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2 Rois 2
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et il arriva, lorsque l’Éternel fit monter Élie au ciel dans le tourbillon, qu’Élie, avec Élisée, partit de Guilgal.

Ascension d’Élie, débuts d’Élisée

Versets 1 à 18 — L’enlèvement d’Élie

Ce verset est comme le titre du récit suivant.

Le tourbillon. L’article signifie peut-être simplement : le tourbillon que Dieu employa dans ce cas ; ou bien il désigne le tourbillon en général, dans le sens de : un tourbillon.

De Guilgal. Le mot descendirent, au verset 2, ne permet pas de penser au Guilgal de la plaine, du Jourdain, près de Jéricho. Il s’agit donc de celui dont il est parlé Josué 9.6. Voir note.

2 Et Élie dit à Élisée : Reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie jusqu’à Béthel. Et Élisée dit : Aussi vrai que l’Éternel vit et aussi vrai que tu vis, je ne te quitte pas !
Et ils descendirent à Béthel.

Reste ici. Élie désire être seul, soit par besoin de recueillement, soit par humilité.

Béthel. Le culte du veau d’or dans ce lieu n’avait pas empêché la présence d’une école de prophètes.

Aussi vrai que… Plus Élie désire se soustraire à la vue des hommes, plus Élisée sent le besoin de s’attacher à lui.

3 Et les fils des prophètes qui étaient à Béthel sortirent vers Élisée et lui dirent : Sais-tu qu’aujourd’hui l’Éternel va t’enlever ton maître ? Et il dit : Moi aussi je le sais, taisez-vous !

Les fils des prophètes. Voir 1 Samuel 10.5, note. Comment connaissaient-ils ce qui allait se passer ? Une révélation accordée à l’un d’eux, aussi bien qu’à Élisée, les en avait sans doute avertis. Comprenant toute la grandeur de cet événement, ils n’en parlent que sous le sceau du mystère.

Cette course d’Élie était son dernier adieu à ses fils spirituels, parmi lesquels Élisée était comme l’aîné.

T’enlever ton maître, littéralement. prendre ton maître d’au-dessus de ta tête, ce qui inclut une ascension.

4 Et Élie lui dit : Élisée, reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie à Jéricho. Et Élisée dit : Aussi vrai que l’Éternel vit et aussi vrai que tu vis, je ne te quitte pas !
Et ils entrèrent à Jéricho.

À Jéricho. Sur cette ville, voir 1 Rois 16.34, note.

5 Et les fils des prophètes qui étaient à Jéricho s’approchèrent d’Élisée et lui dirent : Sais-tu qu’aujourd’hui l’Éternel va t’enlever ton maître ? Et il dit : Moi aussi je le sais, taisez-vous ! 6 Et Élie lui dit : Reste ici, je te prie, car l’Éternel m’envoie au Jourdain. Et il lui dit : Aussi vrai que l’Éternel vit et aussi vrai que tu vis, je ne te quitte pas !
Et ils allèrent tous deux ensemble. 7 Et cinquante hommes d’entre les fils des prophètes étant venus se tinrent vis-à-vis [du Jourdain] à distance ; et Élie et Élisée étaient arrêtés au bord du Jourdain.

Vis-à-vis : ayant le Jourdain en face d’eux, à quelque distance et les yeux dirigés vers les deux prophètes qu’ils n’osent suivre de trop près.

8 Et Élie prit son manteau, l’enroula et frappa les eaux, et elles se partagèrent de çà et de là, et les deux passèrent à sec. 9 Et quand ils eurent passé, Élie dit à Élisée : Demande-moi ce que je puis faire pour toi, avant que je te sois enlevé. Et Élisée dit : Qu’il y ait une double part de ton Esprit sur moi !

Une double part : non le double de ce qu’avait possédé Élie, mais une double portion de l’héritage que, comme père spirituel, il laisse à ses enfants, les prophètes. Élisée demande à être traité comme le fils aîné (Deutéronome 21.17).

Ton Esprit. L’Esprit de Dieu tel qu’il se manifestait chez Élie ; esprit de zèle brûlant et de force sainte, en rapport avec les besoins du peuple à cette époque.

10 Et Élie dit : Tu as demandé une chose difficile. Si tu me vois enlever d’avec toi, qu’il te soit fait ainsi ! Sinon, il n’en sera pas ainsi.

Une chose difficile. Élie savait par quelles expériences il avait été amené à posséder l’Esprit qui l’avait soutenu dans son ministère et il comprend le travail par lequel Élisée devra passer pour être élevé à la même hauteur.

Si tu me vois enlever… Dieu te juge digne d’être, toi seul entre tous les fils des prophètes, témoin du fait qui va se passer, ce sera pour toi la preuve qu’il t’accorde la demande que tu lui fais.

11 Et il arriva que, comme ils continuaient à marcher en parlant, voici un char de feu et des chevaux de feu qui les séparèrent l’un de l’autre, et Élie monta dans le tourbillon vers le ciel.

Il ne peut s’agir ici d’un tourbillon ordinaire accompagné d’éclairs et de coups de foudre et dans lequel Élisée aurait cru voir un chariot et des chevaux de feu. Car ce tourbillon passe entre lui et Élie. Mais il s’agit d’un phénomène surnaturel auquel fut donnée la forme symbolique ainsi décrite. Cette forme était en rapport avec l’enlèvement qu’elle devait figurer.

Vers le ciel : le ciel comme symbole visible de la sphère de vie supérieure dans laquelle Élie est élevé sans avoir passé par la mort.

12 Et Élisée, le voyant, cria : Mon père ! Mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie !…
Et il ne le vit plus. Et il saisit ses vêtements et les déchira en deux morceaux.

La présence d’Élie au sein du peuple valait toute une armée.

Les déchira : signe de deuil ordinaire en Israël, mais cela signifie en même temps la substitution à l’ancien vêtement du vêtement qui figure la charge nouvelle à laquelle il est appelé.

13 Et il releva le manteau d’Élie, qui était tombé de dessus lui, et s’en retourna et se tint sur le bord du Jourdain. 14 Et il prit le manteau d’Élie, qui était tombé de dessus lui, et il en frappa les eaux et dit : Où est l’Éternel, le Dieu d’Élie, oui, lui-même ? Il frappa donc les eaux, et elles se partagèrent de çà et de là, et Élisée passa.

La charge d’Élie lui est transmise ; il veut expérimenter aussitôt si elle est accompagnée du même pouvoir qui a donné efficacité au ministère de son maître.

Où est l’Éternel ? S’il est ici avec moi, qu’il fasse pour moi ce qu’il a fait pour Élie !

Oui, lui-même ? Il nous le faut ici, lui, lui-même, lui vivant, lui qui reste après qu’Élie nous a quittés.

15 Et les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, vis-à-vis, le voyant, dirent : L’Esprit d’Élie repose sur Élisée. Et ils vinrent à sa rencontre et se prosternèrent en terre devant lui.

Ils le reconnaissent comme leur directeur futur.

16 Et ils lui dirent : Voici, il y a parmi tes serviteurs cinquante hommes forts ; qu’ils aillent à la recherche de ton maître, de peur que l’Esprit de l’Éternel ne l’ait enlevé, et ne l’ait jeté sur quelque montagne ou dans quelque vallée !
Et il dit : N’envoyez pas !

Ils pensent bien que l’esprit d’Élie a été enlevé dans le séjour divin, mais ils craignent que son corps ne soit retombé sur la terre et veulent l’ensevelir. Élisée voit là une atteinte à la grandeur du miracle dont Dieu a honoré Élie.

Sur la lettre adressée par Élie à Joram de Juda, fils de Josaphat, d’après 2 Chroniques 21.12 et suivants, voir à ce passage.

L’auteur de l’Ecclésiastique (48.1) a dit d’Élie que ce prophète parut comme un feu et que sa parole brûlait comme une flamme. Une telle apparition était appelée par l’état du peuple qui menaçait de se confondre entièrement avec les nations idolâtres qui l’entouraient. Il s’agissait de relever la muraille du monothéisme et de la loi mosaïque qui tombait en ruines dans le royaume du nord. Si nous tenons compte de cette situation critique, les interventions divines extraordinaires qui ont signalé le ministère d’Élie nous paraîtront naturelles, nécessaires même, aussi bien que celles qui ont caractérisé celui de Moïse, dont Élie a maintenu et sauvé l’œuvre. Son enlèvement final a répondu à cette vie passée dans le commerce de Dieu et résumée dans ces mots : L’Éternel devant lequel je me tiens. Élie est en quelque sorte l’Hénoc de l’ère théocratique et son enlèvement, le lien entre celui d’Hénoc et l’ascension de Jésus-Christ.

17 Et ils insistèrent auprès de lui jusqu’à ce qu’il en fût las, et il leur dit : Envoyez !
Et ils envoyèrent cinquante hommes, et ils cherchèrent trois jours et ne le trouvèrent pas. 18 Et ils revinrent vers lui ; il s’était arrêté à Jéricho ; et il leur dit : Ne vous avais-je pas dit : N’allez pas ! 19 Et les gens de la ville dirent à Élisée : Voici, le séjour de la ville est bon, comme mon seigneur le voit, mais les eaux sont mauvaises et il y a beaucoup d’avortements dans la contrée.

Les eaux assainies (19-22)

Le séjour de la ville est bon. Située dans la profonde dépression du Ghôr, Jéricho, la ville des palmiers (Deutéronome 34.3), jouissait d’un climat tropical et Josèphe appelle la contrée environnante un pays divin.

Les eaux : probablement l’Aïn-es-Sultan ou source du sultan, qui jaillit, à deux kilomètres au nord-ouest de Jéricho, au pied d’une petite chaîne de collines, à quelque distance à l’est de la montagne de la Quarantaine. Les chrétiens aiment à appeler cette source la fontaine d’Élisée. Elle sort de terre avec une température de vingt-trois degrés centigrade. C’est à elle qu’était due pour une bonne part la fertilité du pays, mais on peut conclure des paroles du prophète au verset 21 qu’elle avait cependant des propriétés fâcheuses et qu’en particulier elle provoquait des avortements.

20 Et il dit : Procurez-moi une écuelle neuve et y mettez du sel. Et ils la lui procurèrent.

Une écuelle neuve et par là digne de l’usage saint qui allait en être fait.

Du sel. Ce sel n’est pas le moyen de l’assainissement des eaux, puisqu’elles furent changées d’une manière permanente, mais le symbole de l’action divine qui opéra cette purification.

21 Et il sortit vers la source des eaux et il y jeta le sel et dit : Ainsi a dit l’Éternel : J’ai assaini ces eaux, il n’en proviendra plus ni mort, ni avortement.

Le prophète donne gloire à Dieu ; le narrateur (verset 22) relève la part du prophète dans ce miracle.

22 Et les eaux furent assainies jusqu’à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait prononcée. 23 Et il monta de là à Béthel ; et comme il montait par le chemin, de jeunes garçons sortirent de la ville et se moquèrent de lui en lui disant : Monte, chauve ! Monte, chauve !

Les jeunes gens de Béthel (23-25)

De jeunes garçons. Même expression que 1 Rois 3.7 ; ce sont des jeunes gens déjà en âge de responsabilité.

Monte : allusion non à l’ascension d’Élie, mais à la montée qui conduisait à Béthel et dont parle le commencement du verset.

Chauve. Nous ne savons par quelle raison Élisée était atteint de calvitie, car il était encore jeune, puisqu’il vécut environ soixante ans après cet événement. Mais ce défaut parait avoir été un déshonneur, comme une belle et abondante chevelure était un honneur. Béthel était le centre du culte du veau d’or et de l’hostilité contre le service et les prophètes de l’Éternel. Retenue par l’autorité d’Élie cette opposition se déchaîne contre Élisée, qui n’avait pas encore fait ses preuves.

24 Et Élisée se retourna et les vit et les maudit au nom de l’Éternel ; et deux ourses sortirent de la forêt et déchirèrent quarante-deux de ces enfants.

Et les vit : constata leur âge.

Au nom de l’Éternel : ce n’était pas une vengeance personnelle.

Deux ourses. Voir sur la redoutable colère de ces animaux Proverbes 17.12 ; Osée 13.8 ; Daniel 7.5.

Déchirèrent et non dévorèrent.

25 Et de là il alla à la montagne de Carmel ; et de là il s’en retourna à Samarie.

Carmel : dans la solitude, pour se fortifier en Dieu ; à Samarie : où, comme théâtre de son activité, il avait son domicile (2 Rois 6.32).

Les miracles de bénédiction et de malédiction qui viennent d’être rapportés, furent la légitimation du minisière d’Élisée, comme continuation de celui d’Élie, soit aux yeux des prophètes, soit aux yeux du peuple.