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Ecclésiaste 10
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Ecclésiaste 10

Septième morceau, proverbes sur les avantages de la sagesse (chapitres 10 et 11)

On comprend qu’on ait fait commencer ici un nouveau chapitre, car, si le sujet traité est le même, la forme diffère : ce sont maintenant, comme au chapitre 7, des sentences plutôt que des discours, par où nous ne voulons point dire que ces sentences se suivent au hasard et ne présentent entre elles aucun lien logique.

1 Une mouche morte rend infecte et gâte l’huile des parfumeurs ; un peu de folie l’emporte sur la sagesse et l’honneur.

Illustration de la vérité qui vient d’être exprimée Ecclésiaste 9.18.

Une mouche morte, littéralement : une mouche de mort, ce que plusieurs traduisent par : une mouche donnant la mort, venimeuse pour s’être posée sur un cadavre. Ce sens nous paraît recherché. Puis une de ces mouches ne gâte pas plus les huiles où elle vient à tomber qu’une mouche morte.

Un peu de folie l’emporte. Comparez 1 Corinthiens 5.6.

2 Le cœur du sage est à sa droite et le cœur du fou à sa gauche.

L’auteur revient à Ecclésiaste 9.18 et démontre qu’après tout, la sagesse a sur la folie des avantages incontestables. La droite est le côté de l’habileté et de la réussite.

3 Et quelque chemin que suive le fou, il manque de sens et il montre à tous qu’il est un fou.

Même s’il lui arrive de prendre le bon chemin, le fou compromet tout par son manque de sens (Proverbes 13.15). D’autres traduisent : Et même en chemin, quand il marche, le sens lui manque et cependant il pense de chacun : Il est fou ! Plus il se produit, plus nombreux sont les témoins de sa folie, qui n’est égalée que par son ridicule orgueil et par sa présomption.

4 Si la colère du souverain s’élève contre toi, ne déserte pas ton poste, car le calme prévient de grands péchés.

Si la colère du souverain s’élève contre toi, littéralement : Si l’esprit du dominateur monte contre toi, dans un accès de colère non motivé.

Ne déserte pas ton poste, littéralement : Ne dépose pas ta place. Exhortation à la sagesse se manifestant sous la forme spéciale du sang-froid.

Le calme prévient de grands péchés, littéralement : dépose, congédie (même verbe que précédemment) de (plus) grands péchés (Proverbes 10.12 ; Proverbes 15.4 ; Proverbes 25.15). Vivacité contre vivacité envenime au contraire les choses.

5 Il est un mal que j’ai vu sous le soleil, une erreur provenant de celui qui gouverne :

Même courant d’idées Ecclésiaste 9.17 (celui qui domine) ; Ecclésiaste 10.4 (souverain) ; ici, celui qui gouverne. Voir encore versets 16 et 17 et verset 20.

Une erreur, involontaire. Il y a de la bienveillance dans ce mot.

Provenant de celui qui gouverne : du roi qui, éloigné comme il l’est de ses provinces, confie, sans mauvaise intention, des postes élevés à des gens qui en sont indignes.

6 la folie occupe un poste très élevé, et des riches demeurent dans l’abaissement.

Des riches, dans le sens favorable du mot (verset 20). Comparez Proverbes 13.22 ; Proverbes 14.14.

7 J’ai vu des esclaves sur des chevaux et des princes allant à pied comme des esclaves.

C’est le monde renversé (Proverbes 19.10).

Cela se voit et n’est pas toujours aussi motivé que dans Esther 6.8-9.

Allant à pied, littéralement : marchant sur le terrain.

8 Tel qui creuse un fossé y tombe, qui démolit un mur est mordu par un serpent,

Par suite des fautes de ceux qui gouvernent, il est pour la société des temps difficiles, dans lesquels il faut user de patience et de prudence. Vouloir trop hâtivement tout rectifier est une entreprise pleine de dangers. On risque d’échouer, soit en se laissant aller à des actes coupables qui amèneraient votre perte, soit simplement en s’abusant sur l’emploi des talents et des forces dont on dispose et sur le succès possible d’efforts bien intentionnés, mais intempestifs. Pour réussir, il est trois règles à observer : prendre d’intelligentes précautions (versets 8 et 9) ; faire des préparatifs convenables (verset 10) ; choisir le bon moment (verset 11).

Toute activité a ses périls, contre lesquels il faut se mettre en garde. Telle est la vérité dont quatre exemples vont faire foi.

Tel qui creuse un fossé. Il ne faut pas citer ici Proverbes 26.27 ; il ne s’agit pas d’une fosse qu’on creuse dans l’espoir qu’un ennemi y tombera, mais d’un simple travail, aussi innocent que les trois suivants.

Y tombe : peut y tomber.

Mur…, serpent. Comparez Amos 5.19.

9 qui arrache des pierres se blesse, qui fend du bois est en danger. 10 Si le fer est émoussé et qu’on n’en ait pas aiguisé le tranchant, il faut redoubler d’efforts, mais la sagesse a l’avantage de la réussite.

Il ne suffit pas d’être prudent en agissant, il faut être prévoyant avant d’agir.

Si le fer…, avec lequel on se propose de fendre du bois (verset 9).

L’avantage de la réussite. On s’attendrait à : l’avantage d’une facile réussite. Mais l’auteur veut donner à entendre que l’absence de sagesse peut aller jusqu’à rendre inutiles les efforts les plus redoublés.

11 Si le serpent mord parce qu’il n’a pas été charmé, l’enchanteur devient inutile.

S’y prendre à temps.

L’enchanteur devient inutile, hébreu. : Il n’y a point avantage à recourir au maître de la langue, à celui qui charme en murmurant des prières, des incantations.

12 Les paroles de la bouche du sage sont pleines de grâce, mais les lèvres de l’insensé le perdent ;

Ce n’est pas sur ses actions seulement qu’il faut veiller (versets 8 et 11), mais encore sur ses paroles. La transition du précédent morceau à celui-ci se trouve dans verset 11.

Sont pleines de grâce, littéralement : sont grâce. Quand un sage parle, il plaît et s’attire la faveur générale.

Mais les lèvres de l’insensé le perdent, littéralement : l’avalent. Jeu de mots. Comparez Proverbes 12.18 ; Proverbes 14.3.

13 le début des paroles de sa bouche est folie, et le terme de ce qu’il dit est une extravagance funeste.

Le terme de ce qu’il dit, littéralement : la fin de sa bouche. Il ne se tait pas avant d’avoir passé des propos simplement insensés (folie) aux paroles les plus compromettantes. Proverbes 18.7 ; Psaumes 64.9.

14 L’insensé multiplie les paroles, alors que nul homme ne sait ce qui adviendra ; et qui lui dira ce qui sera après lui ?

L’insensé multiplie les paroles. Nouveau défaut : le babil. Comparez Proverbes 10.19 ; Proverbes 14.23. Il se lance dans le domaine de l’inconnu. Or, une fois là, il n’y a plus de raison pour s’arrêter.

Qui lui dira ce qui sera après lui ? Voir Ecclésiaste 8.7, note. Impossible de lui fermer la bouche. À des conjectures, on ne saurait opposer que des conjectures !

D’autres : Il multiplie les paroles sans songer à ce qui peut en résulter. Or ces conséquences peuvent se faire sentir longtemps, même après sa mort.

Les anciennes versions, trouvant à tort une tautologie dans la fin du verset, corrigeaient le texte et arrivaient, au sens suivant : Nul homme ne sait ce qui a été et moins encore ce qui sera.

D’autres enfin : Nul homme ne sait ce qui adviendra dans l’avenir le plus rapproché ; qui donc lui indiquera ce qui arrivera plus tard encore ?

15 C’est un travail d’insensé que celui dont il se fatigue, lui qui ne sait pas [même] le chemin de la ville.

Le fou parle sur tout, blâme, s’agite, s’échauffe, se fatigue, se perd dans les questions les plus ardues, lui qui ne sait pas même le chemin de la ville, expression proverbiale pour dire qu’il ne sait pas même les choses les plus simples. Il est comme frappé d’aveuglement (2 Rois 6.18) et il s’érige en conducteur d’autrui (Luc 6.39) !

D’autres : Les difficultés et les ennuis que procurent les insensés finissent, par accabler celui qui ne sait pas intéresser à sa cause les magistrats qui résident dans le chef-lieu.

Ce sens aurait l’avantage de préparer les versets suivants. Mais on peut aussi considérer ceux-ci comme mentionnant de nouvelles illustrations de l’avantage de la sagesse sur la folie.

16 Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant et dont les princes festoient dès le matin !

Folie et sagesse chez le roi et les gens haut placés (16-20)

Si nous avons besoin de prudence et de patience dans nos relations avec le souverain (verset 4) et plus encore avec les gouverneurs indignes qu’il peut, par erreur, établir sur telle province de son vaste empire (verset 7), combien plus quand ce souverain est un jeune homme qui a tous les défauts de son âge et qui s’entoure de mauvais conseillers, comme l’a fait, par exemple, Roboam.

Festoient dès le matin. Comparez Ésaïe 5.14.

17 Heureux es-tu, pays dont le roi est de noble race et dont les princes se jettent à table en temps convenable, en hommes, et non en buveurs.

De noble race : bien né et qui sait que noblesse oblige.

En hommes, littéralement : pour vigueur, pour se fortifier.

Et non en buveurs, littéralement : et non pour la boisson, pour le plaisir de boire.

18 Quand il y a paresse, la charpente se disloque, quand les mains sont lâches, la maison a des gouttières.

Retour au verset 16. L’État est comparé à un édifice qui menace ruine (Ésaïe 3.6 ; Amos 9.11) par la négligence du gouvernement. Comparez Proverbes 14.1.

Quand il y a paresse, littéralement : double paresse (atsalthajim), paresse des deux mains. Comparez, pour cette manière d’exprimer le superlatif, Juges 3.8, note.

19 On fait des repas pour se divertir ; le vin égaie la vie, et l’argent répond à tout.

L’argent répond à tout. Ils en ont assez pour ne rien se refuser, et, s’ils en manquent, ils augmentent les impôts.

20 Ne maudis pas le roi, même en pensée ; et ne maudis pas le riche, même dans ta chambre à coucher, car l’oiseau du ciel transporterait tes propos et la gent ailée publierait tes discours.

Voilà un pays malheureux, mais ce n’est pas par d’imprudents propos ou par des actes coupables (Ecclésiaste 8.2) qu’on remédiera au mal. Il faut même veiller sur ses pensées, car de l’abondance du cœur la bouche parle.

L’oiseau du ciel… Nous disons moins poétiquement : Les murailles ont des oreilles.