Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

1 Corinthiens 8
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 1 Corinthiens 8

Selon la connaissance chrétienne, les idoles ne sont rien

Tous se vantent d’avoir cette connaissance, mais la connaissance sans amour est vaine et enfle d’orgueil (1-3).

Les idoles auxquelles les païens sacrifient ne sont rien, malgré leur multiplicité ; il n’y a qu’un seul Dieu et un seul Seigneur (4-6).

1 Quant aux choses sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous de la connaissance (la connaissance enfle, mais la charité édifie ;

Instructions sur la liberté de manger des aliments sacrifiés aux idoles

Versets 1 à 6 — Selon la connaissance chrétienne, les idoles ne sont rien

L’apôtre passe brusquement ici d’un sujet à un autre. Mais la liaison de ses pensées se trouvait dans la lettre que lui avaient écrite les fidèles de Corinthe (1 Corinthiens 7.1), et à laquelle il répond dans l’ordre des questions qu’ils lui avaient adressées.

Celle-ci, concernant la liberté que s’attribuaient plusieurs de manger des viandes qui avaient servi aux sacrifices des idoles, était alors d’une grande importance, à cause de la diversité d’opinions qui régnaient là-dessus entre les chrétiens. Une partie de la chair des victimes offertes en sacrifice, revenait aux prêtres : une autre partie était rendue à ceux qui avaient fourni le sacrifice et ils l’employaient à des repas sacrés, soit dans les temples, soit dans leurs maisons.

Ces repas étaient d’ordinaire accompagnés des plus abominables souillures, qui faisaient partie du culte corrompu du paganisme. Les pauvres, après avoir offert une victime, en vendaient la chair sur les marchés. Il se présentait donc aux chrétiens diverses occasions de manger de ces viandes. De là, un sujet de contestation dans l’Église de Corinthe.

Les Juifs convertis considéraient cette participation indirecte aux sacrifices idolâtres comme une grande souillure, tandis que d’autres disciples, abusant d’une liberté que l’apôtre ne leur conteste pas, mais qui blessait la conscience des faibles, ne s’en faisaient aucun scrupule. De là, pour les uns et les autres, l’importance qu’ils avaient mise à connaître l’opinion de Paul ; de là aussi des instructions qui remplissent ici les 1 Corinthiens 8 ; 1 Corinthiens 9 ; 1 Corinthiens 10.

Ce sujet a quelque similarité avec celui que l’apôtre traite dans Romains 14 et Romains 15 ; mais il y a cette différence que là des chrétiens, faibles dans la connaissance et dans la foi, regardaient comme étant encore en vigueur des lois mosaïques abolies par l’Évangile ; tandis qu’ici ils veulent éviter une participation à des actes du paganisme dans lesquels il pouvait réellement y avoir du péché.

Il ne faudrait pas croire que ces sujets, pour ne plus se présenter à nous sous la même forme, soient sans application à nos temps. Il y a dans le monde bien des choses qui, indifférentes en elles-mêmes, sont devenues des péchés par l’usage qu’en font les hommes sans Dieu ; y prendre part peut être un scandale pour les faibles et une occasion de souillure pour les forts. Ainsi, en changeant le nom des choses, leurs formes et leurs rapports, les instructions de l’apôtre conservent toute leur opportunité et leur importance.

De qui parle l’apôtre en disant : nous avons tous de la connaissance ? et comment expliquer la contradiction entre ces paroles et verset 7 ?

À cela, on a fait diverses réponses.

  1. Les uns prennent ici le mot connaissance dans un sens général et théorique, tandis qu’au verset 7 il s’agit de la connaissance spéciale et pratique du sujet traité dans ce chapitre. Mais cela est en contradiction avec verset 1, qui détermine très bien l’objet spécial de cette connaissance : les choses sacrifiées aux idoles.
  2. D’autres entendent par nous, tous, les chrétiens éclairés, Paul et ses pareils. Mais comment alors s’expliquer la critique sévère que l’apôtre fait de cette connaissance, dans la parenthèse qui suit ?
  3. On a vu enfin dans ces paroles une ironie par la quelle Paul veut humilier les prétentions d’une partie des Corinthiens à la science. Et ce sens qui est bien en harmonie avec le verset 7 et avec la parenthèse, est celui auquel nous nous arrêtons. verset 2, en particulier, se trouve ainsi clairement expliqué.

Les Corinthiens, riches en connaissance (1 Corinthiens 1.5), en faisaient un aliment de l’orgueil. Par la science sans la charité, l’homme se complaît à lui-même ; par la charité, il complaît à ses frères. Par l’une, il dit : « Toutes choses me sont permises ; » par l’autre, il ajoute : « Mais toutes n’édifient pas » (1 Corinthiens 10.23). Quant à l’objet spécial de la connaissance que l’apôtre a ici en vue et dont il dit : nous savons, voir verset 6, note.

2 et si quelqu’un présume de connaître quelque chose, il n’a pas encore connu comme il faut connaître ; 3 mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui) ;

D’après le contraste exprimé (verset 1) entre la connaissance et l’amour, on attendrait ici : « Si quelqu’un aime son frère, il connaît comme il faut connaître ».

Au lieu de cela, l’apôtre met Dieu comme objet de l’amour et source de la connaissance. Par là, l’antithèse est plus vraie encore et elle renferme une profonde pensée : la source de toute connaissance de Dieu en l’homme, c’est qu’il a été d’abord connu de Dieu ; mais, pour Dieu, connaître c’est reconnaître comme lui appartenant (Jean 10.14 ; Jean 10.15), c’est aimer ceux qui sont les objets de cette connaissance, c’est créer en eux tout ce qui les rend agréables à ses yeux.

Il ne connaît pas les méchants, car le mal en eux consiste à se détourner de Dieu pour se jeter dans une négation, dans le néant (comparer 2 Timothée 2.19 ; Matthieu 7.23 ; Psaumes 1.6).

Celui que Dieu connaît, il lui communique, en faisant sa demeure chez lui, quelque chose de son essence divine ; or, Dieu est amour, chaleur et vie aussi bien que lumière. L’amour est donc la marque seule infaillible que j’ai été connu de Dieu et que je connais Dieu. Sans amour, ma connaissance n’est qu’une science stérile et froide, qui bientôt va tarir et rentrer dans le néant.

C’est pourquoi l’apôtre, en disant aimer Dieu, quand, dans son antithèse, on attendait aimer son frère, prend l’amour à sa source et nous fait ainsi comprendre que celui qui n’aime pas Dieu n’aime pas son frère (1 Jean 4.20), et que tout péché contre l’amour dû à nos frères est un péché contre Dieu (versets 11 et 12. Comparer, sur l’ensemble de cette pensée, 1 Corinthiens 13.12, note ; Galates 4.9, note).

4 pour ce qui est donc de manger des aliments sacrifiés aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a point d’autre Dieu qu’un seul. 5 Car quoiqu’il y en ait, soit dans le ciel, soit sur la terre, qui sont appelés dieux, comme effectivement il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, 6 toutefois, pour nous il y a un seul Dieu, le Père, duquel sont toutes choses, et nous sommes pour lui ; et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses, et nous sommes par lui.

Tout ce passage (versets 4-6) se rapporte à l’objet spécial de la connaissance que l’apôtre avait en vue en disant (versets 1 et 4) nous savons…quoi ? qu’une idole n’est rien, qu’il n’y a qu’un seul Dieu.

Mais comment cette idée vient-elle sous sa plume et entret-elle dans son plan ?

Le voici : Les Juifs convertis (et même plusieurs Pères de l’Église), croyaient, malgré les plus clairs enseignements de l’Ancien Testament, que les faux dieux du paganisme étaient des êtres réels, des esprits méchants, qui remplissaient de leur présence et de leur influence mauvaise les choses qui leur étaient offertes en sacrifices.

Ils croyaient donc aussi qu’en mangeant de ces sacrifices, ils entraient d’esprit et de corps en communion avec les démons et se plaçaient sous leur dépendance ; de là, leur horreur pour les choses sacrifiées. Et parmi les païens convertis il pouvait y en avoir aussi qui partageaient ce préjugé et qui y joignaient le triste souvenir de leur vie passée dans les souillures de l’idolâtrie ; double raison pour rompre entièrement avec tout ce qui les leur rappelait.

Mais le plus grand nombre des Corinthiens, les plus éclairés, savaient que les idoles ne sont rien, rien qu’une invention de l’imagination de l’homme. Ceux-ci, s’appuyant avec orgueil sur cette connaissance, sans préjugé à l’égard des sacrifices, mais aussi sans condescendance et sans amour pour leurs frères plus faibles, dont ils blessaient la conscience ou qu’ils entraînaient par leur exemple (versets 7, 9 et 10), péchaient contre la charité (verset 12) et s’exposaient eux-mêmes témérairement aux tentations inséparables des habitudes païennes.

Or, en écrivant à l’apôtre sur cette question, ils s’étaient justifiés par le fait que l’idole n’est rien, ce que Paul leur concède, car évidemment il répète (versets 4-6) leur argument ; mais il ajoute aussitôt : Tous n’ont pas cette connaissance (verset 7), et blâme pour cela leur manière d’agir (comparer 1 Corinthiens 10.19-21).

Bien que l’apôtre accorde aux Corinthiens qu’une idole n’est rien, il ne peut pas oublier que le paganisme, en lui-même, avec toutes ses abominations, est une œuvre du démon, ni qu’il existe réellement des esprits méchants (1 Corinthiens 8.5 ; Éphésiens 2.2 ; Éphésiens 6.12 ; Colossiens 2.15 ; 2 Corinthiens 4.4) ; mais ce qu’il déclare surtout, c’est qu’il n’y a pour le chrétien que le seul et vrai Dieu, de qui et pour qui nous sommes (motif de le glorifier) ; et qu’un seul Seigneur, Jésus-Christ, à qui il attribue la création de toutes choses (Jean 1.3 ; Colossiens 1.16), et par qui nous avons le salut et la vie (Éphésiens 2.10).

7 Mais tous n’ont pas la connaissance ; et quelques-uns, par la conscience qu’ils ont encore de l’idole, mangent une chose comme sacrifiée à l’idole ; et leur conscience étant faible, elle en est souillée.

Si les faibles, qui n’ont pas cette connaissance, mangent des choses sacrifiées aux idoles, ils souillent leur conscience ; en les y engageant par votre exemple, quoiqu’un aliment de plus ou de moins ne soit rien devant Dieu, vous abusez de votre liberté, vous scandalisez les faibles (7-9).

Si donc on te voit dans le temple des idoles, tel frère, à la conscience faible, suivra ton exemple et s’exposera à périr par ta faute ! Par là, tu pèches contre ton frère et contre Christ qui est mort pour lui ! Plutôt ne jamais manger d’aucune viande, que de scandaliser un frère (10-13).

Mais il ne faut pas moins user de charité envers les faibles

Grec : « La conscience de l’idole ; » c’est le sentiment non raisonné, l’opinion instinctive, ou, si l’on veut, le préjugé persistant que l’idole est un être réel et la crainte de se mettre en contact avec elle.

Pour de telles consciences faibles, manger des viandes sacrifiées à une idole était réellement une souillure à laquelle elles se laissaient entraîner par fausse honte et par l’exemple des forts. On voit en cela quel grand mal faisaient ces derniers en usant de leur liberté sans égard pour leurs frères (verset 9).

8 Or, un aliment ne nous rend pas agréables à Dieu ; si nous ne mangeons pas, nous n’avons rien de moins, et si nous mangeons, nous n’avons rien de plus.

Pourquoi donc ne pas y renoncer, puisque cette action, inutile en elle-même, peut être accompagnée de dangers réels pour nos frères (verset 9) ?

On remarquera que les deux dernières phrases de ce verset sont interverties dans le texte reçu et la plupart des versions, qui ont d’abord la proposition positive : si nous mangeons, puis la négative, contrairement à de fortes autorités.

9 Mais prenez garde que cette liberté que vous avez ne soit en scandale à ceux qui sont faibles. ? 10 Car si quelqu’un te voit, toi qui as de la connaissance, assis à table dans le temple des idoles, la conscience de celui qui est faible ne sera-t-elle pas déterminée à manger de ce qui est sacrifié à l’idole ?

Grec : « Sa conscience, qui est faible, ne sera-t-elle pas édifiée pour manger… ? »

Tu dois édifier sa conscience par une vie sainte ; mais si tu l’édifies de manière à le faire agir contre sa persuasion, c’est démolir au lieu d’édifier.

11 Et ainsi le faible périra par ta connaissance, le frère, pour lequel Christ est mort !

Effrayant reproche ! Christ a donné sa vie pour ce frère et toi, tu ne peux lui sacrifier quelque chose de ta liberté ! Tu l’exposes plutôt à périr !

Témoignage décisif contre l’opinion erronée que Christ n’est mort que pour les élus. Même si ce faible frère périt, il n’en reste pas moins éternellement vrai que Christ est mort pour lui (comparer Romains 14.15 ; Hébreux 10.29 ; 2 Pierre 2.1 ; 1 Jean 2.2).

Ce verset est également rétabli selon les meilleurs manuscrits et il en reçoit plus de force. Quel contraste : le faible périra par ta connaissance, le frère, pour qui Christ est mort !

12 Or quand vous péchez ainsi contre les frères, et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ.

Surtout parce qu’il est mort pour eux (verset 11), qu’il se les est acquis, qu’ils sont sa propriété.

13 C’est pourquoi, si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de viande, afin de ne pas scandaliser mon frère.

Comparer Romains 14. Plutôt renoncer à toute viande, à tout ce qui m’est permis, que de pécher contre la charité et de froisser une conscience !