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Genèse 44
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Genèse 44

L’épreuve finale

Joseph a besoin de savoir si les dispositions de ses frères ont changé depuis le jour où, mus par la jalousie, ils l’ont vendu aux Ismaélites. Benjamin est maintenant le favori de son père et en Égypte, quoique cadet, il est l’objet d’honneurs extraordinaires. Leur cœur est-il encore dominé par la jalousie ? Joseph va leur donner l’occasion de le manifester, en faisant passer Benjamin pour voleur et leur donnant ainsi un prétexte pour l’abandonner.

1 Et il donna cet ordre à l’intendant de sa maison : Remplis de blé les sacs de ces hommes, autant qu’ils en peuvent porter, et mets l’argent de chacun à l’entrée de son sac.

Mets l’argent… Le but de Joseph est le même que dans Genèse 42.25, note.

2 Et ma coupe, la coupe d’argent, tu la mettras à l’entrée du sac du plus jeune, avec l’argent de son blé. Et il fit comme Joseph lui avait dit. 3 Le matin, dès qu’il fit jour, ces hommes furent congédiés avec leurs ânes. 4 Ils étaient sortis de la ville et ils n’étaient pas encore éloignés, quand Joseph dit à l’intendant de sa maison : Lève-toi, poursuis ces hommes et atteins-les, et dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? 5 N’est-ce pas la coupe dont mon maître se sert pour boire et pour deviner ? Vous avez mal fait d’agir ainsi.

Pour deviner. La divination par la coupe était un des nombreux modes de la magie, qui se pratiquaient journellement en Égypte ; il était aussi usité en Perse. On versait de l’eau dans un vase et on examinait les mouvements qui s’y produisaient ; ou bien l’on jetait dans un vase rempli d’eau des paillettes d’or ou d’argent ou des pierres précieuses et l’on interprétait les figures qui en résultaient.

Il ne ressort pas nécessairement de cette parole que Joseph se livrât à ces pratiques superstitieuses, car lui-même fait dériver ailleurs son don de divination d’une source surnaturelle (Genèse 40.8 ; Genèse 41.16 Comparez encore verset 45, note). Ce n’est sans doute là pour lui qu’un moyen d’intimider ses frères et de sonder leurs dispositions à l’égard de Benjamin.

6 Et il les atteignit et leur dit ces paroles. 7 Et ils lui répondirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il de la sorte ? Loin de tes serviteurs de commettre une telle action ! 8 Voici, l’argent que nous avons trouvé à l’entrée de nos sacs, nous te l’avons rapporté du pays de Canaan ; et comment aurions-nous dérobé de la maison de ton maître de l’argent ou de l’or ? 9 Celui de tes serviteurs chez qui on la trouvera, qu’il meure, et nous-mêmes, nous deviendrons esclaves de mon seigneur. 10 Et il dit : Soit ! Qu’il en soit maintenant comme vous avez dit ; que celui chez qui on la trouvera soit mon esclave, et vous, vous serez quittes.

L’intendant accepte leur proposition, mais l’adoucit aussitôt. Pour le but que Joseph se propose ici, il importe que Benjamin soit seul retenu, les autres étant laissés libres.

11 Et ils se hâtèrent de déposer chacun son sac à terre, et ils ouvrirent chacun son sac. 12 Et il fouilla, en commençant par l’aîné et finissant par le plus jeune. Et la coupe se trouva dans le sac de Benjamin. 13 Et ils déchirèrent leurs vêtements, et chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

Leur douleur et la fidélité dont ils font preuve en retournant avec, Benjamin témoignent déjà en leur faveur.

14 Et Juda avec ses frères vint à la maison de Joseph, qui s’y trouvait encore, et ils se jetèrent à terre devant lui.

Juda avec ses frères… Sur le rôle prépondérant de Juda dans tout ce récit, voir Genèse 48.3, note.

15 Et Joseph leur dit : Quelle est cette action que vous avez faite ? Ne saviez-vous pas qu’un homme tel que moi ne manque pas de deviner ?

Un homme tel que moi : Un des sages de l’Égypte, initié à ses mystères et par conséquent habile dans les arts magiques que pratiquent ses prêtres.

Ne manque pas de deviner. Il n’attribue pas son don de deviner à sa coupe, puisqu’il peut même deviner qui la lui a dérobée.

16 Et Juda dit : Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Nous voici esclaves de mon seigneur, nous aussi bien que celui entre les mains de qui la coupe s’est trouvée.

Dieu a trouvé l’iniquité… Ils sont innocents dans le cas actuel, mais un autre péché pèse sur leur conscience : le crime commis à l’égard de Joseph ; et la position désespérée où ils se trouvent leur apparaît comme la juste punition de ce crime. Cette parole est plutôt un cri de la conscience qu’une réponse à Joseph.

17 Et il dit : Loin de moi d’agir ainsi ! L’homme entre les mains duquel la coupe a été trouvée, lui, deviendra mon esclave ; et vous, remontez en paix vers votre père.

Joseph pousse l’épreuve à la dernière limite en leur offrant la possibilité de repartir sans Benjamin.

18 Et Juda s’approcha de lui et dit :
De grâce, mon seigneur ! Qu’il soit permis à ton serviteur de dire une parole aux oreilles de mon seigneur, et que ta colère ne s’enflamme point contre ton serviteur ; car tu es l’égal de Pharaon.

La réponse touchante de Juda achève de montrer à Joseph le changement qui s’est opéré chez eux.

Tu es l’égal de Pharaon. Tu peux, comme Pharaon lui-même, disposer de notre vie.

19 Mon seigneur a interrogé ses serviteurs en disant : Avez-vous père ou frère ? 20 Et nous avons dit à mon seigneur : Nous avons un père âgé et un jeune garçon qui lui est né en sa vieillesse ; et son frère est mort, et celui-ci est resté seul de sa mère, et son père l’aime. 21 Et tu as dit à tes serviteurs : Faites-le descendre vers moi, et que je le voie de mes yeux. 22 Et nous avons dit à mon seigneur : Le jeune garçon ne peut quitter son père ; et s’il le quitte, son père mourra. 23 Et tu as dit à tes serviteurs : Si votre jeune frère ne descend avec vous, vous ne reverrez pas ma face. 24 Et lorsque nous sommes remontés vers ton serviteur mon père, nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur. 25 Et notre père dit : Retournez nous acheter un peu de vivres. 26 Et nous avons dit : Nous ne pouvons descendre ; si notre jeune frère est avec nous, nous descendrons ; car nous ne pouvons pas voir la face de cet homme, que notre jeune frère ne soit avec nous. 27 Et ton serviteur mon père nous a dit : Vous savez vous-mêmes que ma femme m’a enfanté deux fils.

Ils rapportent sans aucune pensée d’envie cette parole dans laquelle Jacob laissait percer sa prédilection toute particulière pour Rachel et ses deux fils. Comparez Genèse 46.19.

28 L’un s’en est allé d’avec moi, et j’ai dit : Il faut qu’il ait été dévoré ; et je ne l’ai pas revu jusqu’à présent.

Il faut qu’il ait été dévoré. C’est maintenant, que Joseph apprend ce que Jacob avait pensé de sa disparition.

Dans tout ce discours, Juda mentionne plusieurs traits particuliers que l’historien n’avait pas racontés au chapitre 42, mais qui ont une valeur spéciale dans cet entretien.

29 Si vous emmenez encore celui-ci de devant moi et qu’il lui arrive malheur, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec douleur au sépulcre. 30 Et maintenant, quand je viendrai vers ton serviteur mon père, si le jeune homme n’est pas avec nous, lui dont l’âme est étroitement liée à son âme, 31 il arrivera, dès qu’il verra que le jeune homme n’y est pas, qu’il mourra, et tes serviteurs auront fait descendre les cheveux blancs de ton serviteur notre père avec douleur dans le sépulcre. 32 Car ton serviteur a répondu du jeune homme en le prenant à mon père ; et il a dit : Si je ne te le ramène, je serai coupable envers mon père à tout jamais. 33 Maintenant donc, que ton serviteur demeure, je te prie, esclave de mon seigneur au lieu du jeune garçon, et que le jeune garçon remonte avec ses frères. 34 Car comment remonterais-je vers mon père, si le jeune garçon n’est avec moi ? Que je ne voie pas la douleur qui atteindrait mon père !