Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Ezéchiel 34
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Ezéchiel 34

Le nouveau David

Après avoir rappelé les conditions spirituelles que doivent remplir les exilés pour que Dieu puisse accorder au peuple la restauration totale qu’il lui destine, le prophète passe à la description de celle-ci. Il commence par le bienfait qui doit être le fondement durable du salut, le don du nouveau roi théocratique par lequel seront remplacés les anciens chefs qui avaient amené la ruine du peuple.

Il décrit d’abord les mauvais bergers et leur destitution (versets 1 à 10) ; puis l’Éternel déclare qu’il prendra lui-même en main la conduite de son troupeau (versets 11 à 16) et opérera un triage entre ses membres (versets 17 à 19) ; enfin il annonce la venue du second David par lequel il accomplira ses décrets de grâce envers Israël et l’état glorieux dont jouira le peuple sous le sceptre de ce roi (versets 20 à 31).

Ces tableaux renferment des promesses qui se réaliseront à l’heure et dans la mesure où la conduite du peuple envers son Dieu le permettra.

1 La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Dans les versets 1 à 7, le prophète signale l’égoïsme qui animait les souverains israélites et leur manque de sollicitude pour le troupeau qui leur était confié. Depuis le verset 8 il annonce leur rejet. Cette prophétie est évidemment une imitation de celle de Jérémie 32.1-8.

2 Fils d’homme, prophétise sur les pasteurs d’Israël, prophétise et dis-leur, à ces pasteurs : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Malheur aux pasteurs d’Israël, qui n’ont fait que se paître eux-mêmes ! N’est-ce pas le troupeau que les pasteurs doivent paître ?

Le terme de pasteurs désigne ici uniquement les chefs politiques de la nation, non les sacrificateurs et les prophètes car Jérémie lui-même ne parle que plus tard de ces deux dernières classes de personnes (Jérémie 23.9-40). Chez les anciens, les bergers des peuples, ce sont toujours les rois. L’opposition du nouveau David aux mauvais bergers (verset 23) confirme ce sens restreint.

3 Vous mangez la graisse, vous vous revêtez de la laine, vous tuez ce qui est en bon point, vous ne paissez point le troupeau.

Les rois ont exploité pour eux-mêmes les richesses du peuple.

4 Vous n’avez point fortifié les brebis débiles, vous n’avez point guéri celle qui était malade, vous n’avez point pansé celle qui était blessée, vous n’avez point ramené celle qui s’était écartée, vous n’avez point cherché celle qui était perdue ; mais vous avez dominé sur elles avec violence et cruauté.

Ils ne se sont point intéressés au soulagement de leurs sujets souffrants, indigents, opprimés, non plus qu’à l’amélioration morale de ceux qui se livraient au mal.

5 Elles se sont dispersées, faute de pasteur ; elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages et elles se sont dispersées !

Ézéchiel pense aux nombreuses déportations qu’avait subies le peuple par la faute, de ses souverains (verset 13).

Les bêtes sauvages désignent les conquérants païens qui ont à maintes reprises dévasté le pays.

6 Mes brebis sont errantes par toutes les montagnes et sur toute colline élevée. Mes brebis ont été dispersées sur toute la face du pays, sans que personne s’enquît d’elles et que personne les cherchât.

Ce tableau se rapporte spécialement à l’état actuel du pays, à la suite de la ruine de Jérusalem (Ézéchiel 33.27-28).

7 C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole de l’Éternel : 8 Je suis vivant ! Dit le Seigneur l’Éternel : parce que mes brebis ont été mises au pillage, que mes brebis ont été la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, et que mes pasteurs ne s’enquéraient point de mes brebis, mais que ces pasteurs se paissaient eux-mêmes, et ne paissaient pas mes brebis, 9 à cause de cela, ô pasteurs, écoutez la parole de l’Éternel : 10 Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Je me tourne vers les pasteurs, je leur redemanderai mes brebis, et je ferai qu’ils n’auront plus de troupeau à paître, et les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes, et j’arracherai mes brebis à leur bouche, et ils ne les auront plus pour les manger. 11 Car ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Me voici, moi ! Je m’enquerrai de mes brebis et j’irai à leur recherche.

L’Éternel, le vrai berger de son peuple, intervient lui-même pour mettre fin à cet état de choses et en fonder un meilleur ; comparez Exode 2.24-25 ; Exode 3.7-8 ; Ésaïe 40.11.

Je m’enquerrai : il prend connaissance de l’état de dispersion et de souffrance où son troupeau est réduit.

À leur recherche : il prend des mesures effectives pour les tirer de cet état.

12 Comme un pasteur va à la recherche de son troupeau, au jour où il se trouve parmi ses brebis éparses, ainsi j’irai à la recherche de mes brebis et je les retirerai de tous les lieux où elles ont été dispersées en un jour de nuages et de ténèbres,

Premier degré de la restauration il les réunit pour le retour.

13 et je les ferai sortir d’entre les peuples et les rassemblerai des divers pays, et je les amènerai sur leur propre sol, et je les paîtrai sur les montagnes d’Israël, dans les vallons et dans tous les lieux habités du pays.

Le retour lui-même.

Montagnes, vallons : ces expressions ont du charme pour ceux qui sont exilés au milieu des plaines uniformes de la terre d’exil ; elles réveillent les souvenirs riants de la patrie.

14 Je les paîtrai dans de bons pâturages, et leur bétail sera sur les hautes montagnes d’Israël ; elles reposeront dans un bon bercail et paîtront dans un gras pâturage sur les montagnes d’Israël. 15 C’est moi qui paîtrai mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer, dit le Seigneur l’Éternel. 16 Je chercherai celle qui sera perdue, je ramènerai celle qui sera égarée, je panserai celle qui est blessée, et je fortifierai celle qui est malade. Mais celle qui est grasse et celle qui est forte, je les détruirai : je les paîtrai avec justice.

Dieu lui-même fera ce à quoi les anciens souverains ne songeaient pas ; il remédiera à toutes les formes de la misère physique et morale.

Mais pour cela il devra encore exercer un triage au sein même de la nation. Car il n’y avait pas seulement en Israël de mauvais rois ; il y avait aussi des membres du peuple riches et puissants, qui opprimaient les autres. Ce sont ceux qu’Ézéchiel désigne par celle qui est grasse et celle qui est forte. L’Éternel agira envers eux avec justice.

17 Et vous, mes brebis, ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Je vais juger entre les brebis et les brebis, béliers et boucs.

Entre brebis et brebis, c’est-à-dire entre les brebis faibles, malades et les brebis grasses, fortes.

Béliers et boucs ; il ne faut pas traduire comme s’il y avait : entre béliers et boucs ; car ces deux termes s’appliquent uniquement à la seconde classe de brebis, les brebis grasses et fortes. En hébreu, le mot employé ici pour brebis est très général, il comprend tout le menu bétail, chèvres et moutons, mâles et femelles.

18 Est-ce trop peu pour vous de paître dans un bon pâturage, que vous fouliez de vos pieds ce qui reste à pâturer après vous, de boire les eaux limpides, que vous troubliez de vos pieds ce qui en reste ?

Est-ce trop peu ? L’image est tirée du moment où le troupeau est conduit au pâturage ou à l’abreuvoir ; non seulement les brebis les plus fortes s’élancent les premières, en écartant les faibles, mais elles gâtent l’aliment et le breuvage qui restaient pour celles-ci. Les forts en Israël ne se contentaient pas de jouir des biens de Canaan ; ils en privaient durement les faibles, qui y avaient pourtant droit aussi bien qu’eux.

19 Et mes brebis brouteraient ce que vos pieds ont foulé, et boiraient ce que vos pieds ont troublé ! …

Comment l’Éternel ne ferait-il pas cesser cet état de choses révoltant ?

20 C’est pourquoi, ainsi leur parle le Seigneur l’Éternel : Je vais juger, moi, entre la brebis grasse et la brebis maigre.

Le nouveau David et le bonheur d’Israël sous son sceptre (20-31)

Développement de la scène esquissée verset 18.

Le jugement annoncé est le prélude nécessaire de l’acte de grâce (comparez Ézéchiel 20.33-38).

21 Parce que vous avez poussé du flanc et de l’épaule, et heurté de vos cornes toutes les brebis débiles, jusqu’à ce que vous les eussiez dispersées au dehors, 22 je sauverai mes brebis, de sorte qu’elles ne seront plus au pillage, et je jugerai entre brebis et brebis. 23 Et je leur susciterai un seul pasteur qui les paîtra, mon serviteur David ; c’est lui qui les paîtra, et c’est lui qu’elles auront pour pasteur.

Un seul pasteur. La royauté sur Israël ne sera plus partagée, comme elle l’était pendant le schisme qui avait séparé les deux royaumes ; l’unité primitive du peuple et de la royauté sera rétablie ; comparez Ézéchiel 37.22.

Mon serviteur David. David, le grand roi (Matthieu 5.35), le père de la famille royale, en qui elle reste personnifiée, le fondateur principal de l’unité politique et religieuse de la nation, est dans le passé le type naturel du grand roi futur promis à Israël.

24 Et moi, l’Éternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’elles. Moi, l’Éternel, j’ai parlé.

Le Messie est distingué ici de l’Éternel, comme son représentant visible ; c’est lui qui exerce ici-bas la souveraineté divine. Comparez Luc 5.24.

25 Et je traiterai avec elles une alliance de paix. Et je ferai disparaître du pays les bêtes féroces, et ils habiteront en sécurité dans le désert et dormiront dans la forêt.

Une alliance de paix : cette alliance nouvelle dont Jérémie avait signalé les caractères intérieurs (Jérémie 31.31 et suivants), est décrite ici par Ézéchiel au point de vue des bienfaits extérieurs.

Les bêtes féroces : les peuples païens qui jadis ravageaient le pays.

La forêt : l’endroit ordinairement le moins sûr pour les brebis. Cette image indique l’éloignement absolu de tout danger.

26 Et je ferai qu’il y aura bénédiction sur eux et sur les environs de ma colline. Je ferai tomber la pluie en sa saison ; ce seront des pluies de bénédiction.

Littéralement : Ils seront bénédiction eux et les environs… ; pour dire qu’il n’y aura que bénédiction et en eux et autour d’eux.

Ma colline : celle de Sion.

La pluie en sa saison. Tout dépend en Palestine, pour la fertilité du pays, des deux principales saisons de pluie, en octobre et novembre et en mars et avril.

Des pluies de bénédiction et non pas, comme Ézéchiel 13.11 et ailleurs, des averses qui balaient tout.

27 L’arbre des champs donnera son fruit, et la terre donnera son produit, et ils seront en toute sécurité sur leur sol, et ils sauront que je suis l’Éternel, quand je briserai les barres de leur joug et les arracherai de la main de ceux qui les asservissent,

Les barres de leur joug : comparez Lévitique 26.13. Les jougs se composaient de deux pièces de bois parallèles. Dieu promet non seulement la délivrance de la captivité, mais la fin de toute servitude.

28 et ils ne seront plus un butin pour les nations, et les bêtes de la terre ne les dévoreront plus, et ils habiteront en toute sécurité sans que personne les effraie. 29 Je ferai pousser pour eux une végétation qui leur donnera du renom. Ils ne seront plus enlevés par la famine dans le pays et ne porteront plus l’opprobre des nations.

Une végétation de renom. Le terme hébreu ne désigne pas, comme on l’a cru, une plante particulière qui signalera le pays de Canaan à l’attention des peuples. L’Éternel promet à la terre d’Israël que nous appellerions en langage moderne une flore magnifique, une abondance de fleurs et de fruits de toute espèce, qui rendra célèbre le peuple possesseur de cet Éden (comparez Genèse 2.9 et Lévitique 26.4).

30 Et ils sauront que moi l’Éternel leur Dieu, je suis avec eux et qu’ils sont mon peuple, eux la maison d’Israël ! Dit le Seigneur l’Éternel.

Ce qui mettra le comble à cette prospérité extérieure, ce sera le sentiment qu’elle est un don de Dieu, un effet du lien étroit et vivant qui existe désormais entre lui et son peuple.

31 Et vous mes brebis, les brebis que je pais, vous êtes hommes ; et moi, je suis votre Dieu, dit le Seigneur l’Éternel.

On a traduit diversement ce verset ; le sens adopté nous a paru le plus simple.

Les brebis que je pais ; littéralement : le troupeau de ma pâture, c’est-à-dire : que je pais moi-même ; cette expression est tirée de Jérémie 23.1.

Vous êtes hommes. Ézéchiel ne veut pas dire que dans ce cas-ci le troupeau se composera d’êtres humains, ce qui serait oiseux. Comme Dieu s’adresse souvent à lui en l’appelant fils d’homme, afin de faire contraster sa faiblesse propre avec la toute-puissance du Dieu qui lui parle, ainsi Dieu rappelle ici aux Juifs leur faiblesse, leur néant, pour leur faire sentir toute la condescendance qu’il y a de sa part à les appeler mes brebis et à se nommer lui-même : Je suis votre Dieu. Il y a dans la foi en un pareil Dieu de quoi surmonter toutes les objections que pourrait élever leur cœur contre la possibilité de l’accomplissement des promesses précédentes.

Naturellement, toutes ces bénédictions spirituelles et temporelles ne pouvaient devenir le partage d’Israël qu’autant qu’il se soumettrait au sceptre du nouveau David. L’incrédulité des Juifs envers le Roi divin apparu en Jésus leur a attiré une nouvelle époque de châtiment et ce ne sera qu’au terme de celle-ci que pourront enfin se réaliser ces promesses. En attendant, ce qui est dit ici des mauvais bergers s’applique, durant le règne spirituel de Jésus-Christ, à ses agents, dans le domaine spirituel, qui usent de leur charge et de leurs dons en vue d’eux-mêmes et non du troupeau. Pour l’opposition entre les mauvais pasteurs et le bon berger, comparez Jean 10.1-16.