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Temple (Zorobabel)
Dictionnaire Biblique Westphal

II Temple de Zorobabel, ou second temple

Les Juifs revenus de Babylone en 538 montrèrent au début beaucoup de zèle pour rétablir le sanctuaire de Jérusalem, et ils pouvaient le faire sans entrer en conflit avec le gouvernement perse. En leur accordant la permission de rentrer dans leur pays, le roi Cyrus leur avait donné non seulement l’autorisation, mais l’ordre de rebâtir le temple (cf. 2 Chroniques 36.22 et suivant, Esdras 1 et spécialement Esdras 6.1 ; Esdras 6.5, plus rapproché que les deux autres passages de la teneur primitive de l’édit). Mais les nouveaux arrivés se heurtèrent à l’opposition des gens du pays qu’ils ne voulaient pas associer à leur entreprise ; et surtout les difficultés du premier établissement, augmentées par une série de mauvaises années, paralysèrent si bien leur zèle qu’ils ne pensèrent plus qu’à s’occuper de leurs propres affaires. Sur la première tentative de reconstruction, voir Esdras 3 (où l’auteur mêle à son récit des souvenirs de ce qui s’est passé plus tard) ; et, sur l’abandon des travaux, voir Aggée 1.2 ; Aggée 1.11.

Il fallut l’intervention des prophètes Aggée et Zacharie, la 2e année de Darius en 520 (environ 18 ans après le retour), pour que le peuple sortît de son inaction et se mît ou se remît sérieusement à la reconstruction du temple. De nouvelles difficultés suscitées par l’opposition des anciens habitants du pays (Esdras 5) et le découragement qui persistait chez plusieurs membres de la communauté (cf. Ag 2 ; Zacharie charie 3 et 4 ; Esdras 3.12, qui est un souvenir de 520 plus que de 537) n’empêchèrent pas l’entreprise d’être menée assez rapidement à bonne fin. Commencée le 24e jour du 6e mois 520 (Aggée 1.15), la construction fut achevée quatre ans et demi plus tard, le 3 adar (février-mars) 515 (Esdras 6.15). Nous n’avons malheureusement aucun document contemporain qui nous la décrive. Nous savons seulement que le nouveau temple fut bâti sur l’emplacement du premier. Voir Esdras 3.3, qui dit que l’autel des holocaustes fut rétabli sur ses fondements, et ce qui est vrai de l’autel l’est aussi de l’ensemble de l’édifice. Mais avait-il les mêmes proportions que l’ancien ? D’après Esdras 6.3, il devait avoir 60 coudées de hauteur et 60 coudées de largeur, donc être plus haut et plus large que le temple de Salomon, mais le texte de ces versets est évidemment mutilé ; la longueur de l’édifice n’est pas indiquée, et il est probable que les chiffres conservés, s’ils sont exacts, s’appliquent non pas à la maison seule, mais à la maison avec les soubassements et les constructions adjacentes. La nouvelle maison n’était pas plus grande que l’ancienne ; sinon l’on ne comprendrait pas les regrets qu’elle inspirait à ceux qui avaient vu celle-ci (Aggée 2.3 ; Esdras 3.12). Nous ne savons rien non plus de la configuration et de l’étendue des parvis qui entouraient le nouveau temple. Nous disons des parvis, car il y en avait deux, conformément aux prescriptions d’Ézéchiel qui voulait mettre le temple à l’abri de tout contact profane (cf. 1 Macchabées 40 ; 1 Macchabées 43.7 ; 1 Macchabées 43.9). En tout cas dans 1 Macchabées 4.38-48 il est question de parvis (cours) au pluriel. Mais il ne semble pas que le parvis intérieur fût fermé au peuple, car lors d’une fête des Tabernacles le grand-prêtre Alexandre Jannée (104-78), ayant commis une faute contre le rituel, fut bombardé par les hommes présents de citrons et de palmes, ce qui ne pouvait avoir lieu que si l’assemblée était dans le parvis intérieur. Après cela Alexandre Jannée fit entourer d’une clôture de bois l’espace exclusivement réservé aux prêtres (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIII, 13.5). D’après Hécatée d’Abdère, cité par Josèphe (Contre Apion, I, 22), le parvis intérieur avait 5 plèthres de longueur (154 m) et 100 coudées de largeur.

Le lieu très saint était absolument vide, l’arche ayant disparu avec le premier temple. Il ne s’y trouvait qu’une pierre haute de trois doigts, sur laquelle le grand-prêtre posait l’encensoir le jour de la grande fête des Expiations. Il était séparé du lieu saint par un rideau (1 Macchabées 1.22 ; 1 Macchabées 4.51). Dans le lieu saint, fermé également par un rideau du côté du portique (voir Voile, III), il y avait un chandelier à sept branches (un seul) et la table des pains de proposition, auxquels on ajouta, nous ne savons à quelle époque, l’autel des parfums placé devant le voile du lieu très saint. Comme nous l’avons dit plus haut, l’autel des parfums manque dans Ézéchiel (Ézéchiel 41.21 et suivant parle de la table des pains de proposition), il n’existait pas primitivement dans le tabernacle du Code sacerdotal (voir Tabernacle), et Hécatée (vers 300) ne le mentionne pas encore (Flavius Josèphe, Contre Apion, I, 22) ; mais il figure dans 1 Macchabées 1.21 ; 1 Macchabées 4.59, avec les nombreux ustensiles qui ne pouvaient manquer pour le service du temple.

Dans le parvis intérieur se trouvait l’autel des holocaustes, sur le même emplacement et avec les mêmes proportions que l’ancien, mais il n’était plus entouré d’un cadre d’airain ; il était construit selon les prescriptions de la loi (Exode 20.25), uniquement de pierres non taillées (1 Macchabées 4.44-46). Il y avait à côté de l’autel un réservoir d’eau, que le grand-prêtre Simon (vers 200) transforma en une mer d’airain semblable à celle du premier temple (Siracide 50.3 ; cf. Middoth, III, 6). De nombreux locaux servant à différents usages étaient établis, soit autour du temple, soit sur le côté intérieur des murs qui entouraient les parvis (1 Macchabées 4.38, bâtiments annexes ; Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XI, 4.7 et XIV, 16.2, portiques) ; cf., dans les livres d’Esdras et de Néhémie, Esdras 8.29 ; Esdras 10.6 ; Néhémie 3.30 ; Néhémie 10.37 ; Néhémie 10.39 ; Néhémie 12.14 ; Néhémie 13.4 ; Néhémie 13.9. Il devait y avoir plusieurs portes conduisant dans les parvis. Nous n’en connaissons que deux : la porte de Miphkad, probablement à l’est, et la porte de la Prison, au nord-est. Plus tard, un pont franchissant le Tyropoeon conduisit de la colline occidentale à l’emplacement du temple. C’est à ce pont qu’appartenait sans doute l’arche retrouvée par Wilson.

Il fut coupé par les Juifs lors du siège de Jérusalem par Pompée (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIV, 4.2), mais rétabli dans la suite.

La colline du temple subit d’autres modifications. Le grand-prêtre Simon (vers 200) répara la maison, éleva et fortifia le mur du parvis extérieur. Après les dévastations et les profanations d’Antiochus Épiphane (175-164), Judas Macchabée purifia et restaura le temple, fit construire un nouvel autel des holocaustes, remplaça les ustensiles sacrés qui avaient été dérobés, et célébra, le 25 kislev 165, par une fête solennelle (fête de la Dédicace), la consécration nouvelle du temple à l’Éternel (1 Macchabées 4.36-59). En outre il entoura tout le lieu sacré de hautes murailles flanquées de fortes tours, pour le mettre à l’abri de nouvelles profanations par les païens (1 Macchabées 4.60 ; 1 Macchabées 6.7). Ces fortifications furent, il est vrai, détruites peu après, sous Antiochus V Eupator (1 Macchabées 6.62), mais elles furent rétablies par Jonathan, frère de Judas Macchabée (1 Macchabées 12.36) et augmentées encore par Simon, le successeur de Jonathan (1 Macchabées 13.52). Lors de la prise de Jérusalem par Pompée, puis par Hérode, les parvis furent souillés de sang, mais les dégâts causés au sanctuaire furent de peu d’importance (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIV, 7.1 et 16.2 et suivant).


Numérisation : Yves Petrakian