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Tibériade
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

Aujourd’hui Tabarîyé, sur la rive ouest du lac de Tibériade, à 233 m au-dessous du niveau de la mer.

La ville fut fondée (an 17 après Jésus-Christ) par Hérode Antipas, qui lui donna le nom de l’empereur romain Tibère et y construisit un palais orné d’images d’animaux, ce qui était un scandale pour les Juifs. Ceux-ci s’en détournaient aussi parce que les fondations de la nouvelle cité avaient mis au jour les tombes d’un vieux cimetière, probablement celui de l’ancienne Rakkath (Josué 19.35).

Si Jésus n’y entra jamais, c’est moins sans doute de crainte de l’impureté légale, qu’à cause du peu d’intérêt éprouvé par lui pour le genre de vie menée par le tétrarque, ce « renard » (Luc 13.32), dont la forteresse dominant le lac ne l’intimidait nullement.

En transportant son administration de Sepphoris à Tibériade, Hérode signifiait clairement qu’il s’occuperait moins que jamais de l’opinion juive. Cette résidence, tout imprégnée d’esprit grec, ne pouvait guère sympathiser avec les villes des bords occidentaux du lac dont le rigorisme n’était pourtant pas la vertu dominante, et Tibériade entra plutôt en rapport avec la rive orientale de la mer de Galilée, en particulier avec Hippos.

Tout un trafic de batellerie existait, qui explique fort bien une scène du Nouveau Testament (Jean 6.23). et rend compte aussi, en une certaine façon, de l’appellation du lac dans le 4e Évangile (Jean 6.1 ; Jean 21.1).

Quoique romanisée, Tibériade prit part au soulèvement de l’an 66, mais se rendit facilement à Vespasien. Après la ruine de Jérusalem (70 après Jésus-Christ), une colonie juive importante s’y réfugia, exemple que suivirent le sanhédrin puis l’école talmudique, antérieurement fixés le premier à Sepphoris, la deuxième à Jamnia. Tibériade devint le centre de la pensée et de l’élaboration talmudiques, puisqu’y furent rédigés la Mischna, œuvre du célèbre rabbi Juda le Saint, et son commentaire, la Gemara.

Le christianisme n’apparut guère à Tibériade qu’au IVe siècle, et, après avoir subi l’invasion perse puis arabe, il se trouva affermi par l’arrivée des croisés. La bataille de Hattîn (6 km à l’ouest de Tibériade), qui vit la déroute des chrétiens, rendit à l’islam la ville, propriété de Raymond de Tripoli (1187).

Aujourd’hui, sur 7 000 hab., les trois quarts sont juifs et on ne compte guère que 200 chrétiens, qui se partagent d’ailleurs en trois communautés rivales : latine, melkite et orthodoxe. Jésus, semble-t-il, ne vint jamais à Tibériade : le christianisme, lui, y a pénétré, mais il y subsiste péniblement.

A. P.


Numérisation : Yves Petrakian