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Ezéchiel 12
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Ezéchiel 12

L’annonce de la fuite du roi et du peuple

Le prophète reçoit l’ordre de représenter par un acte symbolique la fuite humiliante du roi Sédécias, lorsqu’il sera réduit à abandonner Jérusalem à l’ennemi vainqueur (versets 1 à 16) ; il décrit ensuite les maux qui fondront sur le pays à la suite de cet événement (versets 17 à 20) ; il atteste enfin la vanité des discours par lesquels on se rassure à l’ouïe des menaces divines (versets 21 à 28).

1 La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : 2 Fils d’homme, tu habites au milieu d’une maison de rebelles, qui ont des yeux pour voir et qui ne voient point, qui ont des oreilles pour entendre et qui n’entendent point ; car ils sont une maison de rebelles.

Comparez Deutéronome 29.4 ; Ésaïe 6.9 ; Jérémie 5.21 ; Matthieu 13.14-15.

C’est l’insensibilité morale du peuple qui oblige l’Éternel à lui parler par signes.

3 Et toi, fils d’homme, fais-toi un bagage d’émigrant et émigre de jour, à leurs yeux ; émigre de ce lieu-ci dans un autre, à leurs yeux. peut-être verront-ils qu’ils sont une maison de rebelles ;

Un bagage d’émigrant : un sac de bardes, les provisions et les ustensiles de voyage, la gourde et le bâton.

De jour. Tout ce bagage devait être porté à la rue en plein jour, aux yeux de tous.

4 sors ton bagage comme un bagage d’émigrant, de jour, à leurs yeux ; et toi, sors le soir, à leurs yeux, comme on sort pour émigrer ;

Le soir. Les voyages, en Orient, se font souvent de nuit, afin de profiter de la fraîcheur ; ce n’est pourtant pas là la raison pour laquelle Ézéchiel doit partir le soir (verset 6).

5 à leurs yeux, fais un trou dans la muraille et sors par là ton bagage.

Dans ce cas, il s’agit d’un départ tout à fait exceptionnel. Ézéchiel ne doit ni sortir son bagage, ni partir lui-même par la porte, mais par un trou pratiqué dans la muraille de sa maison. L’obscurité de la nuit est donc choisie, non en vue de la commodité, mais pour figurer une fuite nocturne. Enfin, il doit partir la face voilée ; c’est un symbole de douleur, d’humiliation et de honte (2 Samuel 15.30).

6 À leurs yeux, charge-le sur l’épaule, emporte-le dans l’obscurité : voile-toi la face, en sorte que tu ne voies pas la terre ; car j’ai fait de toi l’emblème de la maison d’Israël.

J’ai fait de toi l’emblème… Les restes du peuple d’Israël quitteront Jérusalem, comme lui la maison, sans passer par la porte de la ville, de nuit et en emportant leur bagage, comme des gens qui émigrent de leur patrie.

7 Je fis ce qui m’avait été ordonné ; je sortis de jour mon bagage comme un bagage d’émigrant, et le soir je fis le trou dans le mur de ma main ; et j’emportai le bagage dans l’obscurité en le chargeant sur l’épaule à leurs yeux.

Je fis ce qui m’avait été ordonné. Faut-il comprendre cette exécution à la lettre, ou est-ce encore ici un de ces ordres qui n’ont été accomplis qu’en vision ? On peut hésiter. Rien ne s’oppose à ce que le symbole n’ait été matériellement réalisé. Les mots plusieurs fois répétés : à leurs yeux, parlent pour le sens propre ; l’expression le matin (verset 8) également (le matin après la nuit où avait été figuré le départ) ; enfin, il n’est point dit, comme ailleurs, que la main de l’Éternel fût sur Ézéchiel pour le mettre en état d’extase. D’un autre côté, les actes réels du transport du bagage et du percement de la muraille n’ajoutaient rien à la force de la menace ; et le roi et les habitants de Jérusalem, à qui elle s’adressait le plus directement, ne pouvaient être les témoins de ces actes. Or, le simple récit d’une vision avait pour eux les mêmes effets.

8 Le matin, la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Le matin : celui qui suivit soit l’ordre donné au prophète et le récit qu’il en fit aux captifs, soit l’exécution et le retour qui eut lieu durant la nuit même.

9 Fils d’homme, la maison d’Israël, cette maison de rebelles, ne t’a-t-elle pas dit : Que fais-tu ? 10 Dis-leur : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Cette prophétie est pour le prince qui est à Jérusalem et pour toute la maison d’Israël dont ils font partie.

Cette prophétie : littéralement : cette charge (massa).

Le prince : le terme nasi (qui est en rapport étymologique avec le mot massa) désigne ici Sédécias. Ce roi s’était maintenu longtemps à Jérusalem et le peuple paraît avoir mis en lui une confiance particulière (Lamentations 4.20) ; c’est lui qui va être obligé de s’enfuir si ignominieusement de sa capitale prise d’assaut.

11 Dis : Je suis votre emblème ; comme j’ai fait, ainsi il leur sera fait. Ils iront en exil, en captivité. 12 Le prince qui est au milieu d’eux chargera son bagage sur l’épaule dans l’obscurité et sortira. On fera un trou dans le mur pour le faire sortir par là. Il se voilera la face, parce qu’il ne verra pas de ses yeux la terre.

On fera un trou… Ce détail n’est pas mentionné dans le récit de la fuite de Sédécias (Jérémie 39.1-18 ; 2 Rois 25.1-30) ; mais les portes étaient certainement murées et gardées par les Chaldéens (2 Rois 25.4) ; le roi dut donc faire pratiquer une ouverture dans le mur de la ville pour échapper par un passage secret.

Il se voilera la face. Ce symbole de deuil attribué à Sédécias au moment de sa fuite, ne s’est probablement pas réalisé à la lettre. Ou bien il ne faut y voir que l’emblème de la honte dont le roi était couvert en ce moment, ou bien il renferme une allusion à la cécité qu’infligea Nébucadnetsar à ce malheureux souverain et en vertu de laquelle il ne vit ni la terre d’Israël en s’en éloignant (verset 12), ni le pays des Chaldéens en y arrivant (verset 13).

13 J’étendrai mon filet sur lui et il sera pris dans mes rets, et je l’emmènerai à Babel, au pays des Chaldéens. Mais il ne le verra point, et là il mourra.

J’étendrai mon filet. Annonce de la capture de Sédécias en pleine campagne lors de sa fuite.

Là il mourra : comparez Jérémie 52.11.

14 Tous ceux qui l’entourent et lui sont en aide, et tous ses bataillons, je les disperserai à tout vent et je tirerai l’épée après eux.

Dispersion des restes de l’armée de Sédécias après son arrestation.

Qui lui sont en aide (ezro) : en hébreu, jeu de mots avec ézaré : je disperserai.

15 Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand je les aurai répandus parmi les nations et dispersés en d’autres pays.

Je les aurai répandus : littéralement : je les aurai soufflés.

16 Et je laisserai d’entre eux des hommes en petit nombre qui échapperont à l’épée, à la famine et à la peste, afin de raconter toutes leurs abominations parmi les nations où ils seront allés. Et ils sauront que je suis l’Éternel.

Afin de raconter. En se reconnaissant coupable devant les païens, Israël doit glorifier la sainteté et la justice de Jêhova, qui le châtie. Par l’aveu humble de sa faute, l’homme rend à Dieu l’hommage qu’il lui a refusé par sa désobéissance.

17 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Conséquences de l’exil du roi (17-20)

18 Fils d’homme, tu mangeras ton pain dans le trouble et tu boiras ton eau dans l’inquiétude et dans l’angoisse.

Dans le trouble : en mangeant debout et dans l’état d’agitation qui précède une fuite.

19 Et tu diras au peuple du pays : Voici ce que le Seigneur l’Éternel a dit pour les habitants de Jérusalem, contre la terre d’Israël : Ils mangeront leur pain dans l’angoisse et ils boiront leur eau dans la désolation, parce que le pays sera dépouillé de tout ce qu’il contient, à cause de la violence de tous ceux qui l’habitent.

Toute cette vision était à l’adresse des habitants de Jérusalem. Mais les exilés devaient apprendre par là reconnaître les avantages de leur position.

20 Et les villes qui sont habitées seront désertes et le pays sera désolé. Et vous saurez que je suis l’Éternel. 21 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots :

Bientôt on ne se moquera plus des menaces des prophètes (21-28)

22 Fils d’homme, qu’est-ce que ce dicton que vous avez au sujet de la terre d’Israël : Le temps s’allonge ; toute vision passe ?

Dicton semblable à la moquerie rapportée 2 Pierre 3.3-4.

23 C’est pourquoi, dis-leur : Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : J’ai fait cesser ce dicton et il n’aura plus cours en Israël. Dis-leur au contraire : Le temps s’approche ; toute vision s’accomplit.

Dieu renvoie aux moqueurs leur propre parole, en la transformant.

24 Car il n’y aura plus de vision vaine, ni de divination illusoire au sein de la maison d’Israël.

Plus de vision vaine. Les prédictions des faux prophètes étaient une des causes du discrédit dans lequel étaient tombées les menaces des prophètes véritables (Lamentations 2.14).

25 Car moi, l’Éternel, je dis ce que je dis ; c’est dit et cela se fera sans plus tarder ; car c’est en vos jours, maison rebelle, que je dirai la parole et que je l’exécuterai, dit le Seigneur l’Éternel. 26 Et la parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : 27 Fils d’homme ! Voici, la maison d’Israël dit : La vision qu’a cet homme-là est pour bien du temps et c’est à long terme qu’il prophétise.

Cet avertissement s’adresse à un groupe d’incrédules un peu différent : ceux qui se rassurent uniquement par l’espoir que l’accomplissement des menaces divines, quoique certain, sera encore bien longtemps différé. L’Éternel donne un démenti à cette dernière illusion.

28 C’est pourquoi dis-leur : Ainsi parle le Seigneur l’Éternel : Aucune de mes paroles ne sera plus différée. Ce que je dis est dit et se fera, dit le Seigneur l’Éternel.