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Jérémie 2
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

L’infidélité d’Israël opposée à son premier amour et à la fidélité constante de l’Éternel (2.1 à 3.5)

Ce discours a sans doute été prononcé à l’époque de Josias et dans un temps de sécheresse (Jérémie 3.3 ; comparez Jérémie 14.1).

Sommaire :

  • Le Seigneur a aimé Israël, versets 2 et 3
  • mais Israël a suivi les idoles, versets 4 à 13
  • aussi sera-t-il livré aux nations et à sa propre méchanceté, versets 14 à 19
  • Le péché d’Israël est ancien, invétéré, général et toute excuse désormais est inutile, versets 20 à 37
  • plus de pardon, Jérémie 3.4-5
2 Va, et crie aux oreilles de Jérusalem ces paroles : Ainsi a dit l’Éternel : Je me suis souvenu de la piété de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, alors que tu me suivais au désert, au pays qu’on n’ensemence pas.

L’amour qui est ici rappelé est celui du peuple pour son Dieu et non pas, comme ce serait le sens d’après la version d’Ostervald, l’amour de Dieu pour son peuple. Le temps de la jeunesse et des fiançailles que rappelle le prophète avec une émotion contenue, doit être limité à l’époque même de la sortie d’Égypte, où le peuple suivit avec foi le serviteur que l’Éternel lui avait envoyé. Cette foi que le peuple montra à l’Éternel et à Moïse, est mentionnée à trois reprises : Exode 4.31 ; Exode 14.31 ; Exode 19.8. Comparez Hébreux 11.26. La nation d’Israël sortit d’Égypte comme la fiancée de Jéhova ; elle devint son épouse devant l’autel de Sinaï ; mais ce fut dès ce moment que les révoltes ouvertes succédèrent aux simples murmures.

3 Israël était consacré à l’Éternel ; c’étaient les prémices de son revenu ; quiconque en mangeait se rendait coupable ; le malheur fondait sur lui, dit l’Éternel.

Allusion à la loi des prémices, qui étaient consacrées à l’Éternel et dont nul autre que le sacrificateur ne devait manger (Deutéronome 18.3). Israël était le peuple premier-né, les prémices des nations ; (comparez Exode 19.5), les Égyptiens et les Amalécites (Exode 17.1-16), qui voulurent toucher à cette portion réservée, eurent à s’en repentir.

4 Écoutez la parole de l’Éternel, maison de Jacob, et vous, toutes les familles de la maison d’Israël.

Maison de Jacob. Les deux expressions : maison de Jacob, et : vous, toutes les familles d’Israël, sont synonymes ; la seconde est ajoutée pour montrer que personne n’échappera.

5 Ainsi a dit l’Éternel : Qu’est-ce que vos pères ont trouvé d’injuste en moi, pour s’éloigner de moi, suivre la vanité et devenir eux-mêmes vanité ?

Vos pères : Vous êtes les fils de vos pères ; vous n’avez rien appris et rien oublié. Injustes comme ils l’étaient, c’étaient eux qui osaient accuser Dieu d’injustice, parce qu’il ne répondait pas à leurs prétentions. Mêmes dispositions orgueilleuses condamnées : Romains 9.1-33.

La vanité : les idoles. La vanité des idoles se communique à leurs adorateurs. La même pensée est exprimée Psaumes 115.8 : Ceux qui les font et tous ceux qui s’y confient, leur seront faits semblables. Comparez aussi Romains 1.21, où Paul fait peut-être allusion à notre passage.

6 Ils n’ont pas dit : Où est l’Éternel, qui nous a fait monter du pays d’Égypte, qui nous a guidés dans le désert, dans le pays aride et crevassé, dans le pays de sécheresse et d’ombre de mort, dans le pays où il ne passe pas d’hommes et où personne n’habite ?

Ils ont montré comment il ne faut pas faire. Ils se sont plaints de sa sévérité au lieu de recourir à lui en se rappelant ses délivrances.

7 Et je vous ai fait venir au pays des vergers, pour en manger les fruits et les biens ; et vous êtes venus, et vous avez souillé mon pays et fait de mon héritage une abomination.

Il valait bien la peine de détruire les Cananéens pour imiter leur conduite ! Une exécution aussi sanglante ne se justifiait plus, si cette terre choisie ne faisait que changer de profanateurs. Comme Israël était appelé tout spécialement le peuple de Dieu, Canaan était la propriété particulière de Jéhova (Exode 15.17) et le siège de ses révélations (Nombres 35.34).

8 Les sacrificateurs n’ont pas dit : Où est l’Éternel ? Et les dépositaires de la Loi ne m’ont pas connu, et les pasteurs ont rompu avec moi, et les prophètes ont prophétisé par Baal ; et ils ont suivi ceux qui ne sont d’aucun secours.

Il y a ici une gradation dans le crime, répondant à la qualité sociale des coupables. Chacun fait précisément le contraire de ce que sa charge l’appelait à faire. Les sacrificateurs, ministres du sanctuaire, n’ont point cherché l’Éternel dans son sanctuaire ; ceux qui étaient chargés d’enseigner la loi, sacrificateurs et lévites (Lévitique 10.11 ; Deutéronome 33.10), ne connaissent pas même celui qui l’a donnée ; les pasteurs, qui ici, comme dans Homère, désignent les chefs politiques de la nation, ceux qui devaient montrer le bon exemple, ont été, les premiers à rompre l’alliance de Jéhova (Achaz, Manassé, Amon) ; et, plus coupables même que tous les autres, les prophètes se sont faits ouvertement les prédicateurs de l’idolâtrie. Le participe thofesim, que nous avons traduit par : les dépositaires de la Loi, vient du, verbe thafas, qui signifie proprement saisir manier (la faux, la rame, l’arc), pincer (la guitare). Genèse 4.21. Le mot thofesim signifie donc littéralement ceux qui manient la loi et suppose nécessairement la présence du livre de la loi dans leurs mains. Les passages Jérémie 18.18 ; Ézéchiel 7.26, que cite M. Reuss pour prouver qu’il s’agit seulement ici d’une instruction orale et non d’un code écrit, ne fournissent point la preuve annoncée, puisque le verbe thafas ne s’y trouve pas.

On peut s’étonner qu’une pareille décadence du culte soit signalée sous le pieux roi Josias ; cela prouve que les réformes ordonnées par lui n’avaient pas été réellement acceptées par le peuple.

9 Aussi vais-je encore plaider contre vous, dit l’Éternel, et contre les fils de vos fils.

Plaider contre vous : c’est-à-dire vous accuser, vous condamner et bientôt vous frapper.

Encore : contre vous, après avoir plaidé contre vos pères.

Les fils de vos fils : c’est la loi du décalogue (deuxième commandement). Ces idolâtres auront des fils qui seront des captifs.

10 Passez donc aux îles de Kittim et regardez ; envoyez à Kédar et observez bien, et voyez s’il s’y passe rien de semblable :

Kittim, l’ile de Chypre (où se trouvait à l’époque romaine la ville de Cittium).

Kédar, nom d’un descendant d’Ismaël, dont la tribu habitait le désert qui s’étend entre l’Arabie Pétrée et la Bablonie. Kittim et Kédar désignent ici, par extension, l’une la Grèce et l’Occident, l’autre l’Arabie et l’Orient.

11 une nation change-t-elle de dieux ? Et encore ces dieux n’en sont-ils pas ! Mais mon peuple change sa gloire contre ce qui ne sert à rien.

Le prophète n’entend pas justifier ni louer les religions païennes de son temps ; le terme unique de la comparaison est la constance des idolâtres envers leurs dieux, opposée à l’inconstance d’Israël envers le sien. Jérémie voit, le vrai Dieu seul délaissé par son peuple : voilà ce qui l’étonne et l’indigne : et encore ces dieux n’en sont-ils pas ; c’eût été pour les païens une raison de plus pour en changer.

Sa gloire : son Dieu.

12 Cieux, étonnez-vous en, frémissez et soyez stupéfaits, dit l’Éternel ;

Depuis le temps que cet état de choses dure, le prophète ne s’y est pas encore accoutumé. L’idolâtrie d’Israël est un scandale pour l’univers entier. Comparez des invocations semblables : Deutéronome 30.19 ; Deutéronome 32.1 ; Ésaïe 1.2.

13 car mon peuple a fait double mal : ils m’ont abandonné, moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau.

Double mal : une double folie, qui est en même temps un double crime. Ces deux erreurs devaient se suivre : l’homme ne saurait demeurer dans le vide absolu ; en abandonnant le vrai Dieu, Israël se condamnait lui-même à l’idolâtrie.

Source des eaux vives : l’ancienne alliance était déjà pour les fidèles une institution capable de donner la vie et elle promettait toujours davantage.

Citernes crevassées : non seulement les religions païennes ne donnaient pas la vie, mais elles ne conservaient pas même celle qui restait encore. L’histoire est la confirmation de cette vérité.

14 Israël est-il un esclave, un serf né dans la maison ? Pourquoi est-il traité comme un butin ?

Israël n’était ni esclave, ni fils d’esclave ; c’était le fils de la maison (Exode 4.22). Il y a assurément contradiction entre son état actuel et sa dignité de fils ; mais à qui la faute ?

15 Les lionceaux rugissent contre lui, poussent leur cri et mettent son pays en désolation ; ses villes sont incendiées et il n’y a plus d’habitants !

Les lionceaux : les petits peuples du voisinage (Moabites, Ammonites envoyés par Nébucadnetsar ; 2 Rois 24.2) en opposition à l’Égypte et à l’Assyrie, nommées tôt après. Comparez Ésaïe 56.9.

16 Même les fils de Noph et de Tachpanès te brouteront le crâne.

Te brouteront le crâne. D’autres traduisent : te briseront le crâne, ce qui serait trop fort. Israël ne devait pas être détruit, mais dépouillé de tout et comme dénudé (comparez 1 Rois 14.26). Voir une image toute pareille Ésaïe 7.20.

Noph, nommée Moph Osée 9.6 : abréviation du nom égyptien Menfi ou Menoufi (Memphis) ; voir Ésaïe 19.13, note.

Tachpanès, en grec Daphné, ville forte sur le bras pélusiaque du Nil.

17 D’où te vient cela, sinon de ce que tu as abandonné l’Éternel ton Dieu au temps où il te faisait marcher dans la voie ?

Les causes morales sont celles qui expliquent tout dans la politique de l’Écriture. Là où le langage ordinaire dit : petitesse, infériorité du nombre, le prophète écrit : péché, révolte contre l’Éternel.

Dans la voie ne signifie pas d’une manière générale : dans la bonne voie ; le temps où Dieu faisait marcher son peuple dans la voie est celui qui est indiqué verset 6 : cette voie est celle du désert. Deutéronome 1.33.

18 Et maintenant, qu’as-tu à faire sur la route d’Égypte pour aller boire l’eau du Nil ; et qu’as-tu à faire sur la route d’Assyrie pour aller boire l’eau du fleuve ?

Les alliances avec les puissances du jour sont préférées à l’alliance avec Dieu.

Le Nil, appelé ici dans l’hébreu Schichor, c’est-à-dire le fleuve noir, parce que ses eaux sont limoneuses.

Le fleuve : le fleuve par excellence, le grand fleuve, l’Euphrate.

L’Égyptien était aussi fier de son Nil que l’Assyrien de son Euphrate. Boire l’eau d’un pays, c’est en rechercher l’alliance et en adopter les mœurs (comparez Ésaïe 8.6-7).

L’Égypte et l’Assyrie : les deux grandes puissances du temps, souvent nommées ensemble (Osée 7.11 ; Ésaïe 7.18). L’alliance de l’une sera aussi inutile et funeste que celle de l’autre. Comparez Ésaïe 7.1-25, l’expérience du passé.

19 Que ta méchanceté te redresse et que tes rébellions te châtient, et sache et vois combien il est mauvais et amer d’avoir abandonné l’Éternel ton Dieu, et de n’avoir pas eu crainte de moi, dit le Seigneur, l’Éternel des armées.

Lorsque les paroles n’ont plus d’effet, Dieu parle par les faits. Le châtiment a réellement corrigé Israël ; car, depuis la captivité, il n’est plus retombé dans l’idolâtrie.

20 Car dès longtemps tu as brisé ton joug, rompu tes liens et dit : Je ne servirai pas ! Car sur toute colline élevée et sous tout arbre vert tu t’es étendue comme une courtisane.

Non pas : J’ai brisé, mais : Tu as brisé (d’après une forme grammaticale propre à Jérémie).

Je ne servirai plus. Erreur ! Il faut toujours servir quelqu’un.

Toute colline élevée et tout arbre vert : théâtres ordinaires des cultes idolâtres et des abominations qui les accompagnaient. Quitter le vrai Dieu pour en servir un autre, c’est un adultère ; le quitter pour servir tour à tour les dieux des divers peuples, c’est de la prostitution. Ces deux choses : idolâtrie et impureté, se confondaient en une seule dans le langage des prophètes, aussi bien que dans la conduite du peuple.

21 Et moi, je t’avais plantée comme une vigne excellente, tout entière d’une souche franche. Comment t’es-tu changée pour moi en sarments bâtards d’une vigne étrangère ?

D’une souche franche (le mot hébreu signifie littéralement : d’un plant de vérité), mais sur laquelle se trouvent avoir poussé des branches sauvages. Dans Ésaïe, chapitre 5, la vigne porte des fruits sauvages ; dans Jérémie, c’est le cep même qui s’est gâté. Il y a eu progrès dans la décadence depuis l’époque précédente.

22 Oui, quand tu te laverais à la soude et que tu emploierais beaucoup de potasse, ton péché ferait tache devant moi, dit le Seigneur, l’Éternel.

Nulle tentative de te purifier toi-même ne réussira.

La soude, en hébreu néther ; non pas le nitre, qui n’a pas la propriété de nettoyer, mais le natron, carbonate de soude cristallisé, qui abonde en Égypte et que les Arabes appellent aujourd’hui encore : nathroun.

23 Comment dis-tu : Je ne me suis point souillée ; les Baals, je ne les ai pas suivis ? Vois tes traces dans la vallée ; reconnais ce que tu as fait, chamelle légère, croisant tes pas en tous sens !

La légèreté et l’endurcissement d’Israël sont tels que ce peuple nie les crimes que lui-même a commis, qu’il ne les aperçoit plus, qu’il ne les avoue pas même quand on les lui montre. Et cependant, les traces en sont visibles : la vallée les a vus ; le désert (verset 24) pourrait en parler.

La vallée : la vallée de Hinnom (Jérémie 7.31 ; Ésaïe 30.33) où l’on sacrifiait les enfants en l’honneur de Moloch.

Les Baals ; nom générique des idoles dans l’Ancien Testament.

Chamelle légère. Le prophète compare à dessein les enfants d’Israël à des animaux étrangers à la Terre-Sainte et habitués au désert. L’idolâtrie est devenue chez eux comme un instinct animal, une frénésie sauvage.

Croisant tes pas : sans suite ni repos !

24 Onagre habituée au désert…, dans l’ardeur de sa passion, elle aspire l’air ; ses instincts… qui les arrêtera ? Nul de ceux qui la recherchent ne se fatigue ; ils la trouvent en son mois.

Onagre : ânesse sauvage, difficile à prendre à cause de la rapidité de sa course.

Elle aspire l’air : en vue de satisfaire ses instincts.

Nul de ceux qui la recherchent… Ils savent toujours où la trouver ; Israël courait après les étrangers qui, eux, le dédaignaient : c’était bien le dernier degré de la honte. Même pensée Ézéchiel 16.33-34.

25 Prends garde que ton pied ne se déchausse et que ton gosier ne se dessèche ! Mais tu réponds : Inutile ! Non ! Car j’aime les étrangers et je les suivrai.

Prends garde… Dieu l’avertit des maux qui l’attendent au terme de cette conduite. L’image de la course effrénée à travers le désert, verset 24, appelle les expressions figurées du verset 25 : le déchaussement et la soif, qui représentent les maux résultant naturellement de l’idolâtrie ; comparez verset 13. Le peuple s’endurcit contre l’avertissement de son Dieu. Il répond : Inutile ! C’en est fait ; notre parti est pris.

26 Telle la honte du voleur pris sur le fait, ainsi ont été confondus la maison d’Israël, leurs rois, leurs chefs, leurs sacrificateurs et leurs prophètes,

Ont été confondus. La forme de l’original exprime à la fois le passé et le futur. Ils l’ont été et ils le seront encore. La justice de Dieu sera comme l’agent de la force publique qui appréhende au corps le malfaiteur.

27 qui disent au bois : Tu es mon père ; et à la pierre : Tu m’as mis au monde. Car ils m’ont tourné le dos et non la face, et au temps de leur malheur ils diront : Lève-toi et sauve-nous !

Tu es mon père. Ils appellent un morceau de bois leur Créateur. On voyait donc des Israélites tombés jusque dans le fétichisme.

Lève-toi et sauve-nous. La piété qu’on retrouve au jour du malheur n’est pas de bon aloi. L’homme n’invoque alors que la puissance de Dieu ; il ne fait pas appel à sa grâce ; son langage est inspiré par l’intérêt seulement et non par la conscience. Dieu ne saurait tenir compte de semblables retours.

28 Et où sont les dieux que tu t’es faits ? Qu’ils se lèvent, s’ils peuvent te délivrer au temps de ton malheur ; car autant tu as de villes, autant tu as de dieux, ô Juda !

Autant de dieux que de villes. Chaque ville avait son patron céleste. Les inscriptions assyriennes prouvent qu’il en était exactement ainsi en Chaldée et en Assyrie. C’est le cas encore aujourd’hui partout où Dieu n’est pas adoré en esprit et en vérité. L’unité et la spiritualité de l’Être divin sont deux objets de croyance inséparables l’un de l’autre.

29 Pourquoi plaidez-vous contre moi ? Vous vous êtes tous rebellés contre moi, dit l’Éternel.

Pourquoi plaidez-vous contre moi ? Dieu et son peuple sont là s’accusant l’un l’autre ! Le grand tort d’Israël est moins encore son péché même que l’obstination qu’il montre à n’en pas convenir. Il reproche à son Dieu les châtiments qu’il lui dispense (verset 30) et jusqu’à ses délivrances passées (verset 31).

30 C’est en vain que j’ai frappé vos fils, ils n’en ont pas pris instruction ; votre épée a dévoré vos prophètes comme un lion destructeur.

Vos fils, battus à la guerre, n’en sont pas devenus plus humbles et vos épées se sont tournées contre vos prophètes. Comparez 1 Rois 18.4 ; 1 Rois 18.13 ; 1 Rois 19.10 ; 2 Chroniques 24.21 ; 2 Rois 21.16 ; Jérémie 26.23 ; Luc 13.34.

31 Quelle race que la vôtre ! Voyez ce que dit l’Éternel : Ai-je été pour Israël un désert, un pays de noires ténèbres ? Pourquoi mon peuple a-t-il dit : Nous sommes libres ; nous ne reviendrons plus à toi !

L’énergie de l’original est difficile à rendre. Littéralement : Ô engeance, vous !. Le mot dor, que l’on traduit d’ordinaire par génération, doit être pris ici en mauvaise part, pour faire ressortir la solidarité dans le mal qui unit les membres de cette génération les uns aux autres.

Ai-je été un désert ? Ai-je été pour vous ce qu’est pour ses pauvres habitants un pays aride et sans route ?

Nous sommes libres : vieille et éternelle raison des rebelles.

32 Une vierge oublie-t-elle sa parure, une fiancée sa ceinture ? Et mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre.

Une vierge oublie-t-elle ? Israël a traité celui qui était à la fois son vêtement de fête et sa parure, comme la jeune fille ne traite pas ses colifichets. Comparez des images semblables Ésaïe 28.5.

Depuis des jours sans nombre : dès les jours du Sinaï, la révolte d’Israël n’était pas l’effet d’un emportement passager.

33 Que tu sais bien trouver ta route pour courir après des amours ! Tu n’as pas même reculé devant le crime.

Israël emploie son temps et son habileté à se chercher de nouveaux dieux et de nouveaux alliés. Ils regardent, mais non pas en-haut (Osée 7.16).

Tu n’as pas même reculé devant le crime. Littéralement : Tu as enseigné le crime à ta voie, ou : Tu as accoutumé tes voies au crime. Le crime, c’était le meurtre des prophètes dont il va être parlé.

34 Jusque sur les pans de tes vêtements, on aperçoit le sang de pauvres innocents que tu n’avais point surpris en délit d’effraction, mais que tu as tués pour toutes ces choses…

Ces innocents mis à mort sont les prophètes qui ont été tués sans cependant avoir été surpris en flagrant délit d’effraction ; il faut comparer ici la loi Exode 22.1. Ces paroles rappellent celles du verset 30 ; comparez l’histoire de Manassé (2 Rois 21.16).

Mais … pour toutes ces choses ; passage difficile ; il faut sous-entendre : à cause des censures dont les péchés du peuple étaient l’objet de la part des prophètes. Leur fidélité fut la seule cause de leur mort. On sent dans ces mots une émotion contenue ; Jérémie n’ignore pas qu’en parlant ainsi à ces meurtriers, il joue sa propre vie.

35 Et tu dis : Je suis innocente ; sa colère s’est bien détournée de moi. Me voici pour te faire le procès sur ce que tu dis : Je n’ai pas péché !

Et tu dis : voilà leur plaidoirie mentionnée verset 29.

Me voici pour te faire le procès. Dieu ne plaide déjà plus, il juge ; et le péché qu’il condamne en premier lieu, c’est la propre justice. Le répit momentané dont Israël jouissait sous Josias, au lieu d’être envisagé par le peuple comme un motif de conversion, était interprété comme un démenti donné par l’événement aux menaces des anciens prophètes.

36 Pourquoi tant de hâte à changer ta route ? Tu seras rendue confuse par l’Égypte aussi bien que tu l’as été par l’Assyrie ;

Après les alliances avec l’Assyrie (au temps d’Achaz et de Tiglath-Piléser, 2 Rois 16.7), dont le dernier résultat avait été la captivité de Manassé, on se tournait vers l’Égypte qui paraissait se relever. Le second de ces systèmes ne devait pas mieux réussir que l’autre (2 Rois 23.31-35) ; comparez le même langage à l’égard de l’Égypte, dans la bouche de Rabsaké (2 Rois 18.21).

37 tu reviendras de là aussi les mains sur la tête, car l’Éternel a rejeté ceux en qui tu mettais ta confiance, et tu ne réussiras point par leur moyen.

Les mains sur la tête : le geste du désespoir chez une femme déshonorée (2 Samuel 13.9). La honte s’ajoutera pour Israël à la défaite.