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1 Samuel 25
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Samuel mourut, et tout Israël s’assembla et mena deuil sur lui, et on l’enterra chez lui à Rama. Et David se leva et descendit au désert de Paran

David et Nabal

Mena deuil. Malgré son ingratitude, le peuple n’était pas sans comprendre ce que cet homme extraordinaire avait été pour lui. Depuis Moïse et Josué aucun serviteur de Dieu n’avait accompli une œuvre aussi salutaire et aussi féconde en Israël (Jérémie 15.1).

Chez lui : littéralement dans sa maison ; non : dans sa demeure, ce qui serait contraire à la loi de Nombres 19.16 et au sentiment d’horreur qu’avaient les Juifs pour les cadavres ; mais dans sa propriété, attenante à sa demeure.

Et David… Cette fuite de David dans une contrée plus méridionale était-elle en quelque rapport avec la mort de Samuel ? Nous l’ignorons.

Paran : la contrée déserte au sud de la tribu de Juda était, paraît-il, envisagée comme appartenant encore au vaste désert de Paran. Voir la note en fin du chapitre 10 de Nombres.

2 Et il y avait à Maon un homme qui avait son bien au Carmel ; et cet homme était fort riche ; il avait trois mille brebis et mille chèvres, et il se trouvait au Carmel pour la tonte de ses brebis.

Maon : voir 1 Samuel 23.24 et Josué 15.55.

Au Carmel. Ne pas confondre avec la montagne bien connue de ce nom. Voir Josué 15.55. Il n’y avait guère qu’une petite heure de Maon au Carmel.

La tonte des brebis : voir Genèse 38.12, note.

3 Le nom de cet homme était Nabal, et celui de sa femme Abigaïl ; c’était une femme intelligente et belle, et l’homme était dur et méchant ; et il faisait à sa tête.

Nabal, insensé ; probablement un surnom.

Abigaïl, la joie de mon père.

Et il faisait à sa tête. Un léger changement dans le mot hébreu donne un sens tout différent : Il était de la race de Caleb.

4 Et David apprit au désert que Nabal tondait ses brebis.

Au désert. David avait rendu des services à Nabal en protégeant ses troupeaux contre les pillards du désert ; de là sa demande.

5 Et David envoya dix jeunes gens, et David dit à ces jeunes gens : Montez au Carmel, et allez chez Nabal et saluez-le de ma part. 6 Et vous lui parlerez ainsi : Bonne vie ! Tu vas bien, ta maison va bien, toutes tes affaires vont bien.

Bonne vie ! Nous rendons ainsi un mot difficile que l’on traduit aussi par : Vous direz à ce (bon) vivant, ou bien, avec un petit changement de lettres : à mon frère, ou encore autrement.

7 Et maintenant j’ai entendu que tu as les tondeurs. Or tes bergers ont été avec nous, nous ne les avons point molestés et rien du troupeau ne leur a manqué pendant tout le temps qu’ils ont été au Carmel. 8 Demande à tes serviteurs et ils te le diront. Que ces jeunes gens trouvent donc grâce à tes yeux, car nous sommes venus en un jour de fête. Donne, je te prie, ce qui se trouvera sous ta main à tes serviteurs et à ton fils David. 9 Et les jeunes gens de David vinrent et dirent à Nabal toutes ces paroles au nom de David et ils attendirent. 10 Et Nabal répondit aux serviteurs de David et dit : Qui est David, et qui est le fils d’Isaï ? De nos jours ils sont nombreux les serviteurs qui décampent de chez leurs maîtres.

Allusion méprisante à la fuite de David d’auprès de Saül.

11 Et je prendrais mon pain et mon eau et ma viande que j’ai préparés pour mes tondeurs, et je les donnerais à des gens qui viennent je ne sais d’où ! 12 Et les serviteurs de David repartirent et revinrent raconter à David toutes ces choses. 13 Et David dit à ses hommes : Ceignez chacun son épée !
Et ils ceignirent chacun son épée. Et David aussi ceignit son épée ; et il monta avec lui environ quatre cents hommes ; et il en resta deux cents auprès des bagages.

Aucun blâme n’est prononcé sur cette résolution violente de David ; mais la suite montre assez quelle faute il eût commise si Dieu n’avait prévenu l’exécution de ce dessein.

14 Et Abigaïl, femme de Nabal, fut informée par un des serviteurs qui lui dit : Voici, David a envoyé du désert des messagers pour saluer notre maître, et il s’est emporté contre eux. 15 Et pourtant ces gens ont été très bons pour nous ; ils ne nous ont point molestés, et rien ne nous a manqué tout le temps que nous avons cheminé avec eux, lorsque nous étions dans la campagne.

On voit combien il est injuste de présenter David comme chef d’une bande de pillards indisciplinés.

16 Ils ont été pour nous un rempart, et nuit et jour, tout le temps que nous avons été avec eux gardant les troupeaux. 17 Et maintenant réfléchis et vois ce que tu as à faire ; le malheur est certain pour notre maître et pour toute sa maison, et il est trop mauvais pour qu’on puisse lui parler.

Trop mauvais, littéralement : trop fils de Bélial ; un homme de qui on ne peut attendre rien de bon.

18 Et Abigail se hâta et prit deux cents pains et deux outres de vin et cinq moutons apprêtés, et cinq mesures de grain rôti, et cent tourteaux de raisins secs et deux cents gâteaux de figues, qu’elle chargea sur des ânes. 19 Et elle dit à ses serviteurs : Passez devant moi ; je vous suis. Et elle ne dit rien à Nabal, son mari. 20 Et comme, montée sur un âne, elle descendait la montagne par un endroit couvert, voici David et ses hommes descendaient en face d’elle, et elle les rencontra.

Par un endroit couvert : un vallon ombragé, entre deux versants de montagne faisant face l’un à l’autre.

21 Et David avait dit : C’est donc pour rien que j’ai surveillé tout ce que cet homme a dans le désert, et que rien n’a été enlevé de tout ce qu’il possède ; il me rend le mal pour le bien ! 22 Que Dieu traite ainsi les ennemis de David et qu’ainsi il y ajoute, si jusqu’au lever du jour, je laisse subsister de tout ce qui est à lui un seul homme !

Que Dieu traite ainsi… ! Cette formule est ordinairement une imprécation que celui qui parle prononce contre lui-même au cas qu’il n’exécute pas sa parole. Mais ce qui est étrange, c’est que dans ce cas-ci David appelle la malédiction non sur lui-même, mais sur ses ennemis, s’il ne se venge pas de Nabal. Il faut donc se résoudre à donner ici à cette formule un sens favorable : Que Dieu traite mes ennemis aussi favorablement que je le ferais à l’égard de Nabal, si je ne me vengeais pas de lui en tuant jusqu’au dernier homme de sa maison !

Un seul homme. David emploie ici une expression (tous ceux qui urinent contre la muraille) qui dans nos mœurs serait choquante et qui revient à dire : Tous les mâles de la maison de Nabal.

23 Et lorsque Abigaïl vit David, elle se hâta de descendre de son âne, et se jetant sur sa face devant David, elle se prosterna contre terre. 24 Et elle se jeta à ses pieds, et dit : À moi, mon seigneur, est la faute. Permets à ta servante de te parler, et écoute les paroles de ta servante.

À moi est la faute. Elle veut dire : Que ce soit moi seule qui sois responsable ! Mais comme elle apporte en même temps la réparation de la faute commise, elle compte naturellement sur le pardon (verset 28).

25 Que mon seigneur ne prenne pas garde à cet homme de rien, Nabal, car il est ce que son nom indique ; Nabal est son nom, et il y a chez lui de la folie ; et moi, ta servante, je n’ai pas vu les jeunes gens que mon seigneur a envoyés. 26 Et maintenant, mon seigneur, aussi vrai que l’Éternel est vivant et que ton âme est vivante, l’Éternel t’a préservé d’en venir à verser le sang et de te faire justice toi-même. Et maintenant, que tes ennemis et ceux qui veulent du mal à mon seigneur soient comme Nabal ! 27 Et maintenant, ce présent que ta servante apporte à mon seigneur, donne-le aux jeunes gens qui suivent mon seigneur. 28 Veuille pardonner l’offense de ta servante, car l’Éternel certainement rendra stable la maison de mon seigneur, car mon seigneur soutient les guerres de l’Éternel, et le mal ne se trouvera pas chez toi, tout le temps de ta vie.

Rendra stable la maison… On voit par ces paroles et les suivantes jusqu’au verset 30 que le pressentiment de la haute destinée de David était déjà répandu dans le peuple, à la suite de ses exploits et peut-être aussi (verset 30) parce qu’il avait transpiré quelque chose des promesses que Samuel lui avait faites. Nous avons déjà vu que Jonathan était au clair à cet égard.

29 S’il s’élève quelqu’un pour te poursuivre et chercher ta vie, la vie de mon seigneur sera gardée dans l’écrin des vivants auprès de l’Éternel ton Dieu, et la vie de tes ennemis, il la mettra dans la fronde et il la lancera au loin.

Belle opposition entre un joyau que l’on porte sur soi enfermé soigneusement dans une bourse ou dans un écrin et une pierre ordinaire qu’on jette au loin sans penser à la ramasser.

30 Et lorsque l’Éternel aura accompli pour mon seigneur tout le bien qu’il t’a promis, et qu’il t’aura établi comme chef sur Israël, 31 ce ne sera pas une cause de faiblesse ou de remords pour mon seigneur que d’avoir répandu du sang sans motif et de s’être fait justice lui-même. Et l’Éternel fera du bien à mon seigneur et tu te souviendras de ta servante. 32 Et David dit à Abigaïl : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui en ce jour, t’a envoyée à ma rencontre. 33 Et béni soit ton bon sens et bénie sois-tu, toi qui m’as empêché en ce jour de répandre du sang et de me faire justice moi-même. 34 Autrement l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui m’a empêché de te faire du mal, est vivant que, si tu ne t’étais pas hâtée de venir à ma rencontre, il ne serait rien resté à Nabal, pas même un seul homme, jusqu’au lever du jour.

Même expression qu’au verset 22. On peut se demander si cet admirable discours est bien réellement sorti de la bouche d’une simple femme israélite, comme Abigaïl. Mais il renferme tant de traits originaux (comparez surtout versets 29 et 31) qu’il est bien difficile de les attribuer à un narrateur composant à froid. L’histoire subséquente prouve l’impression profonde que produisit sur David cette rencontre inattendue.

35 Et David prit de sa main ce qu’elle lui avait apporté, et lui dit : Retourne en paix dans ta maison ; vois, j’ai écouté ta voix et j’ai eu égard à toi. 36 Et Abigaïl revint vers Nabal, et voici, il faisait dans sa maison un festin comme un festin de roi, et le cœur de Nabal était joyeux et il était complètement ivre ; elle ne lui dit rien, ni peu, ni beaucoup, jusqu’au lever du jour. 37 Et au matin, quand l’ivresse de Nabal fut passée, sa femme lui raconta ces choses, et son cœur fut mortellement frappé au-dedans de lui et il devint comme une pierre.

Une attaque d’apoplexie provenant de l’émotion (cœur) que lui cause cette nouvelle et qui, au bout de dix jours, mit fin à sa vie.

38 Et environ dix jours après, l’Éternel frappa Nabal, et il mourut. 39 Et David apprit que Nabal était mort, et il dit : Béni soit l’Éternel qui a pris en main ma cause dans l’outrage que m’avait fait Nabal et qui a empêché son serviteur de faire le mal !
Et l’Éternel a fait retomber la méchanceté de Nabal sur sa tête. Et David envoya vers Abigaïl pour lui proposer de devenir sa femme. 40 Et les serviteurs de David vinrent auprès d’Abigaïl au Carmel et lui parlèrent ainsi : David nous a envoyés vers toi afin de te prendre pour sa femme.

Les serviteurs de David… Il n’est point dit que ceci arriva le lendemain de la mort de Nabal, comme on l’a prétendu.

41 Et elle se leva et se prosterna contre terre et dit : Voici, ta servante sera une esclave pour laver les pieds des serviteurs de mon seigneur.

Voici ta servante… C’est la teneur de la réponse qu’elle charge les serviteurs de David de porter à leur maître.

42 Et aussitôt Abigaïl se leva en hâte et monta sur un âne, et cinq de ses jeunes filles l’accompagnaient, et elle suivit les messagers de David, et devint sa femme. 43 Et David prit aussi Ahinoam de Jizréel, et toutes les deux furent ses femmes.

À cette occasion le narrateur ajoute quelques détails sur les deux autres femmes qu’avait déjà David.

Ahinoham de Jizréel (ville de Juda, mentionnée Josué 15.56 et voisine des lieux où vivait alors David), fut la mère de son fils aîné, Amnon, d’après 2 Samuel 3.2. Il est probable qu’elle était déjà sa femme quand il épousa Abigaïl.

44 Et Saül avait donné Mical, sa fille, femme de David, à Palti, fils de Laïs, qui était de Gallim.

Mical. Saül, sans doute pour rompre d’une manière ostensible avec David, l’avait donnée à un autre homme, nommé Palti ou Paltiel (2 Samuel 3.15) ; celui-ci fut obligé plus tard de la rendre à David (2 Samuel 3.14-15).