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Vêtement
Dictionnaire Biblique Westphal

I Généralités

Chose essentielle a la vie, avec la nourriture et le logement, d’après le Siracide (Siracide 29.21, cf. 1 Timothée 6.8). Il est difficile de préciser avec certitude les formes d’habillement des Israélites. La Bible possède en ce domaine de nombreux termes hébreux, mais souvent isolés et sans description. Nos versions sont donc fréquemment en désaccord, et parfois la même hésite ou varie, suivant les passages, entre des traductions différentes (par exemple : manteau, robe, vêtement). D’autre part, les renseignements fournis par l’archéologie (peinture sur vases, sculpture, stèles, dessins) sont relativement peu nombreux en ce qui concerne Israël. Enfin, la Bible embrasse une si vaste période, qu’on ne peut sans doute étendre à toutes ses époques des indications sur le costume d’un certain moment. Ce qui facilite pourtant la tâche, c’est que cette évolution a dû être fort lente à travers les siècles, l’Orient ayant dans une grande mesure échappé à la tyrannie de la mode toujours changeante. Même, on peut encore se faire une idée assez juste du costume israélite d’après celui des paysans palestiniens d’aujourd’hui. Il comporte toujours la grande robe flottante retombant en plis, sorte de burnous appelé abaye, et la tunique, chemise descendant jusqu’aux genoux. Telle est dans la Bible la distinction essentielle entre vêtement de dessous, court et léger, et vêtement de dessus, lourd et chaud, porté ou enlevé à volonté ; c’est la plus solide donnée de notre étude. Quant à l’identification des diverses pièces du costume, il faut suivre les plus fortes probabilités, et préciser en transcrivant les termes originaux.

II Matériaux et fabrication

Le récit de la Chute rattache le besoin de vêtement à la connaissance du bien et du mal acquise par le premier couple, qui pourvoit d’abord avec de provisoires ceintures de feuilles (Genèse 3.7). Puis apparaissent les primitifs vêtements de peaux de bêtes (Genèse 3.21), portées avec le poil (Genèse 25.25) ; ils seront encore, beaucoup plus tard, un costume de prophètes du désert (2 Rois 1.8 ; Matthieu 3.4 ; Matthieu 7.15). On tissa aussi le poil (Exode 26.7), mais on employa surtout la laine des moutons du pays (Job 31.20 ; Proverbes 27.26), le lin (Proverbes 31.13) et ses variétés plus luxueuses d’Égypte ou de Syrie (« fin lin », byssus : Genèse 41.42; Luc 16.19). La soie apparaît dans Ézéchiel 16.10. Les vêtements furent longtemps fabriqués en famille (Proverbes 31.18 ; Proverbes 31.24 ; Ésaïe 38.12 ; Actes 9.39). La couleur la plus pratique, dans les pays de grand soleil, était le blanc (Ésaïe 1.18 ; Marc 9.3) ; on savait les teindre (pourpre, cramoisi, écarlate, vermillon : 2 Samuel 1.24 ; Proverbes 31.21 et suivant), ou même les tisser d’or, les broder, les ornementer de motifs divers, raffinements possibles aux classes riches (Juges 5.30 ; Ézéchiel 16.13 ; Ézéchiel 27.24, cf. Exode 36.8-35). Voir Filage et tissage, Laine, Lin, etc.

III Les diverses pièces du vêtement

1. Vêtements de dessous

1° La ceinture des reins

(hébreu ézôr) est l’élément primitif de tout costume. Faite de peau, de cuir ou de lin, posée à même le corps, elle restait quelquefois le seul vêtement du travailleur. On la dénouait pour dormir (Ésaïe 5.27). Elle était ainsi le symbole de l’inséparable (Ésaïe 11.5 ; Jérémie 13.11). La tunique tendant à la remplacer, les prophètes, champions de la vie simple, se complurent à la porter : elle fut le signalement d’Élie (2 Rois 18), de Jérémie (Jérémie 13.1), de Jean-Baptiste (Mr 16). Peut-être l’a-t-on parfois confondue avec le sac (voir ce mot, paragraphe 2), sorte de pagne ou grossier tissu de crin.

2° La tunique

(hébreu kethôneth, d’où vient probablement le grec khitôn) était le vêtement ordinaire de l’Israélite. Les travailleurs la portaient courte (jusqu’aux genoux) et sans manches. Dans les villes, elle était plus longue et comportait des demi-manches. Dans les costumes de cérémonie, comme ceux des princes, la tunique descendait jusqu’aux chevilles et aux poignets : elle est mentionnée, pour les filles du roi, dans 2 Samuel 13.18 et suivant ; c’est aussi la robe de luxe donnée par Jacob à Joseph (Genèse 37.3), car la kethôneth passim est littéralement une « tunique d’extrémités », c’est-à-dire « longue tunique » (Bible du Centenaire), ou « robe longue » (Crampon), plutôt qu’une « robe bigarrée » (Ostervald, Martin), ou de « diverses couleurs » (Segond, Version Synodale), traduction due aux LXX (khitôn poïkilos) et à la Vulgate (tunica polymita). Le col en était toujours étroit (Job 30.18). La tunique était faite de laine ou de lin, soit en deux pièces cousues sur les côtés (quelquefois peut-être sur un seul, Genèse 9.21), soit d’une pièce unique, tissée sans couture, comme celle de Jésus (Jean 19.23). Il ressort de Matthieu 24.18 qu’on la gardait pour travailler. On l’enlevait pour la nuit (Cantique 5.3). Mais on pouvait être considéré comme nu quand on n’avait plus que la tunique ; cela peut être le cas dans 1 Samuel 19.24 et Jean 21.7 ; les analogies littéraires et populaires admettent ce sens dérivé aussi bien que le sens littéral de l’épithète « nu » (Marc 14.52). L’habitude se répandit au Ier siècle de porter en dessous une seconde tunique, véritable chemise (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII, 5.7) : c’est la khâlouk de la Mischna.

3° La ceinture

proprement dite (khagôr), passée sur la tunique, et tout à fait différente du pagne primitif qui se nouait autour des reins, pouvait être de lin ou de cuir, très ouvragée ou réduite à une corde (Ésaïe 3.24) ; on la mettait toujours au moment de partir (Exode 12.11 ; Actes 12.8), de faire son ouvrage (Luc 12.37 ; Jean 13.4) ou de fournir un effort, en particulier de combattre : c’est à ce geste que fait allusion l’expression proverbiale de 1 Rois 20.11. Les soldats portaient la ceinture (1 Rois 2.5), où était suspendue leur épée (2 Samuel 20.8). On pouvait y glisser une plume, ou bien y mettre sa monnaie (Ézéchiel 9.2 ; Marc 6.8).

2. Vêtement de dessus

1° Le manteau ou vêtement

Traductions ordinaires des mots hébreux très courants begèd et surtout simlâh. Plus lourd et plus chaud que la tunique, le manteau protégeait des intempéries et servait de couverture pour la nuit : aussi ne pouvait-on le retenir en gage après le coucher du soleil (Exode 22.26). La simlâh était de laine ou de lin. Sa forme est discutée. Vaste pièce d’étoffe rectangulaire, elle n’était sans doute l’objet d’aucune confection ; on devait, non l’« enfiler », comme l’abaye moderne, mais l’enrouler et la draper autour du corps : il ressort de Nombres 15.38; Luc 8.44 qu’elle n’était pas cousue, qu’elle avait des pans puisque aux quatre coins, dont l’un devait tomber au milieu du dos, elle portait selon la loi une frange et un cordon. On pouvait s’en couvrir la tête (cf. 2 Samuel 15.30 ; Esther 6.12). On laissait ce manteau pour le travail des champs (Marc 13.16). Dans ses vastes replis, « le sein » (voir ce mot, 4), on pouvait placer cadeaux, provisions, objets de toute espèce (2 Rois 4.39 ; Proverbes 21.14; Aggée 2.12; Luc 6.38). Il pouvait encore servir de drap, de selle, de tapis (1 Samuel 21.9 ; 2 Rois 9.13 ; Matthieu 21.7).

D’autres vêtements, analogues ne peuvent être différenciés avec précision : le kesouth de Job 31.19, le lebouch ou malbouch, habit de fête (Esther 6.8, roi ; Psaumes 45.14, fille de roi ; 1 Rois 10.5, officiers royaux), le costume des envoyés de David que l’on coupa à mi-corps afin d’outrager leur chef (2 Samuel 10.4). Pour les espèces de houppes suspendues aux coins du vêtement (Nombres 15.38 et suivant, Deutéronome 22.12), peut-être souvenir d’anciennes amulettes et en tout cas origine de l’étoffe juive à prière qu’on appelle aujourd’hui taleth, voir Franges.

2° La robe

Nos versions appellent encore manteau la robe désignée par le mot meîl. C’est un vêtement assez élégant, car la Bible n’en revêt que des gens d’une certaine situation : Job et ses amis (Job 1.20 ; Job 2.12) ; Samuel, enfant et adulte (1 Samuel 2.19 ; 1 Samuel 28.14) ; Saül et son fils Jonathan (1 Samuel 18.4 ; 1 Samuel 24.3) ; David, les lévites et les chantres (1 Chroniques 15.27 ; Esdras 9.3). L’obélisque de Salmanasar III, où sont représentés des notables israélites apportant le tribut de Jéhu (t. I, figure 28), nous les montre vêtus d’une longue robe sans manches, ouverte sur les côtés, qui doit être le meîl. C’était un costume de cérémonie, que certains mettaient à la place de la simlâh, comme une sorte de seconde tunique : peut-être Jésus y pense-t-il lorsque, recommandant la simplicité à ses disciples en mission, il leur défend de prendre deux vêtements (Luc 9.3).

3. Autres vêtements

Le sâdîn (Juges 14.12 ; Ésaïe 3.23 ; Proverbes 31.24) était, d’après certains auteurs, un fin vêtement de dessous (nos versions traduisent « chemise », « tunique », « mousseline »), d’après les autres un manteau élégant et léger ; de toute façon, c’était un vêtement de gala, « pièce de fine étoffe » (Bible du Centenaire) ; comparez le grec sindôn (Matthieu 27.59), nom du linceul pour les morts.

D’un tout autre genre était l’addèreth, lourd manteau parfois très riche. Tel était le précieux « manteau de Sinéar », c’est-à-dire de Babylonie, qui avait excité la convoitise d’Acan (Josué 7.21-24). les tissus babyloniens étaient réputés pour la variété de leurs couleurs éclatantes (Pline, H. N., VIII, 48) ; les LXX traduisent ici « tissu de diverses couleurs », et Josèphe (Antiquités judaïques, V, 11e) dit : « un manteau royal tissu d’or ». Le manteau du roi de Ninive n’était certainement pas moins luxueux (Jonas 3.6). Il existait par contre une forme grossière de l’addèreth, le manteau de poils de brebis, de chèvre ou de chameau (Genèse 25.25), qui fut porté par les prophètes les plus austères (2 Rois 1.8 ; 2 Rois 2.13 ; Zacharie 13.4, Marc 16).

4. Vêtements féminin

Il n’y avait guère, aux temps bibliques, de différences essentielles entre costume masculin et costume féminin. Des femmes portent la tunique (Cantique 5.3), le manteau (Cantique 4.11, cf. 1 Timothée 2.9), la ceinture (Ésaïe 3.24). Pourtant l’interdiction des échanges de vêtements entre hommes et femmes (Deutéronome 22.5) prouve que l’identité n’était pas complète : les vêtements féminins devaient être plus amples et plus longs, pourvus de manches ; il est parfois question de leurs pans, qui représentent une traîne (Jérémie 13.22 ; Ésaïe 47.2, Nahum 3.5). Surtout, ils comportaient une variété beaucoup plus riche d’articles de toilette ; il surfit pour s’en rendre compte de lire l’énumération ironique et instructive des colifichets dont se parait une élégante de Sion, au temps du prophète Ésaïe (Ésaïe 3.16-24). Un grand nombre de ces articles sont impossibles à identifier. Le qichehour (verset 20) doit être une ceinture ; (cf. Jérémie 2.32 : la jeune fille ne l’oublie pas ; Version Synodale traduit : parure) au verset 22 semblent désignées deux sortes de châles ; (cf. Ruth 3.15) le râdîd du verset 23 (cf. Cantique 5.7) et le pethîgîl du verset 24 sont objets d’interprétations très diverses (mantille, robe flottante, etc.). Enfin le tsâîph dont Rébecca et Tamar s’enveloppaient la tête est évidemment un voile (Genèse 24.65 ; Genèse 38.14) ; un autre est cité dans Cantique 4.1 ; Cantique 6.7.

5. Vêtements des prêtres

Le vêtement caractéristique du prêtre israélite est l’éphod (1 Samuel 2.18 ; 1 Samuel 21.9 ; 2 Samuel 6.11 ; Osée 3.4), qui par ailleurs était un symbole religieux, objet sacré et moyen de divination ; voir (Juges 8.27 ; Juges 17.5) Éphod. Mais le Code sacerdotal, qui attache une grande importance à tout l’appareil du clergé, fournit des données détaillées sur ce que devint dans le judaïsme le costume des prêtres (Exode 28 et Exode 30 ; Lévitique 8.6 ; Lévitique 8.9 ; Lévitique 8.13, cf. Ézéchiel 42.14 ; Ézéchiel 44.17-19 ; Siracide 45.7 et suivants 50.11). Les vêtements de service des officiants comprenaient : les caleçons, couvrant des reins aux genoux ; la tunique, étroite, à manches ; la mitre (Segond, bonnet), dont le nom hébreu, dérivé d’un mot désignant une coupe, semble indiquer que sa forme était conique (ces trois pièces de vêtement étaient en lin, pour éviter la transpiration) ; enfin, la ceinture brodée, ou abnét, nouée sur le devant et retombant jusqu’aux pieds après avoir fait plusieurs fois le tour de la taille. Le prêtre allait pieds nus. Les « vêtements sacrés » du grand-prêtre comportaient de plus une grande robe violette, la robe de l’éphod, garnie en bas de glands en forme de fleurs de grenades et de clochettes (voir ce mot) en or ; l’éphod lui-même, vêtement de lin tissé d’or et de fils de couleur, assez court, dont les deux pièces (dos et devant) étaient réunies sur les épaules par deux agrafes et deux pierres précieuses ; le pectoral, sorte de sac carré (Bible du Centenaire, « poche â oracles »), suspendu à l’éphod et contenant le mystérieux « urim et thummim » ; une ceinture spéciale, et une tiare, munie d’une plaque d’or portant ces mots : Sainteté à l’Éternel. Le grand Jour des Expiations, le grand-prêtre était vêtu d’un simple costume de lin blanc (Lévitique 16.4). Les prêtres déposaient tous ces vêtements avant de quitter le sanctuaire (Ézéchiel 42.14). Pour plus de détails, voir Prêtres, III, 4.

6. Dans le Nouveau Testament

L’essentiel de ce qui précède reste valable pour le temps de Jésus. On portait encore tunique et manteau, khitôn et himation (Actes 9.39). Jésus distingue ces deux pièces de vêtement : dans Luc 6.29, il s’agit du malfaiteur qui s’empare d’abord du manteau, vêtement de dessus (« laisse-lui aussi ta tunique ») ; dans Matthieu 5.40, il s’agit du plaignant qui réclame au tribunal la tunique, vêtement de dessous (« laisse-lui aussi ton manteau »). La tunique était longue, ajustée, pourvue de manches ; le manteau devait être de couleurs voyantes comme les burnous multicolores des Orientaux d’aujourd’hui (cf. Luc 22.36). La ceinture existe toujours (Luc 12.35 ; Actes 21.11), et la robe (stolè) est mentionnée à plusieurs reprises : robes longues des pharisiens, robe de l’enfant prodigue pardonné, robe de dessus de Simon Pierre (Marc 12.38; Luc 15.22 ; Jean 21.7). Les femmes pouvaient porter un voile ; saint Paul écrit aux Corinthiens qu’elles doivent le porter dans l’Église ; voir (1 Corinthiens 11.5-15) Voile, II ; Chef. Sont encore mentionnés dans le Nouveau Testament : le manteau militaire pourpre, dont les soldats romains affublent Jésus par dérision (Matthieu 27.28 parallèle Luc 23.11), les linges (latin semicinctia), dont se ceignaient les travailleurs (Actes 19.12), le manteau de voyage que Paul avait oublié (2 Timothée 4.13). Voir Linge.

Jésus, qui ne portait pas d’habits de luxe comme les familiers des rois (Luc 7.25), devait avoir une tunique sans couture (Jean 19.23), peut-être un présent des femmes qui lui assuraient leur assistance (Luc 8.3), le manteau vaste et flottant des rabbins, sans doute de couleur car il devint blanc à la transfiguration (Matthieu 17.2), un turban sur la tête, blanc certainement car c’était l’usage général, des sandales retenues par des courroies (Luc 3.16) ; enfin une ceinture de lin, comme la tunique. Ce sont les objets que les quatre soldats de service pour le crucifiement se partagèrent : manteau, coiffure, chaussures et ceinture, quatre lots ; et la tunique fut tirée au sort (Jean 19.23 et suivant).

Les figurations du Christ dans l’art chrétien devaient dépendre d’abord d’un type gréco-latin, avec la tunique ou khitôn arrêtée aux genoux (voir figure 13, l’image du bon Berger, du musée de Latran), et le petit manteau ou himation (le pallium romain), puis d’un type syrien historiquement plus vraisemblable, avec l’ample et longue robe orientale. Ces deux types se sont par la suite plus ou moins confondus dans les représentations traditionnelles du Seigneur (voir P. Bourguet, le Visage de Jésus, chapitre II).

IV Chaussures

L’Israélite ne se chaussait que pour sortir (Exode 12.11 ; Josué 9.13 ; Actes 12.8) ; il devait se déchausser dans les lieux sacrés (Exode 3.5 ; Josué 5.15) ; les prêtres, nous l’avons vu, étaient pieds nus dans le Temple. On déchaussait les gens qu’on faisait prisonniers (Ésaïe 20.4 ; 2 Chroniques 28.15). La chaussure usuelle était la sandale (figure 236) ; on en a retrouvé divers genres, mais c’était d’habitude une semelle de bois ou de cuir dur, attachée sous le pied par des lanières (Genèse 14.23 ; Jean 12.7). Il est question de celles des nomades (Deutéronome 29.5), des soldats (1 Rois 2.5), des femmes aussi (Cantique 7.2) ; celles de Judith enchantent Holopherne (Juges 16.9). Assurément, il en était d’élégantes, comme celles de peau teinte en bleu, couleur d’hyacinthe (Ézéchiel 16.10) ; les coquettes y fixaient des boucles, même des sonnettes (Ésaïe 3.16 ; Ésaïe 3.20) Il y avait aussi celles des pauvres (Amos 8.6). Les sandales n’abritaient pas les pieds de la poussière ; aussi fallait-il se les laver à l’arrivée : c’était le premier soin, le premier devoir de l’hospitalité (Genèse 18.4 ; Genèse 24.32). Quand Jésus envoie en mission les apôtres et leur dit de ne pas prendre de chaussures (Matthieu 10.10), il parle d’une paire de rechange qu’on portait ordinairement dans son sac. Les Israélites ont certainement, du moins les riches, porté de véritables souliers, couvrant tout le pied ; c’est ainsi que sont chaussés leurs princes sur le bas-relief de l’obélisque de Salmanasar (figure 28). Jeter sa chaussure sur un objet, c’était en prendre possession (Psaumes 60.10). Voir Soulier.

V Coiffure

Les Israélites, dans un pays d’ardent soleil, ne pouvaient sortir tête nue : être découvert, c’était la terrible marque du lépreux, ou la honte de la femme adultère (Lévitique 13.45 ; Nombres 5.18). On pouvait toutefois se contenter de s’envelopper la tête du manteau ou de la robe : ainsi ont dû se voiler David, Élie, Ézéchiel, dans les circonstances de 2 Samuel 15.30 ; 2 Samuel 19.4 ; 1 Rois 19.13 ; Ézéchiel 12.6. Ailleurs, il est question d’une pièce d’étoffe spéciale, d’un « voile », soit pour des hommes (Exode 34.35 ; Esther 7.8), soit pour des femmes (Ésaïe 3.19, cf. plus haut, III). La coiffure la plus commune dans les campagnes de Palestine devait ressembler au keffîyé des bédouins actuels, sorte de mouchoir carré qui protège le crâne, la nuque et les épaules, et que maintiennent des anneaux de grosse corde (cf. 1 Rois 20.31).

Il y avait aussi des coiffures particulières : celles des prêtres (voir plus haut, III, S, et les articles Mitre, Tiare), des soldats (pour le casque, voir Armes, II, 2). Antiochus Épiphane voulut imposer le pétase (voir ce mot), chapeau rond hellénique, aux jeunes nobles juifs (2 Macchabées 4.12). Le turban est désigné par deux termes assez difficiles à différencier : le peér de certains grands personnages (Ézéchiel 24.17 ; Ézéchiel 24.23), en particulier des prêtres (Exode 39.28 ; Ézéchiel 44.18), ou du marié le jour de ses noces (Ésaïe 61.10 ; Version Synodale, « diadème »), ou des élégantes de Jérusalem (Ésaïe 3.20), et le tsânîph, que portaient aussi riches, élégantes, prêtres ou rois (Job 29.14 ; Ésaïe 3.23 ; Ésaïe 62.3 ; Zacharie 3.5) ; ce dernier mot signifie « enroulement », sans doute d’une mousseline ou d’une étoffe analogue autour d’un petit bonnet intérieur.

VI Coutumes relatives au vêtement

1. Utilisations diverses

L’amplitude des vêtements orientaux permettait d’y transporter toutes sortes d’objets. Nous en avons vu quelques exemples ; en voici d’autres : les Hébreux s’enfuyant hors d’Égypte mettent leurs pétrins et leurs pains dans leurs manteaux que chacun enroule sur son épaule (Exode 12.34) ; les guerriers de Gédéon étendent un manteau sur le sol, et y jettent le butin (Juges 8.25) ; Ruth déploie son manteau devant elle, et Booz y verse six mesures d’orge (Ruth 3.15, cf. encore Proverbes 30.4).

Les voyageurs, les nomades, et de façon générale les gens du peuple n’avaient d’autre couverture de nuit que leur manteau. Or, la coutume était très répandue en Israël des « saisies » d’objets pris en gage (voir ce mot) sur le débiteur, et c’était du manteau qu’on s’emparait ainsi le plus facilement (Amos 2.8 ; Matthieu 5.40, cf. Ézéchiel 18.16). À cause de ses conséquences inhumaines (Habakuk 2.6 ; Job 22.6 ; Job 24.7 et suivant), la loi interdit cette saisie dans le cas de la veuve, et impose la restitution du manteau le soir dans le cas du pauvre ; voir (Deutéronome 24.12 ; Deutéronome 24.17) Dette.

Pour les primitifs, le vêtement était imprégné de la personnalité de son possesseur ; en faire cadeau à quelqu’un était donner quelque chose de son âme (cf. 1 Samuel 18.3 et suivant), à plus forte raison quand on l’offrait à la divinité (Ézéchiel 16.17 et suivant). Dans le culte juif, la notion du sacré (voir Pur et impur) rendait obligatoires les vêtements de cérémonie spéciaux, ou en tout cas changés et lavés avant et après (Genèse 35.2 ; Exode 19.10 ; Exode 19.14 ; Lévitique 16.23 ; Lévitique 16.28 ; Nombres 8.7).

2. Gestes

L’Oriental se sert de ses vêtements pour divers gestes symboliques. S’en couvrir la tête, c’est marquer tristesse (Jérémie 14.3 et suivant) ou crainte (1 Rois 19.13). Les secouer avant de quitter un endroit, c’est rompre avec des gens malveillants (Actes 18.6, cf. Luc 9.5). Naturellement, on s’en débarrasse quand ils gênent les mouvements (Marc 10.50 ; Actes 7.58) ; on les jette en l’air par excitation (Actes 22.23). La Bible parle souvent du geste de déchirer ses vêtements, signe de violente émotion pénible, douleur (Genèse 37.29 34 ; Job 1.20) effroi (1 Rois 21.27 ; 2 Rois 11.14 ; 2 Rois 22.11), indignation (2 Rois 5.7 ; Matthieu 26.65), désespoir (Jephté, Ézéchias, Mardochée, Juges 11.35 ; 2 Rois 19.1 ; Esther 4.1) ; voir Deuil, 2. Le lépreux, le messager de mauvaises nouvelles avaient aussi leurs habits déchirés (Lévitique 13.45 ; 2 Samuel 1.2). On saisit quelqu’un par le pan de son vêtement, pour le supplier (1 Samuel 15.27 ; Zacharie 8.23) ; comparer certains malades auprès de Jésus (Matthieu 9.20). Voir Gestes.

3. Vêtements de fête

Jésus a fait allusion aux porteurs d’habits somptueux (Matthieu 11.8; Luc 16.19). Prophètes et apôtres ont combattu les extravagances de toilette (Jérémie 4.30 ; Sophonie 1.8 ; 1 Timothée 2.9 ; 1 Pierre 3.3). Il est couramment question dans la Bible des manteaux ou robes de fête, tenus en réserve pour les grandes occasions (Ésaïe 3.22 ; Ésaïe 61.3; Luc 15.22), en particulier pour les noces (Matthieu 22.11). Ces vêtements étaient ordinairement blancs (Esther 8.15 ; Ecclésiaste 9.8) ; et ce trait est tout naturellement retenu pour les descriptions de la gloire du ciel ; voir (Apocalypse 3.5 ; Apocalypse 3.18) Couleurs, I, 3. La possession de tels vêtements de rechange est un signe de fortune (Job 27.16 ; Jacques 5.2). Quant aux rois, ils disposaient d’un vestiaire, véritable garde-robe assez importante pour nécessiter un fonctionnaire spécial (2 Rois 10.22 ; 2 Rois 22.14). Pour le détail des parures dans l’habillement, voir Ornements.

4. Vêtements de deuil

Exception faite des habits de veuve de Genèse 38.14, il n’est guère question dans la Bible que du « sac » traditionnel, grossier tissu de poil, porté sur la peau (Job 16.15), soit comme vêtement de dessous (2 Rois 6.30), soit même pour tout costume (Genèse 37.34 ; Ésaïe 32.11). Peut-être usait-on aussi de cordes (1 Rois 20.31 ; Ésaïe 3.24). On quittait ses chaussures et parfois sa coiffure (2 Samuel 15.30 ; Ézéchiel 24.17). Voir Deuil, Sac.

Pour la mise des courtisanes, voir Prostitution.

VII Sens figuré

Tout ce qui concerne le vêtement est, dans l’Écriture, matière à nombreux enseignements et paraboles. Jésus exhorte le fidèle à ne pas se mettre en souci pour lui-même du vêtement matériel (Matthieu 6.25 et suivants), mais à s’en mettre en souci pour les autres ; (Matthieu 25.36-43) voir Souci. Une image fréquente repose sur ce point de comparaison : de même que le corps s’enveloppe d’un costume qui lui donne une certaine apparence, de même l’âme se revêt, se pare ou s’affuble de manifestations visibles de sentiments cachés : violence par exemple, ou au contraire justice, équité (Psaumes 73.6 ; Job 29.14). Or c’est une évidence que le costume peut tromper sur la réalité et que l’habit ne fait pas le moine : les faux prophètes sont des loups ravisseurs, vêtus de peaux de brebis (Matthieu 7.15 ; comparez La Fontaine, Fables, III, 3). Mais il y a un habillement de la Sagesse divine, de la justice (Siracide 6.29 ; Siracide 6.31 ; Siracide 27.8) ; le Seigneur, revêtu de force, en revêt aussi ses enfants (Ésaïe 51.9 ; Ésaïe 52.1 ; Siracide 17.3). Alors que la malédiction emprisonne comme un manteau (Psaumes 109.18 et suivant), le prophète de l’exil parle du salut comme d’un vêtement (Ésaïe 61.10). Saint Paul approfondit l’image et l’enrichit : le vêtement doit être l’exacte expression des sentiments réels, l’habit révèle l’être intérieur, et ce que le chrétien revêt, c’est le nouvel homme ; mieux encore, c’est Christ lui-même (Colossiens 3.10 ; Galates 3.27). L’apôtre dresse donc, d’une part, le tableau du costume du chrétien dans la vie sociale : revêtu de bonté, d’humilité, de douceur, etc., toutes vertus réunies par la ceinture de la charité, lien de la perfection (Colossiens 3.12 ; Colossiens 3.14), d’autre part le tableau du costume du chrétien militant (sans doute inspiré de la vue du soldat romain que l’apôtre prisonnier avait à son côté), revêtu de toutes les armes de Dieu (Éphésiens 6.13 et suivants, cf. 1 Thessaloniciens 5.8 ; Romains 13.12). La condition pour n’être pas trouvé nu devant Dieu est d’être vêtu par Dieu Lui-même (2 Corinthiens 5.2 4, cf. Apocalypse 3.17 et suivant).

Consulter

  • E. Stapfer, Palestine, ch. X ;
  • Alf. Bertholet, Histoire de la civilisation d’Israël ;
  • Ad Lods, Israël. Jn. R.

Numérisation : Yves Petrakian