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Esther 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Quand Mardochée apprit tout ce qui se passait, il déchira ses vêtements, prit le sac et la cendre et parcourut la ville, et il poussa de grands cris, des cris de douleur amère.

Deuil et jeûne des Juifs et d’Esther

Douleur amère. Même expression que Genèse 27.34. Si Mardochée donne des signes extraordinaires de deuil, c’est qu’il se sait la cause première de la colère d’Haman.

2 Et il vint jusque devant la porte du roi, car on ne passe pas la porte du roi en habits de deuil.

Devant la porte : la place publique qui, d’après le verset 6, s’étendait devant la porte du palais.

En habits de deuil : manquement voulu aux convenances.

3 Et dans chaque province, partout où arrivaient la parole du roi et son décret, il y eut un grand deuil parmi les Juifs, jeûnes, pleurs et lamentations, et la plupart se couchaient sur le sac et la cendre.

Tous jeûnaient et se lamentaient, mais beaucoup se couchèrent même (Ésaïe 58.5), comme des malades, enveloppés dans leurs grossiers vêtements de deuil saupoudrés de cendre.

4 Et les servantes d’Esther et ses eunuques vinrent vers elle pour l’avertir, et la reine fut dans une très grande angoisse. Elle envoya des vêtements à Mardochée, afin qu’il s’en vêtît et qu’il ôtât son sac de dessus lui, mais il ne le voulut pas.

Les servantes : peut-être celles de Esther 2.9.

Ses eunuques : verset 5.

Pour l’avertir : que Mardochée dont on connaissait l’intérêt pour elle (Esther 2.11), était là en grand deuil.

Très grande angoisse : sachant, non pas ce qui se passait, mais que Mardochée ne faisait rien qu’à bon escient.

Mais il ne le voulut pas : puisque rien n’avait pu être fait encore pour détourner le mal. Voir au contraire Esther 5.9.

5 Alors Esther appela Hathac, un des eunuques que le roi avait placés auprès d’elle, et l’envoya à Mardochée pour savoir ce que cela signifiait et pourquoi il le faisait. 6 Hathac alla donc vers Mardochée, sur la place de la ville qui est devant la porte du roi,

Devant la porte. Voir verset 2. Mardochée ne s’était pas retiré.

7 et Mardochée lui fit connaître tout ce qui était arrivé et la somme d’argent qu’Haman avait dit qu’il verserait dans les trésors du roi pour faire périr les Juifs.

Et la somme… Il fallait qu’Esther fût au fait (verset 8) de toute cette basse intrigue.

8 Et il lui remit le texte du décret d’extermination qui avait été publié à Suse pour le montrer à Esther et la mettre au fait, lui commandant de se rendre auprès du roi et de lui demander grâce et de l’implorer en faveur de son peuple. 9 Et Hathac vint vers Esther et lui rapporta les paroles de Mardochée. 10 Et Esther ordonna à Hathac de dire à Mardochée : 11 Tous les serviteurs du roi et le peuple des provinces du roi savent que pour quiconque, homme ou femme, entre vers le roi dans la cour intérieure sans avoir été appelé, il y a une seule loi : on le met à mort, à moins que le roi ne lui tende son sceptre d’or, et alors il vit. Et moi je n’ai pas été appelée à entrer chez le roi depuis trente jours.

La cour intérieure : voir Esther 5.1. Dans Esther 6.4, est mentionnée la cour extérieure.

Les rois d’Orient se laissent voir très rarement et croient qu’il est de leur majesté d’en user ainsi pour maintenir les peuples dans un respect plus profond. Leur cabinet est inaccessible, comme le Lieu très saint d’une divinité.

Hérodote fait remonter à Déjocès la coutume à laquelle il est fait ici allusion (I, 99. Voir aussi III, 118 et Cornelius Nepos, Conon, 3). Cependant Hérodote ajoute (III, 140) que chacun pouvait demander au roi une audience. Si Esther ne le fait pas, c’est qu’elle se croit en défaveur, n’ayant, depuis un mois, plus été mandée par le roi. Et si elle obtenait une audience, elle devrait de but en blanc et sans attendre l’instant favorable aborder la question brûlante, chose périlleuse dans la faveur croissante dont jouissait Haman. Et qui lui garantissait que son origine n’avait pas été révélée au roi ?

Son sceptre. On a demandé si le roi de Perse avait donc toujours un sceptre à la main. De toutes les nombreuses représentations des rois de Perse que l’on trouve à Persépolis, il n’en est pas une où il ne figure avec un long sceptre à la main droite.

12 On rapporta à Mardochée les paroles d’Esther ; 13 et Mardochée fit répondre à Esther : Ne t’imagine pas que, dans la maison du roi, tu échapperas seule d’entre tous les Juifs.

Fit répondre : toujours par l’entremise de Hathac. La nation Juive ne peut périr (Jérémie 31.35-37). Mais Esther, malgré sa position privilégiée, périra si elle manque de foi et de patriotisme. D’autres : Si Esther ne ruine pas l’influence d’Haman, Dieu sauvera le peuple juif d’une manière quelconque, mais Haman sera toujours là, dont la colère atteindra celui qu’il hait et sa famille.

14 Car, si tu gardes maintenant le silence, le secours et la délivrance viendront d’autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez ; et qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ?

Après la menace, un rayon de joyeuse espérance.

15 Et Esther fit répondre à Mardochée : 16 Va, assemble tous les Juifs qui sont à Suse ; jeûnez pour moi, ne mangez ni ne buvez rien pendant trois jours, nuit et jour ; et moi de mon côté je jeûnerai de même avec mes servantes, et alors j’entrerai vers le roi, ce qui n’est pas selon le décret, et si je péris, je périrai.

Jeunez. Le jeûne était inséparable de la pensée de Dieu et même de la prière (Néhémie 1.4 ; 2 Samuel 12.16).

Je jeunerai de même : trois jours. Elle ne craint pas de diminuer les charmes de sa figure. Elle ne compte que sur l’influence du ciel. Aussi résulte-t-il de Esther 5.1 que le troisième jour ne fut pas tout entier consacré au jeûne. Le jeûne commença le soir du premier jour et prit fin au commencement du troisième jour. C’est ainsi qu’il est dit que le Seigneur a été trois jours dans le tombeau.

17 Et Mardochée s’en alla et fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné.

Mardochée obéit aux conseils d’Esther, comme elle l’avait fait elle-même à son égard (Esther 2.20).