette ville et contre ce pays, de tout point comme Jérémie.

Le but de ce morceau est difficile à expliquer. La plupart des interprètes en font le récit d’un incident étranger à la scène racontée plus haut et que Jérémie aurait ajouté postérieurement pour montrer combien était sérieux le danger auquel il avait lui-même échappé. Selon d’autres, ce récit ferait partie du discours des anciens ; mais dans ce cas l’exemple cité paraîtrait défavorable à leurs conclusions. Nous adoptons donc la première opinion. Le fait raconté était sans doute tout récent (voir note, verset 22) et faisait ressortir d’autant mieux la délivrance dont Jérémie venait d’être l’objet.

21 Le roi Jéhojakim et tous ses hommes vaillants et tous ses princes entendirent ses paroles, et le roi chercha à le faire mourir. Urie l’apprit, il eut peur et se sauva en Égypte ; 22 mais le roi Jéhojakim, envoya des hommes en Égypte, Elnathan, fils d’Achor, et d’autres avec lui en Égypte.

En Égypte. Ce meurtre doit avoir eu lieu au commencement du règne de Jéhojakim, alors qu’il était encore vassal de Pharaon Néco et qu’il pouvait, à ce titre, réclamer l’extradition du prophète.

Elnathan, fils d’Achor : mentionné parmi les princes de Juda favorables à Jérémie 36.12 ; Jérémie 36.25. Peut-être était-il beau-père de Jéhojakim (2 Rois 24.8). Sur Achor, voir 2 Rois 22.12-14.

23 Ils firent sortir Urie d’Égypte et l’amenèrent au roi Jéhojakim, qui le fit périr par l’épée et jeta son cadavre dans la fosse du commun peuple.

La fosse du commun peuple : près de la vallée du Cédron, là où Josias avait fait jeter les cendres d’idoles brûlées par ses ordres.

24 Mais la main d’Achikam, fils de Saphan, soutint Jérémie, en sorte qu’il ne fut pas livré au peuple pour être mis à mort.

Achikam. Ce personnage est réuni à Achor dans la scène 2 Rois 22.12-14 ; il fut le père du gouverneur Guédalia (2 Rois 25.22 ; Jérémie 39.11) et probablement le frère de Guémaria, un des défenseurs du prophète (Jérémie 36.12 ; Jérémie 36.25). Il est probable que l’intervention d’Achikam doit se placer dans la scène de tumulte du commencement, verset 9, puisqu’il résulte du récit tout entier que dès l’arrivée des magistrats elle n’eût plus été nécessaire. En terminant son récit, Jérémie sent le besoin d’inscrire dans son livre et de conserver ainsi le nom de son libérateur, sans le secours duquel il eût partagé le sort de son collègue Urie. Il en agit de même envers son secrétaire et ami Baruc (chapitre 45)