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1 Rois 20
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 1 Rois 20

Victoires d’Achab sur Ben-Hadad

Élie disparaît de la scène pour un temps, tandis qu’Achab et son peuple sont absorbés par les soins de la guerre avec les Syriens. Grâce à la présence des sept mille, l’assistance divine n’est point entièrement retirée à Israël ; Dieu délivre miraculeusement son peuple.

1 Et Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toutes ses troupes ; et il y avait trente-deux rois avec lui et des chevaux et des chars. Et il monta et mit le siège devant Samarie et l’attaqua.

Première victoire (1-22)

Ben-Hadad. Ce roi était probablement le fils de celui dont il a été parlé 1 Rois 15.18 (voir note). Il est mentionné dans les inscriptions assyriennes de Salmanazar II sous le nom de Dad-Idri, de Damas et en même temps comme allié d’Achab, d’Israël, du roi de Hamath et de dix autres rois du pays des Héthiens (voir la notice à la fin du chapitre 22). En effet, notre Ben-Hadad fit plus tard alliance avec Achab (verset 34).

Trente-deux rois : les chefs de certains districts, qui étaient vassaux du roi de Damas et lui payaient tribut. C’est à cette condition de vassal qu’il voulait réduire aussi le roi d’Israël.

2 Et il envoya des messagers à Achab, roi d’Israël, dans la ville, 3 et il lui dit : Ainsi a dit Ben-Hadad : Ton argent et ton or sont à moi, et tes femmes et les fils les plus chers sont à moi. 4 Et le roi d’Israël répondit et dit : Comme tu le dis, ô roi, mon seigneur, je suis à toi, moi et tout ce que j’ai.

Pour éviter à Samarie les horreurs d’un long siège et d’une prise d’assaut, Achab se résigne à cette exigence ; la ville ne renfermait pas plus de 7000 défenseurs valides (verset 15).

5 Et les messagers revinrent et dirent : Ainsi a parlé Ben-Hadad : En effet, je t’ai envoyé dire : Tu me donneras ton argent et ton or et tes femmes et tes fils.

Ben-Hadad, enhardi par la timidité d’Achab, augmente ses prétentions : il entend, avant de retourner à Damas, pouvoir s’emparer de tout ce qu’il y a de précieux dans le palais d’Achab et dans les maisons de ses principaux serviteurs. Ce sera son indemnité de guerre.

6 Mais demain, à cette heure-ci, j’enverrai mes serviteurs vers toi, et ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, et ils mettront la main sur tout ce qui réjouit tes yeux, et l’emporteront. 7 Et le roi d’Israël appela tous les Anciens du pays et dit : Sachez, je vous prie, et voyez comment cet homme veut notre mal ; car il a envoyé vers moi pour avoir mes femmes et mes fils et mon argent et mon or, et je ne lui ai rien refusé.

Les Anciens du pays. Ils s’étaient réfugiés dans la ville avec leurs trésors devant l’invasion syrienne et assistaient le roi comme assemblée nationale.

Je ne lui ai rien refusé : Je n’ai pas été opiniâtre, j’ai concédé tout ce que je pouvais, jusqu’à mon indépendance ; dois-je aller plus loin et me remettre entièrement avec vous à la merci du vainqueur ?

8 Et tous les Anciens et tout le peuple lui dirent : Ne l’écoute pas et ne consens pas ! 9 Et il dit aux messagers de Ben-Hadad : Dites à mon seigneur le roi : Tout ce que tu as mandé à ton serviteur la première fois, je le ferai ; mais ceci, je ne puis le faire. Et les messagers s’en allèrent et lui rapportèrent cela. 10 Et Ben-Hadad envoya vers lui et dit : Qu’ainsi me fassent les dieux et qu’ainsi ils y ajoutent, si la poussière de Samarie suffit pour [remplir] les paumes des mains de tout le peuple qui me suit !

La poussière de Samarie… : Mes troupes sont si nombreuses que la poussière de ta capitale réduite en cendres ne suffira pas pour remplir la main de chacun de mes hommes.

11 Et le roi d’Israël répondit et dit : Dites-lui : Que celui qui se ceint ne se vante pas comme celui qui déboucle.

On ne doit pas se glorifier de la victoire avant la bataille.

12 Et lorsque [Ben-Hadad] entendit cette parole, il était à boire, lui et les rois, dans les tentes, il dit à ses serviteurs : À vos rangs !
Et ils se rangèrent contre la ville

Dans les tentes. Le mot indique des cabanes de branchages et de verdure.

13 Et voici, un prophète s’approcha d’Achab, roi d’Israël, et dit : Ainsi a dit l’Éternel : Vois-tu toute cette grande multitude ? Voici, je vais te la livrer aujourd’hui et tu sauras que je suis l’Éternel.

Un prophète : sans doute l’un de ceux auxquels Abdias avait sauvé la vie (1 Rois 18.13).

14 Et Achab dit : Par qui ? Et il dit : Ainsi a dit l’Éternel : Par les valets des chefs de provinces. Et [le roi] dit : Qui engagera le combat ? Et il dit : Toi !

Par les valets des chefs de provinces. Chaque district du royaume avait son chef, en quelque sorte son préfet et chacun de ces chefs avait une troupe d’élite sous ses ordres ; ils étaient maintenant tous réunis dans la capitale assiégée. Sous Salomon déjà nous avons vu (1 Rois 4.12) une semblable division du pays en provinces, qui ne tenait pas compte de la division en tribus.

Toi ! Ce mot ne signifie pas qu’Achab doive sortir lui-même à leur tête (verset 21), mais que c’est Israël qui doit attaquer le premier.

15 Et il dénombra les valets des chefs de provinces ; et ils étaient deux cent trente-deux. Et après eux il dénombra tout le peuple, tous les fils d’Israël, sept mille [hommes].

Ces sept mille n’ont rien de commun avec ceux de 1 Rois 19.18. Le nombre est ici purement historique.

16 Et ils sortirent à midi. Et Ben-Hadad buvait, s’enivrant dans les tentes, lui et les rois, trente-deux rois, ses auxiliaires.

Et ils sortirent, comme avant-garde.

17 Et les valets des chefs de provinces sortirent les premiers. Et Ben-Hadad envoya, et on lui rapporta, disant : Des hommes sont sortis de Samarie. 18 Et il dit : S’ils sont sortis pour la paix, saisissez-les vivants ; et s’ils sont sortis pour le combat, saisissez-les vivants ! 19 Et ces valets des chefs de provinces étant sortis de la ville, ainsi que la troupe qui les suivait,

La troupe qui les suivait : une partie des sept mille.

20 ils frappèrent chacun son homme, et les Syriens s’enfuirent, et Israël les poursuivit ; et Ben-Hadad, roi de Syrie, échappa à cheval avec des cavaliers. 21 Et le roi d’Israël sortit et frappa les chevaux et les chars, et fit subir aux Syriens une grande défaite.

Et le roi d’Israël sortit : avec le reste des troupes jusqu’alors chargées de garder la ville

Les chevaux et les chars. On n’avait pas eu le temps d’atteler tous les chariots.

22 Et le prophète s’approcha du roi d’Israël et lui dit : Va, fortifie-toi et sache et vois ce que tu dois faire ; car au retour de l’année le roi de Syrie montera contre toi.

La sécurité orgueilleuse suit souvent une victoire inespérée. Le prophète, qui a promis celle-ci, cherche à prévenir celle-là . Achab doit se rappeler que le secours divin continue à lui être indispensable.

23 Et les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : Leurs dieux sont des dieux de montagnes ; c’est pourquoi ils ont été plus forts que nous. Mais si nous les combattons dans la plaine, nous verrons bien si nous ne sommes pas plus forts qu’eux.

Seconde victoire (23-34)

Des dieux de montagnes. La contrée où se trouve la ville de Samarie est très montagneuse et les sanctuaires israélites étaient en général des hauts-lieux.

24 Toi, fais ceci : Ôte tous ces rois de leurs postes et mets à leur place des capitaines ;

Toi, fais-ceci. Une seconde précaution à prendre immédiatement : ôter le commandement des troupes aux rois vassaux qui se sont montrés lâches, pour le donner à des capitaines syriens.

25 et toi, tu lèveras une armée comme l’armée qui t’a manqué, cheval pour cheval et char pour char, et nous nous battrons avec eux dans la plaine ; on verra bien si nous ne serons pas plus forts qu’eux. Et il les écouta et fit ainsi.

Avec cela il suffira du même nombre de troupes pour obtenir un tout autre résultat.

26 Et au retour de l’année Ben-Hadad passa en revue les Syriens et monta à Aphek pour livrer bataille contre Israël.

Aphek (forteresse) est un nom porté par plusieurs villes. Ici il s’agit de celle mentionnée Josué 12.8 et 1 Samuel 29.1, près de Jizréel.

27 Et les fils d’Israël, ayant été passés en revue et fournis de vivres, marchèrent à leur rencontre, et ils campèrent vis-à-vis d’eux comme deux petits troupeaux de chèvres ; et les Syriens remplissaient le pays.

Comme deux petits troupeaux… Les Israélites étaient divisés en deux troupes si petites qu’on les remarquait à peine sur le versant de la montagne.

28 Et l’homme de Dieu s’approcha et parla au roi d’Israël et dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que les Syriens ont dit : L’Éternel est un Dieu de montagnes et non pas un Dieu de plaines, je te livrerai toute cette grande multitude et vous saurez que je suis l’Éternel.

Ils apprendront que le Dieu d’Israël est celui de toute la terre, l’unique.

29 Et ils campèrent vis-à-vis les uns des autres, sept jours. Et le septième jour la bataille s’engagea. Et les fils d’Israël frappèrent les Syriens, cent mille hommes de pied en un jour. 30 Et le reste s’enfuit à Aphek dans la ville, et la muraille tomba sur vingt-sept mille hommes de ceux qui restaient. Et Ben-Hadad s’enfuit et entra dans la ville, dans la chambre la plus reculée.

Vingt-sept mille. Ce chiffre invraisemblable est probablement dû à une erreur de copiste. Nous ignorons la cause de la chute de cette muraille.

La chambre la plus reculée : le texte ne dit pas dans quelle maison.

31 Et ses serviteurs lui dirent : Voici, nous avons entendu-dire que les rois de la maison d’Israël sont des rois cléments. Mettons, je te prie, des sacs sur nos reins et des cordes à nos cous, et sortons vers le roi d’Israël. Peut-être qu’il te laissera la vie.

Sacs, cordes ; signes de la reddition. Quelque cruels que se soient souvent montrés les souverains Israélites, il y avait pourtant entre eux et les rois voisins une différence généralement sentie. La foi en un Dieu tel que le leur et le sentiment de leur responsabilité devant lui, leur imposait une certaine modération.

32 Et ils ceignirent de sacs leurs reins et [mirent] des cordes à leurs cous et vinrent vers le roi d’Israël. Et ils dirent : Ton serviteur Ben-Hadad dit : Je te prie, laisse-moi la vie. Et il dit : Vit-il encore ? Il est mon frère.

Même péché que Saül (1 Samuel 15.9). Cette conduite ne venait pas d’un mouvement de charité, mais d’un principe de vanité. Il voulait se montrer à son peuple en roi, avec un roi à ses côtés.

Il est mon frère. C’était dire non seulement qu’il lui accorderait la vie, mais qu’il le traiterait en roi, son égal. Il oublie le mépris de l’Éternel et la haine du peuple que Ben-Hadad avait constamment montrés.

33 Et les hommes en augurèrent du bien et s’empressèrent de lui faire dire si c’était bien là sa pensée, et ils dirent : Ton frère. Ben-Hadad !
Et il dit : Allez, amenez-le. Et Ben-Hadad sortit vers lui, et il le fit monter sur son char.

Les serviteurs de Ben-Hadad relèvent avec empressement ce terme, comme pour voir s’ils l’ont bien compris. Achab le leur confirme par un ordre qui est une promesse.

34 Et Ben-Hadad lui dit : Les villes que mon père a prises à ton père, je les rends, et tu te feras des rues à Damas, comme mon père en a fait à Samarie. Et moi, dit Achab, je te laisserai aller avec ce traité. Et il traita avec lui et le laissa aller.

Les villes que mon père a prises à ton père… : le père de Ben-Hadad, à Omri, père d’Achab. Ce fait n’est pas mentionné dans le récit de la vie d’Omri.

Des rues à Damas : des bazars israélites à Damas, comme les Syriens avaient obtenu d’établir leurs bazars à Samarie.

Et le laissa aller : celui qui avait fait tant de mal à Israël et déshonoré son Dieu ! Ce n’était pas un ennemi personnel qu’Achab épargnait ; c’était l’ennemi acharné de son peuple. Il y avait là de sa part un manque de dignité théocratique qui devait être sévèrement blâmé par l’un de ces mêmes prophètes dont un autre avait encouragé et soutenu le roi dans l’épreuve.

35 Et un d’entre les fils des prophètes dit à son compagnon par l’ordre de l’Éternel : Frappe-moi !
Et l’autre refusa de le frapper.

Répréhension d’Achab (35-43)

Un d’entre les fils… : l’un des membres d’une des communautés prophétiques (voir 1 Samuel 10.5, note).

Frappe-moi : afin que je ressemble à un blessé se sauvant du champ de bataille. L’autre refusa… Ce refus était coupable parce qu’il aurait dû comprendre que, ce service lui étant demandé par un prophète, cette prière provenait de l’Éternel. Il paiera de sa vie sa fausse charité.

36 Et il lui dit : Parce que tu n’as pas obéi à la voix de l’Éternel, tu vas t’en aller d’auprès de moi et un lion te tuera. Et il s’en alla d’auprès de lui, et le lion le trouva et le tua. 37 Et il trouva un autre homme, et il dit : Frappe-moi !
Et celui-ci le frappa fort et le blessa.

Un autre homme : un homme ordinaire, qui, quoique non prophète, comprend mieux le caractère exceptionnel de la demande qui lui est faite.

38 Et le prophète alla se placer sur le chemin du roi en abaissant son turban sur ses yeux.

Sur le chemin du roi : afin que la répréhension qu’il a en vue, ait lieu publiquement, en plein triomphe du roi pécheur !

39 Et comme le roi passait, il cria au roi et dit : Ton serviteur était au milieu du combat, et voici quelqu’un se détournant m’amena un homme et dit : Garde cet homme ! S’il vient à manquer, ta vie sera à la place de sa vie, ou tu paieras un talent d’argent.

Était au milieu du combat. C’est ce que devait servir à prouver la blessure qu’il portait ; elle était peut-être aussi destinée à rappeler à Achab les sanglantes blessures que lui et son peuple avaient reçues des mains de celui qu’il épargnait si légèrement, Le prophète emploie ici avec le roi la même méthode que Nathan avec David, afin de l’amener à prononcer lui-même la condamnation qui doit le frapper.

Un talent d’argent : environ 50 kg, ce qui suppose que ce prisonnier était un personnage de haut rang, comme il devait l’être pour représenter, dans cette espèce de parabole, le roi de Syrie.

40 Et comme ton serviteur avait affaire de côté et d’autre, l’homme disparut :
Et le roi d’Israël lui dit : C’est ta condamnation ; tu as prononcé toi-même. 41 Et il se hâta d’ôter le bandeau de ses yeux, et le roi d’Israël le reconnut pour l’un des prophètes. 42 Et il lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que tu as laissé aller d’entre tes mains l’homme que j’avais voué à la destruction, ta vie sera pour sa vie et ton peuple pour son peuple.

Roi et peuple sont solidaires ; leur vie et leur bien-être seront le salaire qu’ils devront payer en réparation de la vie de Ben-Hadad qu’ils ont épargnée, tandis que Dieu leur avait livré cet ennemi pour qu’ils missent fin à son pouvoir.

L’homme que j’avais voué à la destruction, littéralement l’homme de mon interdit ; un homme qui, à mes yeux, ne méritait que la mort. Tu seras interdit à sa place, voir Lévitique 27.21, Lévitique 27.28, note.

43 Et le roi d’Israël rentra chez lui mécontent et fâché, et il vint à Samarie.