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Ezéchiel 14
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Ezéchiel 14

Inutilité soit d’interroger le prophète, soit d’intercéder auprès de Dieu.

Ce chapitre exprime avec énergie l’indignation dont Dieu est rempli à la vue de l’idolâtrie qui continue à régner dans le peuple. Il refusera de donner aucune réponse, par l’organe de ses prophètes à des gens ainsi disposés, se réservant de leur répondre lui-même par ses châtiments (versets 1 à 11). L’intercession même n’aura plus d’accès auprès de lui pour sauver un tel peuple (versets 12 à 23). On voit que les faux prophètes et les fausses prophétesses contre lesquels était dirigé le discours précédent, n’étaient pas les seuls coupables dans le peuple et que, même chez les exilés, les pratiques idolâtres n’avaient point pris fin.

1 Quelques-uns des anciens d’Israël vinrent auprès de moi et s’assirent devant moi.

Quel était le but de la démarche faite par les anciens auprès d’Ézéchiel ? On peut conclure du verset 3 qu’ils étaient venus l’interroger sur leurs affaires particulières. C’est à cette démarche que se rapporte la première direction divine donnée ici au prophète.

Quelques-uns des anciens : voir Ézéchiel 8.1, note.

2 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : 3 Fils d’homme, ces hommes-là ont dressé leurs idoles infâmes dans leur cœur, et ils mettent devant leur face l’achoppement qui les fait pécher. Me laisserai-je interroger par eux ?

Ont dressé dans leur cœur, littéralement : sur leur cœur. Leur cœur est comme le piédestal sur lequel les idoles sont dressées. Lors même que les captifs valaient mieux que leurs frères de Judée, ils étaient trop profondément infectés d’idolâtrie pour être guéris tout d’un coup.

Ils mettent devant leur face. Ils ne se contentent pas de contempler dans leur cœur les fausses divinités ; ils en dressent des images matérielles devant leurs yeux dans leurs maisons.

Me laisserai-je… Dieu n’écoute pas la prière qui lui est adressée par un cœur sans droiture (Psaumes 66.18 ; Proverbes 28.9) ; à combien plus forte, raison refusera-t-il de répondre par l’organe de son prophète à ceux qui, tout en se livrant à l’idolâtrie, viennent le consulter en ce qui les concerne. Comparez le silence de Dieu à l’égard de Saül 1 Samuel 28.6 et la réponse faite à la femme de Jéroboam 1 Rois 14.6-16.

4 C’est pourquoi parle-leur et leur dis : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Quiconque de la maison d’Israël dresse en son cœur ses idoles infâmes et met devant sa face l’achoppement qui le fait pécher, s’il vient vers le prophète, moi l’Éternel je lui répondrai par le salaire de ses nombreuses idoles,

Moi l’Éternel… C’est Dieu lui-même qui se chargera de répondre à ces consultations profanes, en châtiant ceux qui se les permettent.

Par le salaire de ses nombreuses idoles. Il y a littéralement : dans la multitude de ses idoles. C’est une expression concise et énergique pour dire : Par la punition que mérite la multitude de ses idoles. Autant d’idoles, autant de ces réponses dont chacune sera un châtiment.

5 pour prendre ceux de la maison d’Israël par leur propre cœur, eux qui, avec toutes leurs idoles infâmes, se sont détournés de moi.

Pour prendre… par leur propre cœur : ce sont les coupables eux-mêmes, qui, d’après le verset précédent, déterminent par l’égarement de leur cœur la mesure de leur punition.

6 C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Revenez et détournez-vous de vos idoles infâmes et détournez votre face de toutes vos abominations.

C’est pourquoi : Puisqu’il en est ainsi, quoi qu’ils te demandent, ne leur fais d’autre réponse que celle-ci : Convertissez-vous.

7 Car quiconque de la maison d’Israël ou des étrangers demeurant en Israël, se détourne de moi, dresse ses idoles infâmes dans son cœur et met devant sa face l’achoppement qui le l’ait pécher, s’il vient vers le prophète pour qu’il me consulte pour lui, moi l’Éternel, je lui répondrai moi-même.

Ou des étrangers. La loi assimilait sur bien des points les étrangers aux Israélites (Exode 20.10 ; Lévitique 17.8).

Je répondrai moi-même : voir verset 4, note.

8 Je tournerai ma face contre cet homme-là, je le détruirai pour faire de lui un signe et un proverbe, je le retrancherai du milieu de mon peuple, et vous saurez que je suis l’Éternel.

Un signe et un proverbe. Cet homme deviendra un monument de la malédiction divine et son nom restera proverbial ; on dira : Prenez garde qu’il ne vous arrive comme à un tel ! Comparez Jérémie 29.22.

9 Et quant au prophète, s’il se laisse entraîner et qu’il prononce quelque parole, c’est moi l’Éternel qui aurai entraîné ce prophète ; j’étendrai ma main sur lui et je l’exterminerai du milieu de mon peuple d’Israël.

Le prophète ainsi consulté pourrait, sans mauvaise intention, se laisser aller à donner un conseil à de telles gens, comme Ézéchiel, par exemple, eût pu la faire en ce moment envers les anciens qui l’entouraient. Mais ce serait une faiblesse coupable ; car Dieu n’a rien à dire à ces hommes, aussi longtemps qu’ils persistent dans leur infidélité.

Qui aurai entraîné. Le prophète persistant à parler malgré Dieu, Dieu dirigera sa parole de telle sorte que le conseil qu’il donnera tournera à la fois à la ruine de celui qui le reçoit et au châtiment de celui qui l’aura donné (verset 10). L’exemple de Balaam peut, jusqu’à un certain point, servir d’illustration à cette parole.

10 Ils porteront la peine de leur iniquité : telle la peine, de celui qui consulte, telle sera la peine du prophète, 11 afin que ceux de la maison d’Israël ne s’égarent plus loin de moi et ne se souillent plus par toutes leurs rébellions. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu, dit le Seigneur l’Éternel.

L’extermination des rebelles, soit peuple, soit prophètes, a un but d’amour : ramener le peuple à son Dieu et rendre Dieu à son peuple.

12 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Tout comme les idolâtres interrogent Dieu inutilement (versets 1 à 11), ce serait vainement que le prophète ou quelqu’autre juste intercéderait auprès de lui en faveur de Jérusalem.

13 Fils d’homme, si un pays péchait contre moi par révolte, et si j’étendais ma main sur lui, lui rompant le bâton du pain, et si je lui envoyais la famine, en retranchant hommes et bêtes,

Si un pays. Cette expression abstraite vise Jérusalem, comme les expressions analogues quiconque et le prophète (versets 4 et 7) désignaient indirectement les anciens et Ézéchiel.

Péchait par révolte : le péché de perfidie, la révolte consciente et réfléchie contre l’Éternel ; comparez 2 Chroniques 26.16-19 (Ozias).

La famine. Aucune intercession ne détournerait ce fléau, non pas même celle de Noé, de Daniel et de Job réunis. De ces trois hommes, le premier et le troisième, ont sauvé par leur intercession, l’un sa famille et avec elle l’humanité, l’autre, ses fils et ses filles, jusqu’à l’épreuve que Dieu jugea bon de lui envoyer (Job 1.4-5), puis ses amis (Job 42.7-8). Quant à Daniel il saute aux yeux que sous ce nom Ézéchiel ne peut désigner que le prophète bien connu qui était alors l’un des dignitaires les plus élevés de la cour de Babylone. Daniel avait été transporté en Orient par Nébucadnetsar immédiatement après la bataille de Carkémis (606-604) et deux ans après il avait été élevé à l’un des postes les plus éminents de l’empire chaldéen. Si donc le discours actuel d’Ézéchiel date de cinq ans environ avant la ruine de Jérusalem (588-586), il y avait plus d’une douzaine d’années que Daniel remplissait ces hautes fonctions. Peut-être avait-il déjà rendu d’importants services à ses compatriotes malheureux et en particulier à la colonie de Tel-Abib. Il est naturel qu’Ézéchiel pense à lui en cherchant parmi ses contemporains vivants un intercesseur à associer aux deux anciens personnages qu’il vient de nommer. C’est donc peine absolument perdue que de chercher, dans les temps antiques, un autre Daniel que celui-là. L’histoire ne mentionne pas un seul personnage de ce nom ; or il est évident que l’homme désigné ici devait être un juste devenu célèbre par l’efficacité de ses prières, puisqu’il est associé à deux hommes aussi illustres que Job et Noé. Mais il ne faut pas oublier cette différence, entre ceux-ci et Daniel, que leur présence en ce moment n’est qu’une supposition impossible, tandis que celle de Daniel est une réalité. Voilà sans doute la raison pour laquelle, celui-ci est placé entre les deux autres. Tout échouerait donc, même si, cet intercesseur vivant se mettant à prier, les deux morts venaient se placer à sa droite et à sa gauche, pour appuyer son intercession de la leur (Exode 17.10-12).

14 et que ces trois hommes y fussent, Noé, Daniel et Job, ils délivreraient, eux, leur âme par leur justice, dit le Seigneur l’Éternel. 15 Si je faisais passer dans le pays des bêtes malfaisantes et qu’elles détruisissent ses enfants, et qu’il devînt un désert où personne ne passerait plus à cause des bêtes,

Trois nouvelles suppositions (15-20)

Ces trois fléaux sont souvent réunis au précédent avec quelques modifications (Jérémie 15.2-3 ; Apocalypse 6.4-8). Contre chacun de ces fléaux isolément, l’intercession réunie de ces trois hommes, dans les circonstances actuelles, ne pourrait rien.

Ils délivreraient leur âme. La prière du juste faite avec zèle est d’une grande efficace, sans doute (Jacques 5.16) ; mais ici elle n’influerait que sur le sort du juste priant, car, quant à Jérusalem, sa mesure est pleine et déborde. On a vu là une contradiction avec Genèse 18.23 et suivants, mais à tort. La situation morale de Jérusalem, après tant de siècles de rébellion volontaire était toute différente de celle de Sodome au temps d’Abraham ; c’est précisement pour cette raison que le prophète a employé au verset 13 cette expression : Si un pays péchait contre moi par révolte.

16 ces trois hommes y étant, je suis vivant, dit le Seigneur l’Éternel : ils ne délivreraient ni fils ni filles ; ils seraient délivrés eux seuls ; mais le pays serait dévasté. 17 Ou si je faisais venir l’épée sur ce pays-là et que je disse : l’épée passera sur le pays si j’en retranchais hommes et bêtes, 18 et que ces trois hommes fussent là, je suis vivant, dit le Seigneur l’Éternel : ils ne délivreraient ni fils ni filles ; car ils seraient sauvés eux seuls. 19 Ou si j’envoyais la peste sur ce pays-là et que je répandisse sur lui mon courroux dans le sang, en en retranchant hommes et bêtes,

Dans le sang : c’est la traduction littérale des mots hébreux et ce sens convient parfaitement : Le courroux de l’Éternel se répandra dans le sang comme un venin qui le viciera et produira la peste.

20 et que Noé, Daniel et Job fussent là, je suis vivant, dit le Seigneur l’Éternel : ils ne délivreraient ni un fils ni une fille ; eux, par leur justice, délivreraient leur âme. 21 Car ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Même quand j’aurai envoyé contre Jérusalem mes quatre punitions, l’épée, la famine, les bêtes malfaisantes et la peste, pour en retrancher hommes et bêtes,

Les trois intercesseurs réunis n’auraient pu délivrer le pays coupable de chacun des quatre fléaux agissant isolément ; combien moins pourraient-ils délivrer Jérusalem des quatre réunis, qui vont être déchaînés sur cette ville !

Car ainsi parle. Le car s’explique ainsi : En effet, s’il y en a qui échappent (verset 22) cela sera dû, non à une intercession quelconque, mais à la seule volonté de l’Éternel. Cette volonté est expliquée dans les deux versets suivants.

22 voici, il échappera un reste qu’on fera sortir, des fils et des filles. Voici, ils sortiront vers vous ; vous verrez leur conduite et leurs actions, et vous vous consolerez du mal que j’aurai fait venir sur Jérusalem, de tout ce que j’aurai fait venir sur elle,

Les déportés, échappés au massacre de Jérusalem, en arrivant en Babylonie, y fourniront par leur inconduite la démonstration convaincante de la justice de Dieu qui a frappé les restes du peuple et de la nécessité de ce châtiment suprême. Et il y aura là une consolation pour les anciens captifs ; car, au lieu de s’irriter de la conduite de Dieu, ils devront y donner leur approbation. Or une dispensation à laquelle on adhère perd aussitôt son amertume et produit ce fruit paisible de justice, qui console par sa douceur intime celui qui est éprouvé de la sorte (Hébreux 12.11).

23 Ils vous consoleront quand vous verrez leur conduite et leurs actions, et vous reconnaîtrez que ce n’est pas sans cause que j’aurai fait tout ce que j’aurai fait en elle, dit le Seigneur l’Éternel.