Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Jérémie 20
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 20

Incident de Paschur

  • Récit de l’incident, versets 4 à 6
  • victoire de la foi, versets 7 à 13
  • plainte amère du prophète, verset 14 à 18.
1 Alors le sacrificateur Paschur, fils d’Immer, qui était surveillant en chef de la maison de l’Éternel, entendit Jérémie prononcer ces prophéties ;

Paschur. Il avait sans doute la charge de faire la police du temple ; Actes 4.1. Comme tel, il pouvait s’attribuer le droit de réprimer les abus commis dans l’enceinte sacrée (Jérémie 29.26 ; Jérémie 52.24).

Fils d’Immer. Cet Immer est peut-être le chef de la 16e classe de sacrificateurs, nommé 1 Chroniques 24.14.

2 et Paschur frappa Jérémie le prophète et le fit mettre aux fers dans la porte haute de Benjamin, qui est dans la maison de l’Éternel.

La porte haute de Benjamin : la porte septentrionale du parvis intérieur qui était la partie la plus élevée de la colline du temple. Comparez Ézéchiel 9.2 ; Ézéchiel 8.3. Jérémie l’appelle la porte neuve Jérémie 26.10 ; Jérémie 36.10. Cet événement était critique dans la carrière de Jérémie. C’était la première fois que ses ennemis passaient des menaces aux mauvais traitements ; et c’est ce qui nous explique le redoublement d’amertume qui se manifeste dans les paroles suivantes.

3 Le lendemain, Paschur fit sortir Jérémie des fers, et Jérémie lui dit : L’Éternel ne t’appelle plus Paschur, mais Magor-Missabib !

Il ne faut pas chercher ici d’allusion au sens du nom de Paschur. Le terme de Magor-Missabib signifie : terreur tout autour. Cette expression revient souvent dans Jérémie (comparez verset 10 ; Jérémie 6.25 ; Jérémie 46.5 etc.). Ce nom de mauvais augure est expliqué dans le verset suivant.

4 Car ainsi parle l’Éternel : Voici, je fais de toi un objet de terreur pour toi-même et pour tous tes amis ; ils tomberont sous l’épée de leurs ennemis, tes yeux le verront, et je livrerai tout Juda aux mains du roi de Babylone, qui les emmènera à Babylone et les frappera de l’épée.

Au verset 4, tous les amis de Paschur sont tués ; au verset 6, ils vont tous en captivité. Il ne faut donc pas insister sur le sens du mot tous.

Le sens de ce verset 4 est que non seulement Paschur aura peur, mais qu’il fera peur. Il sera dangereux d’avoir été de ses amis.

5 Et je livrerai toutes les richesses de cette ville, tous ses produits, tous ses objets précieux et tous les trésors des rois de Juda, je les livrerai aux mains de leurs ennemis, et ils les pilleront et ils les prendront et les emmèneront à Babylone. 6 Et toi, Paschur, et tous les habitants de ta maison, vous irez en captivité ; et tu iras à Babylone, et là tu mourras et tu seras enterré, toi et tous tes amis auxquels tu as prophétisé le mensonge.

Cette prophétie s’accomplit probablement lors de la déportation de Jéhojakim ; car Paschur, fils d’Immer, n’apparaît plus sous Sédécias.

7 Tu m’as séduit, Éternel, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi et tu m’as vaincu ; j’ai été chaque jour un objet de risée ; tous se sont moqués de moi.

L’indigne traitement qu’il vient de subir provoque chez le prophète une nouvelle tempête intérieure. Les plaintes amères du découragement et les élans de la confiance se succèdent sur ses lèvres. Cette crise se termine par une défaite momentanée de la foi.

Tu m’as séduit. Le prophète rappelle ici à Dieu le moment de sa vocation (chapitre 1). Dieu l’a comme pris au piège en lui écrivant la sainte grandeur du ministère auquel il l’appelait, sans lui annoncer ouvertement toutes les souffrances qu’il rencontrerait dans l’accomplissement de cette tâche. Comparez Ésaïe 8.11 ; Amos 7.15 ; Ézéchiel 3.14.

Tu m’as saisi. À la persuasion, Dieu avait joint la contrainte, Jérémie 1.9 et même la menace, Jérémie 1.17 ; et c’est par tous ces moyens réunis qu’il avait prévalu sur lui et vaincu ses hésitations (comparez Jérémie 1.6).

De risée : parce que ses prophéties ne s’accomplissent pas.

8 À chaque fois que je parle, je crie, je crie violence et oppression. Et la parole de l’Éternel est pour moi un sujet d’opprobre et de risée chaque jour. 9 Et quand j’ai dit : Je ne ferai pas mention de lui et je ne parlerai plus en son nom… il y a eu dans mon cœur comme un feu dévorant enfermé dans mes os, et je me suis efforcé de le contenir, et je n’ai pas pu.

Se taire ainsi est une lâcheté. Pascal a dit : Jamais les saints ne se sont tus.

Il y a eu dans mon cœur… Le message divin dont il est chargé malgré lui est comme un feu intérieur qui consume son âme, jusqu’à ce que les résistances de la chair aient cédé à cette contrainte surnaturelle et divine. Voilà l’inspiration sacrée !

10 Car j’entendais les propos de la multitude ; la terreur m’environnait ! : Dénoncez… nous le dénoncerons ! L’homme avec qui j’étais en paix épie mes pas : S’il se laisse entraîner, nous le tiendrons et nous tirerons vengeance de lui !

Raison de ses hésitations : les complots des méchants dont il a connaissance. Ils s’entendent entre eux pour qu’il n’ait plus autour de lui que des sujets de terreur. Les uns disent aux autres tout bas, mais de manière à être entendus : Dénoncez-le ; les autres répondent tout haut : Dénonçons-le !

L’homme avec qui j’étais en paix, comparez Psaumes 41.10 ; Psaumes 35.15 ; Psaumes 38.17 ; Psaumes 56.7 ; Psaumes 71.10.

Peut-étre se laissera-il entraîner… à prononcer quelque propos compromettant dont on pourra tirer un chef d’accusation contre lui ; comparez Matthieu 22.15.

11 Mais l’Éternel est avec moi comme un héros puissant ; c’est pourquoi mes persécuteurs s’affaisseront et ne prévaudront pas : ils seront confondus, parce qu’ils n’auront pas été habiles, d’un opprobre éternel qui ne sera point oublié.

Mais du milieu de ces adversaires qui murmurent ou blasphèment autour de lui, il regarde à Dieu et reprend courage.

Héros puissant : qui, après m’avoir pris à son service, est puissant pour me secourir. Comparez Jérémie 15.14.

Parce qu’ils n’auront pas été habiles. Comme le mot hébreu traduit par être habile signifie en même temps avoir du succès, le sens est : toute leur habileté aura échoué.

12 L’Éternel des armées éprouve avec justice. Il voit les reins et les cœurs : je verrai la vengeance que tu tireras d’eux, car c’est à toi, Éternel, que j’ai exposé ma cause.

Jérémie saisit ici par la foi la délivrance finale dont Dieu, ce puissant héros, vient de lui renouveler l’assurance.

13 Chantez à l’Éternel, louez l’Éternel, car il a tiré de la main des méchants l’âme du malheureux ! 14 Maudit soit le jour où je suis né ! Que le jour où ma mère m’a enfanté ne soit point béni !

Mais de cet avenir espéré il reporte soudain ses regards sur le présent, si douloureux et si sombre ; et il lui arrive, comme à Pierre sur les eaux, de défaillir un instant. L’angoisse ressaisit son âme avec plus de violence encore qu’auparavant. Comparez les exemples de ces brusques transitions dans les Psaumes (Par exemple en Psaumes 31.10 ; Psaumes 56.6-7). Jésus lui-même a été accessible à des émotions de ce genre ; comparez Jean 12.26-27.

Versets 14 et 15

Ce sont ici des expressions hyperboliques, que Jérémie lui-même ne prend point au sens littéral ; comparez les figures poétiques semblables 2 Samuel 1.21 ; Job 3.3-10, qui, comprises littéralement, seraient absurdes. Jérémie veut exprimer par là la lassitude profonde que lui fait éprouver sa vie, qui s’écoule tout entière en reproches et en menaces, en hostilités ouvertes ou cachées, en malédictions prononcées ou reçues. Il maudit la nécessité de maudire qui s’impose à lui du matin au soir.

15 Maudit soit l’homme qui porta la nouvelle à mon père, en lui disant : Un fils t’est né ; et qui le combla de joie ! 16 Que cet homme devienne pareil aux villes que l’Éternel a renversées sans s’en repentir ; qu’il entende le cri le matin et le tumulte à midi,

Aux villes : Sodome et Gomorrhe.

17 parce qu’il ne m’a pas tué dès le sein maternel, afin que ma mère fût mon tombeau, ou que sa grossesse fût sans fin ! 18 Pourquoi suis-je sorti de ses entrailles pour voir la peine et la douleur ? Car mes jours se consument dans l’ignominie !

La plainte du prophète ne va pas tout à fait aussi loin que celle de Job, qui reproche même à Dieu de l’avoir fait naître.

Pourquoi Dieu ne répond-il rien dans cette circonstance à son serviteur ? Parce qu’il sait que la nature doit avoir le droit d’épancher sa douleur et qu’après cette explosion excusable, la foi reprendra d’elle-même le dessus et aura le dernier mot. Le croyant corrigera et relèvera l’homme.