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1 Samuel 8
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 1 Samuel 8

Saül (chapitres 8 à 31)

Chapitres 8 à 12 — Arrivée graduelle de Saül à la royauté

Chapitre 8 — Le peuple demande un roi

Nous complèterons ici, en les précisant, les remarques que nous avons faites, Deutéronome chapitre 17, sur l’introduction de la royauté en Israël.

Ce fait capital dans l’histoire israélite peut être envisagé sous deux faces. D’un côté, la royauté devait être ; Dieu l’avait annoncée comme un honneur à la famille d’Abraham (Genèse 17.16 ; Genèse 35.11 ; Genèse 49.10) et le moment ne pouvait manquer de venir où il jugerait utile de provoquer l’établissement de cette représentation visible de sa souveraineté au sein de son peuple. D’autre part, cette institution ne devait pas naître comme elle est née, ni par conséquent être ce qu’elle fut dans la suite des temps. Elle a été en fait le produit de la propre volonté du peuple, qui, agissant avec ingratitude envers Samuel, avec défiance envers Dieu lui-même la réclama opiniâtrément, parce qu’il mettait dans la personne d’un souverain visible une confiance charnelle et superstitieuse, semblable à celle qu’il avait mise précédemment en un objet matériel, comme l’arche de l’alliance. La royauté humaine, au lieu de naître comme un don divin, fut dans le sentiment du peuple qui la demanda un supplément à l’insuffisance prétendue du gouvernement divin. Ces deux faces, bonne et mauvaise, de la royauté humaine, apparaissent clairement dans l’histoire des deux premiers rois ; le côté obscur, avec quelques points lumineux, dans le règne de Saül ; le côté lumineux, avec beaucoup de taches sombres, dans le règne de David. Il n’appartenait qu’à l’Esprit prophétique d’analyser complètement la nature de ce fait nouveau. Quant au cours des circonstances en vertu desquelles a eu lieu l’avènement de Saül, il faut bien remarquer ici une gradation de faits qui se lie en grande partie à ce que ce récit est celui, non de l’avènement d’un roi, mais de l’établissement de la royauté elle-même. Ce n’est pas un homme qui monte sur un trône déjà existant ; c’est le trône lui-même qui se dresse progressivement. D’abord la demande du peuple à l’occasion de la vieillesse de Samuel, de la mauvaise conduite de ses fils et du danger provenant de la part des Ammonites, qui voulaient profiter de l’état de faiblesse du peuple pour recouvrer les contrées jadis conquises sur eux par Israël ; puis la révélation à Samuel d’abord et ensuite à Saül lui-même de l’homme choisi de Dieu ; après cela l’élection de Saül par le sort, afin de confirmer aux yeux de l’assemblée tout entière un choix qui autrement eût paru n’être que le choix personnel de Samuel (ce qui n’empêcha pas la partie du peuple amie du désordre de se refuser à reconnaître, Saül pour roi) ; enfin la confirmation de fait de la dignité de Saül par la délivrance de Jabès, à la suite de laquelle il est reconnu par tout Israël et commence en réalité son règne. Aussi est-ce à ce moment (chapitre 13) qu’est indiqué (ou devait l’être voir le texte du verset 1) l’âge de Saül au moment de son avènement et la durée de son règne, comme cela a lieu dans les livres des Rois, au commencement du règne de chaque souverain.

C’est ainsi que se poursuit d’une manière parfaitement conséquente et rationnelle le récit de cet avènement graduel, dans lequel on a trouvé contradictions sur contradictions. Nous examinerons au fur et à mesure les difficultés plus particulières qui se présenteront.

1 Quand Samuel fut vieux, il établit ses fils pour juges sur Israël.

Il établit ses fils : non pas pour lui succéder, mais pour le suppléer là où il ne pouvait pas se rendre lui-même. C’est ce que prouvent les mots à Béerséba, qui désignent une localité très éloignée du centre, à l’extrémité sud de la Terre Sainte. Samuel lui-même continuait à fonctionner pour le reste du pays.

2 Et son premier-né s’appelait Joël, et son second fils Abija ; et ils jugeaient à Béerséba. 3 Et ses fils ne suivaient point ses traces et ils s’en détournaient pour chercher le gain ; ils acceptaient des présents et faisaient fléchir le droit.

Samuel ignorait sans doute cette conduite ; car ces choses se passaient très loin de lui.

4 Et tous les Anciens d’Israël s’assemblèrent et vinrent vers Samuel à Rama ; 5 et ils lui dirent : Voici, tu es vieux et tes fils ne suivent point tes traces ; maintenant donne-nous un roi pour nous juger, comme en ont toutes les nations.

Donne-nous un roi. Dès longtemps les Juges n’avaient plus répondu aux besoins du peuple. Les exploits de Samson n’avaient rien produit de durable et la faiblesse d’Éli avait laissé le pays dans une sorte d’anarchie à laquelle Samuel avait bien remédié jusqu’à un certain point ; mais il vieillissait et en le voyant prêt à disparaître, les Anciens sentent le besoin de remplacer cette forme de gouvernement par une institution plus stable. Nous verrons par la parole du peuple 1 Samuel 12.12 qu’à ces motifs tirés de l’état intérieur d’Israël s’en joignait un autre, dû à une circonstance extérieure : le danger d’une invasion des Ammonites sous leur roi Nahas.

Pour nous juger. Ce terme embrasse dans leur pensée l’administration civile et le commandement militaire.

6 Et Samuel vit avec peine qu’ils disaient : Donne-nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l’Éternel,

Le chagrin de Samuel se comprend, puisque la demande du peuple provenait de sa propre insuffisance et de l’inconduite de ses fils.

7 et l’Éternel dit à Samuel : Obéis à la voix du peuple dans tout ce qu’ils te diront ; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne point sur eux.

C’est ici une consolation que l’Éternel donne à son serviteur. Il lui fait comprendre que c’est moins de sa personne que le peuple veut se défaire que de la forme de gouvernement qui a existé jusqu’ici et d’après laquelle Dieu lui-même suscitait, à l’heure qui lui plaisait, les libérateurs dont son peuple avait besoin. Le peuple est las de se trouver ainsi livré en quelque sorte au caprice divin : il prétend posséder un pouvoir permanent et propre à le défendre en tout temps. Mais en même temps que cette parole était une consolation pour Samuel, c’était une menace pour le peuple. Dieu veut dire : En réalité, c’est à moi que s’adresse cet affront ; ils continuent la conduite qu’ils ont tenue depuis le temps de Moïse. Ce qu’ils demandent dans un mauvais esprit, leur tournera à mal. Ils veulent un roi comme les nations en ont et ils l’auront tel que les ont celles-ci. C’est en effet des mœurs des souverains du temps qu’est tirée la description suivante de la conduite despotique des futurs rois d’Israël.

8 Selon tout ce qu’ils ont fait, depuis le jour que je les ai fait monter hors d’Égypte jusqu’à ce jour, en m’abandonnant et en servant d’autres dieux, ils te le font de même.

Ce n’est pas toi qui es en faute, mais eux seuls.

9 Et maintenant écoute leur voix ; toutefois proteste-leur expressément et déclare-leur comment le roi qui régnera sur eux les traitera. 10 Et Samuel dit toutes les paroles de l’Éternel au peuple, qui lui avait demandé un roi, 11 et il dit : Voici comment vous traitera le roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils et il les mettra sur son chariot et parmi ses cavaliers, et ils courront devant son chariot ;

Sur son chariot : comme cochers.

Parmi ses cavaliers : comme ses gardes.

Devant son chariot : comme coureurs (2 Samuel 15.4). Tout ici suppose la violation expresse de Deutéronome 17.16, où se trouvent les premières recommandations à l’adresse des rois futurs.

12 et il s’en fera des chefs de mille et des chefs de cinquante ; et il les prendra pour labourer ses champs et récolter sa moisson et pour fabriquer ses instruments de guerre et l’attirail de ses chariots.

Armée permanente.

13 Et il prendra vos filles pour parfumeuses, pour cuisinières et pour boulangères.

Parfumeuses : pour les femmes du harem ; en violation de Deutéronome 17.17.

14 Et vos champs, vos vignes et vos meilleurs oliviers, il les prendra et les donnera à ses serviteurs ;

Voir Lévitique 25.23, note.

15 et de vos champs et de vos vignes il prendra la dîme et la donnera à ses eunuques et à ses serviteurs,

Dîme : impôts excessifs et arbitraires, qui pèseront d’autant plus que jusque là Israël n’avait rien connu de semblable.

16 et il prendra vos serviteurs et vos servantes et l’élite de vos jeunes gens et vos ânes, et les emploiera à ses ouvrages.

Vos jeunes gens. Ce terme, placé entre les servantes et les ânes, est étrange. Un léger changement donne le sens, peut-être préférable, de : vos bœufs.

17 Il dîmera vos troupeaux, et vous serez ses serviteurs. 18 Alors vous crierez à cause de votre roi que vous aurez élu, mais l’Éternel ne vous exaucera point. 19 Et le peuple refusa d’écouter Samuel, et ils dirent : Non, mais il y aura un roi sur nous,

Après avoir prouvé aux Anciens que Dieu tenait compte de leur désir (versets 9 et 10), Samuel les congédie, afin d’attendre le moment que Dieu marquera pour convoquer l’assemblée du peuple entier où l’élection du roi pourra avoir lieu.

20 et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; et notre roi nous jugera et sortira devant nous et fera nos guerres. 21 Et Samuel entendit toutes les paroles du peuple et les rapporta à l’Éternel. 22 Et l’Éternel dit à Samuel : Écoute leur voix et établis-leur un roi. Et Samuel dit à ceux d’Israël : Que chacun de vous s’en aille à sa ville.