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Esaïe 32
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Voici, un roi régnera avec justice, et quant aux princes, ils gouverneront avec droiture ;

Une ère nouvelle commence pour le peuple converti. Comparez les tableaux analogues dans les discours précédents : Ésaïe 29.18-24 ; Ésaïe 30.19-26.

Le premier bienfait de l’ère nouvelle est un gouvernement juste (versets 1 et 2). Dans ce tableau des temps messianiques le prophète appuie surtout sur ce qui manquait de son temps. Sous Ézéchias on savait ce que c’était qu’un roi juste, mais les grands ne valaient rien. Comparez Ésaïe 1.26.

2 et chacun d’eux sera comme un abri contre le vent et un couvert contre la pluie, comme des ruisseaux d’eau dans une terre aride, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays désolé.

Un abri… : pour les petits, les opprimés ; ce qui est dit Ésaïe 4.6 d’une manière générale est appliqué ici à chacun des chefs.

L’ombre d’un grand rocher est plus épaisse que celle d’un arbre (umbra saxea, dans Virgile, Géorgiques III, 145).

3 Les yeux de ceux qui voient ne seront plus aveuglés, et les oreilles de ceux qui entendent seront attentives.

Nouveau bienfait : l’aveuglement spirituel dont ils avaient été frappés (Ésaïe 29.9-10), fera place à l’intelligence des voies de Dieu (Ésaïe 29.24).

4 Le cœur des étourdis sera habile à comprendre, et la langue des bègues adroite à parler nettement.

Littéralement : Le cœur de ceux qui se hâtent prendra du sens et la langue des bègues se hâtera à parler nettement.

Les premiers sont ceux qui se précipitent dans leurs jugements sur les voies Dieu et en parlent étourdiment ; les seconds, ceux qui, sans être étrangers au respect des choses saintes, ne les comprennent pas assez pour en parler clairement.

5 L’impie ne sera plus appelé noble, et on ne dira plus du fourbe qu’il est magnifique.

Dans les temps promis le sens moral des hommes sera rectifié ; le mensonge ne régnera plus ; chacun sera apprécié à sa juste valeur et on ne se laissera plus éblouir par le succès, en oubliant les moyens par lesquels il a été obtenu. Comparez Ésaïe 5.20. La pensée du prophète n’est pas de prédire que dans l’ère nouvelle il y aura encore des méchants, mais simplement que la perversion actuelle des jugements n’existera plus et que par conséquent, s’il y a encore des impies, ils recevront le titre qu’ils méritent.

L’impie, proprement l’homme sans consistance, l’insensé (Psaumes 14.4).

6 Car l’impie profère l’impiété, et son cœur médite l’iniquité, pour faire des profanations et pour prononcer des choses insensées contre l’Éternel, pour priver de nourriture l’âme de l’affamé et ôter le breuvage à celui qui a soif.

L’idée des versets 6 à 8 est celle-ci : Dans l’état de choses nouveau où chacun sera appelé du nom que méritent ses actes (versets 4 et 5), l’impie, le fourbe ne recevront plus comme maintenant des titres honorables ; car l’homme dont le cœur est impie ne peut dire et faire que le mal (versets 6 et 7), comme l’homme aux sentiments généreux ne peut agir que généreusement (verset 8). L’homme mauvais, dit Jésus-Christ, tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur ; mais l’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur (Matthieu 12.35). Comparez avec les versets 6 et 7 : Ésaïe 29.15-16, Ésaïe 29.19-21 ; Ésaïe 30.9-11.

7 Les armes du fourbe sont déloyales ; il forge des complots pour perdre les débonnaires par des mensonges, et le pauvre, alors qu’il défend son droit. 8 Mais le noble a de nobles desseins, et il se lèvera pour agir noblement. 9 Femmes nonchalantes, levez-vous et écoutez ma voix ; filles sans souci, prêtez l’oreille à ma parole !

Le prophète revient à l’idée du jugement (car sans le jugement pas de renouvellement). Il annonce la dévastation complète du pays de Juda (versets 9 à 14). Ce châtiment durera jusqu’à ce que l’Esprit d’en-haut transforme les cœurs. Alors l’Éternel donnera à son peuple la vraie paix, qui remplacera la sécurité trompeuse dans laquelle il vit maintenant (verses 15 à 20).

C’est aux femmes de Jérusalem qu’Ésaïe adresse spécialement ces menaces, aux femmes à leur aise, habituées à jouir de toutes les douceurs et de tout le confort de la vie et qui vont être privées de tout cela par les ravages de l’invasion. C’est ainsi que Ésaïe 3.16 et suivants, il avait adressé ses menaces aux femmes et censuré leur luxe et leur frivolité.

10 Un an et quelques jours, et vous tremblerez, insouciantes ! Car il n’y a pas de vendange ; la récolte des fruits ne se fera pas.

Le prophète attend ici, comme Ésaïe 29.1, l’arrivée des Assyriens dans un peu plus d’une année, le printemps ou l’été, avant la récolte des fruits et la vendange. Comparez avec les versets 10 à 14 : Ésaïe 7.23-25 ; Ésaïe 16.7-10.

Déshabillez-vous…, ceignez vos reins. Les victoires et l’approche de l’ennemi font qu’elles quittent leurs riches vêtements pour revêtir l’habit de deuil (le sac, Ésaïe 3.24 ; Ésaïe 22.12).

11 Troublez-vous, nonchalantes ! Tremblez, insouciantes ! Déshabillez-vous, dépouillez-vous, et ceignez vos reins ! 12 On pleure, en se frappant le sein, sur les belles campagnes, sur les vignes fécondes ; 13 les épines et les ronces pousseront sur la terre de mon peuple, même sur toutes les maisons de plaisir de la cité joyeuse.

Ésaïe semble prédire la destruction de Jérusalem elle-même, tandis que dans toutes les prophéties de la même, époque il annonce positivement quelle ne sera pas prise par les Assyriens (Ésaïe 29.5-8 ; Ésaïe 31.5). Les expressions dont il se sert ici peuvent s’expliquer, selon nous, par une simple dévastation du pays et n’impliquent pas nécessairement la prise de la ville elle-même (voir plus bas). Mais il est vrai qu’Ésaïe représente le châtiment comme devant se prolonger jusqu’à ce que le peuple se convertisse (versets 14 et 15), tandis que l’invasion assyrienne n’a duré que quelques mois. Cette difficulté disparaît, si l’on songe que pour Ésaïe le jugement passager de l’invasion assyrienne n’est que le premier acte d’une série de catastrophes qui doit aboutir finalement à la ruine complète de Jérusalem et par là à la conversion du peuple (comparez Ésaïe 28.19, note, Ésaïe 30.13-14 ; Ésaïe 32.3-5). Ces jugements successifs, dont les contemporains d’Ésaïe ne virent que le premier, sont présentés ici comme un seul et même jugement, qui se poursuit d’une manière ininterrompue jusqu’à ce que luise pour Israël l’ère du salut messianique. Comparez la manière toute pareille dont le jugement, de Tyr est présenté (Ésaïe 33.14, note).

Les maisons de plaisir, le palais : les maisons de campagne des riches, situées aux abords de la capitale (Ésaïe 5.9 ; Michée 2.2).

Cité joyeuse. Comparez Ésaïe 22.2.

Le bruit de la ville a cessé : pendant les angoisses du siège.

14 Car le palais est abandonné, le bruit de la ville a cessé ; Ophel et la Tour servent à toujours de repaires, de lieux d’ébats aux ânes sauvages et de pâturage aux troupeaux,

Ophel : la partie méridionale de la colline du temple, aujourd’hui encore occupée par des jardins en terrasses ; elle était probablement en dehors des murs au temps d’Ézéchias (2 Chroniques 33.14).

La tour : soit la tour du troupeau (Michée 4.8), soit la tour située à l’est de Sion (Néhémie 3.27) ; toutes deux sont mentionnées dans ces passages à côté d’Ophel.

Lieux d’ébats : même mot, que celui employé pour désigner les maisons de plaisir. L’idée est : les lieux de plaisance des hommes deviendront les cavernes de plaisance des animaux sauvages.

Le mot à toujours est exprimé en hébreu par le terme olam qui désigne une durée indéfinie, mais non l’éternité au sens absolu du mot. Ainsi s’explique le jusqu’à ce que, verset 15.

15 jusqu’à ce que sur nous soit répandu un Esprit d’en haut, et que le désert devienne un verger, et que le verger soit compté comme forêt.

C’est l’Esprit de Dieu qui, répandu sur eux, vient opérer la transformation complète annoncée Ésaïe 29.17. Ce qui était inculte, est mis en culture ; ce qui était cultivé, devient inculte : les petits sont élevés, les grands abaissés. Le fruit de cette œuvre de l’Esprit est le renouvellement des cœurs et de l’état social, promis versets 1 à 8. Comparez la promesse de Joël (Joël 2.28-29), qui décrit, Ésaïe 3.10, comme fruit de cette effusion, une transformation d’une autre nature.

16 La droiture habitera dans le désert, et la justice demeurera dans le verger ;

Comparez avec ce verset et les suivants le tableau des temps messianiques, Ésaïe 11.2-9.

17 et le fruit de la justice sera la paix, et le salaire de la justice le repos et la sécurité à toujours. 18 Mon peuple habitera dans un séjour de paix, dans des habitations sûres, dans des demeures sans souci.

Comparez verset 9.

19 Et la forêt tombera sous la grêle, et la ville sera profondément abaissée.

La forêt représente Assur, comme Ésaïe 10.31.

La grêle : symbole du jugement (Ésaïe 30.30).

La ville abaissée : Ninive humiliée par suite de la catastrophe qui brisera la puissance d’Assur.

20 Heureux, vous qui semez près de toutes les eaux et qui laissez en liberté le pied du bœuf et de l’âne !

En regard de ce double jugement d’Israël et d’Assur, qu’il vient de contempler (versets 9 à 1 et 19), le prophète célèbre le bonheur de ceux qui vivront au temps de la restauration future. Les courants d’eau abonderont dans la Palestine, jusque là si peu arrosée ; on ensemencera les campagnes traversées par des rivières : images des bénédictions dont l’Esprit Saint répandu dans les cœurs (verset 15) sera la source. Le bétail paîtra sans qu’on le garde : image de l’heureuse liberté de ces temps, où aucun ennemi ne sera plus à redouter. Comparez les tableaux semblables : Ésaïe 11.6-9 ; Ésaïe 30.23-25.