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Outre
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

Peau de bouc ou de chèvre, quelquefois tannée, cousue aux ouvertures après suppression des membres et de la queue, et servant de sac qu’on fermait en ficelant solidement l’ouverture du cou.

C’était le principal récipient des Orientaux (c’est encore celui des bédouins) pour conserver et transporter divers liquides (figure 265, 266) : eau (Genèse 21.14 ; Genèse 21.19), vin (Josué 9.4 ; 1 Samuel 1.24 ; 1 Samuel 10.3 ; 1 Samuel 25.18 ; Marc 2.22 etc.), sans doute aussi huile, et en tout cas lait (Juges 4.19), qui pouvait y cailler ou y devenir du beurre (voir Lait). La peau de bouc donne à tous ces breuvages un goût prononcé que l’Occidental trouve ordinairement exécrable mais que l’Oriental apprécie beaucoup. Les récipients de verre, quoique connus en Palestine aux temps bibliques, ne sont mentionnés ni dans l’Ancien Testament ni dans le Nouveau Testament ; c’est donc à tort que les anciennes versions traduisaient par : bouteille. Psaumes 119.83, allusion à l’usage de suspendre des outres de vin au-dessus de la flamme pour le faire vieillir plus vite, compare à l’outre entourée de fumée le psalmiste en deuil, vieilli prématurément.

L’outre qu’on remplissait de vin nouveau ne devait pas être fermée tant que les gaz de la fermentation risquaient de la faire éclater (Job 32.19) ; quand leur pression devenait faible, la peau de l’outre était assez extensible pour la contenir, mais une fois vieillie après cette légère distension elle aurait éclaté en recevant de nouveau du vin en fermentation. Jésus applique cette expérience, à propos des différences entre les principes de Jean-Baptiste et les siens, à la vie des institutions humaines, qui ont leurs limites au cours des progrès illimités de la vie : les forces religieuses, toujours expansives, font sauter les formes devenues rigides à la longue (Marc 2.22 ; Matthieu 9.17; Luc 5.37 et suivant). Les vieilles outres étaient encore plus fragiles lorsque les pauvres gens continuaient de s’en servir après en avoir recousu les déchirures (cf. Josué 9.4).

Au figuré, les outres représentent en poésie hébraïque les réserves de la pluie (Job 38.37) ou le compte tenu par Dieu des larmes de ses fidèles (Psaumes 96.9 ; voir Larmes) ; dans ces deux passages, Version Synodale traduit par « urnes ».

Notre figure 17 (t. Ier) reproduit une utilisation des outres pratiquée par les troupes assyriennes en pays envahi, comme moyen de fortune pour traverser les rivières. Chaque soldat gonflait la sienne, sur laquelle il se mettait à califourchon dans l’eau, tenant de la main gauche l’outre et la courroie qui fixait ses armes sur son dos, et nageant avec le bras droit seulement. Cet emploi des outres n’est pas mentionné dans la Bible, mais il est vraisemblable qu’il aura servi plus d’une fois aux armées du redoutable ennemi d’Israël pour traverser le Jourdain. Les bédouins connaissent une pratique analogue pour faciliter à leurs troupeaux, en les soutenant avec des outres gonflées d’air, le passage des cours d’eau aux endroits non guéables et dangereux.

Ox  

Numérisation : Yves Petrakian