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Épaule
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

S’il fallait quelques fois distinguer une nuance de sens entre les deux mots hébreux chekètn et katéph, c’est lorsque le premier s’applique plutôt à la partie des épaules proche du cou, et le deuxième à la partie proche du dos (1 Samuel 17.6 ; Ésaïe 30.6), ou même aux côtés ; ils dépendent l’un de l’autre dans l’imprécation de Job 31.22. « Que mon omoplate (katêph) se détache de mon épaule (che-kèm) ! » (Voir Cou, Dos). Mais dans la plupart des cas cette nuance est négligée.

Le premier terme désigne au sens propre, soit une épaule d’homme : « Saül était plus haut que tout le peuple depuis l’épaule et au-dessus » (traduction littérale de 1 Samuel 9 2 10.23), soit une épaule d’animal (Genèse 49.15) ; presque toujours elle porte un fardeau (Genèse 21.14 ; Exode 12.34 ; Josué 4.5 etc.). Au figuré, le fardeau représente soit un poids importun (Ésaïe 10.27 ; Ésaïe 14.25 ; Psaumes 81.7, cf. Matthieu 23.4), soit une charge légère, comme une accusation fausse (Job 31.36), soit une dignité : l’empire au lieu de coups de verges (Ésaïe 9.3 ; Ésaïe 9.5), ou la direction du palais (Ésaïe 22.22 ; voir Clef), soit le joug bienfaisant de la sagesse ( Siracide 6.25 et suivants), soit le service en commun de Jéhovah « d’une même épaule » (traduction littérale de Sophonie 3.9). Genèse 48.22 fait un jeu de mots : la « portion » en question (hébreu chekèm) est la ville même de Sichem (Genèse 33.19 etc.) qui devait son nom, chekèm =épaule, à la forme de son éminence.

Le deuxième mot désigne aussi, au sens propre, soit des épaules d’hommes, comme celles des soldats de Nébucadnetsar meurtries par leur armure et leurs fatigues (Ézéchiel 29.18), soit des épaules d’animaux (Ézéchiel 34.21) ; elles portent objets sacrés (Nombres 7.9), arche (1 Chroniques 15.15), idoles (Ésaïe 46.7, Lettre de Jérémie 4, 26), bagages (Ézéchiel 12.6 et suivants), portes de la ville (Juges 16.3) ; comme on portait sur l’épaule l’insigne de sa charge, ainsi le costume du grand-prêtre (éphod) avait sur chaque épaule une pierre précieuse où étaient inscrits les noms de six tribus à droite et des six autres à gauche (Exode 28.9-12), ce qui représentait devant Dieu le peuple d’Israël. Au figuré, l’épaule courbée symbolise la servitude (Baruch 2.21 ; Apocryphe : échine), l’épaule rebelle refuse le service de Dieu (Néhémie 9.29 ; Zacharie 7.11) ; mais l’évangéliste de l’exil annonce la tendresse de l’Éternel qui portera ses enfants sur ses épaules (Ésaïe 49.22), comme le berger de l’Évangile porte sa brebis (Luc 15.5). Ainsi que le premier mot, le deuxième a aussi un emploi topographique, mais comme nom commun ; voyez l’image de Jérusalem : « Le Très-Haut établira sa demeure entre les épaules, signifiant : collines, de Benjamin » (Deutéronome 33.12), et les traductions : côte (Nombres 34.11), montagne (Josué 15.8 etc.), frontière (Ézéchiel 25.9), c’est-à-dire flanc exposé à l’invasion (cf. Ésaïe 11.4), et simplement côté (1 Rois 7.39, etc.). Segond suit l’erreur de LXX et Vulgate en rendant par « épaule » le chôq des prescriptions légales : (Exode 29.22 ; Lévitique 8.25 etc.) il s’agit là de jambe, ou mieux de cuisse, de bêtes sacrifiées. Voir Jambe.

Jean Laroche


Numérisation : Yves Petrakian